Syndrome de la fille parfaite

Publié le 10 mars 2010 par Tazounette


J’en avais déjà parlé. C’est un vieux souci que je traîne dans mon sac à dos. Je l’ai réglé en très grande partie grâce à mon travail psy. Mais bon, on ne peut pas tout changer, malheureusement. Il y a donc de petits restes qui se rappellent à moi de temps en temps.

Comme vous le savez, dans un peu plus d’un an, c’est la quille. La fin de ma période de transit en Belgique. Le retour au pays pour toutes les trois.

Ces temps-ci, comme je suis en train de préparer l’après quille, projet professionnel, reconversion, formations et tout l’toutim, j’ai la sensation que le retour est « tout proche ». Et ma tête se met déjà à préparer le retour. A énumérer le monceau de démarches que je devrais mener à bien pour un retour « impeccable ». Avec la pression supplémentaire d’avoir deux petites filles et de vouloir à tout prix les préserver du stress de toutes ces paperasses administratives et pressions engendrées par tout ce que j’aurais à mener à bien, toute seule…

L’appart, le déménagement et la voiture n’étant que l’infime partie d’un tout bien plus gigantesque, comprenant : la fin du contrat, les démarches pour le chômage, l’assurance maladie, la sécurité sociale, la banque, les inscriptions à l’école française (pour une arrivée fin avril, les directeurs vont adorer !!). Tout cela dans une ville que je ne connais pas encore bien, avec des délais impartis.

Je ne sais pas pourquoi ce stress naît dès maintenant. Je sais que je suis du genre à préférer anticiper, préparer, glaner les renseignements, les démarches, les papiers à fournir pour que tout se passe le plus tranquillement du monde une fois que la date approche.

Lorsque je pense à l’an prochain, je commence déjà à me sentir au bas de cette montagne. Sensation que j’éprouve à chaque fois qu’un stress organisationnel se présente. Une grande montagne et la volonté de l’avoir déjà franchi avant même d’avoir commencé à la grimper. Comme s’il me fallait arriver immédiatement en haut pour enfin voir large et loin. Comme si je ne supportais pas d’avancer sans visibilité. Comme lorsque je suis en bagnole, je ne supporte pas le moindre centimètre carré d’obstruction du champ de vision, comme au cinoche où le Taz fait des siennes dès qu’un mec de 2m de haut a la bonne idée de s’installer juste devant moi (idée qu’il a toujours, évidemment !).

Et les démarches ont le don de me boucher complètement la vue. La peur de mal faire, d’oublier des choses, de ne pas penser à l’essentiel, de ne pas avoir suffisamment de temps pour les mener à bien…

J’avais décelé un reste de fonctionnement familial dans ma façon d’aborder ces merdes du quotidien ces choses chiantes et qui prennent du temps, durant mon travail psy. Je me souviens que j’avais halluciné lorsque j’avais décortiqué ce qui me faisait avoir ce besoin de les mener à bien immédiatement…

Ma mère ne supportait pas ces couacs dans l’organisation que provoquaient ces paperasses à remplir, ces déplacements pour les régler. Pour elle rien n’est aussi essentiel que la santé. On ne doit donc absolument pas éprouver de stress ou être décontenancé, ou craquer nerveusement devant de telles inepties. Evidemment puisqu’elle ne les menait pas à bien : c’était souvent mon père qui réglait les choses matérielles, en silence, sans faire de vagues, ou moi lorsque j’étais assez grande pour m’enquiller les files à la mairie, à la sous-préf et j’en passe… Pour ma mère, ça a toujours été transparent. Elle ne comprend donc pas comment on peut être sujet aux fluctuations du moral quand on doit s’organiser pour tout faire et ne rien oublier.

Je sais que je ne dois pas lui en parler. Elle ne me sera d’aucun secours, ni maintenant (« mais enfin, tu as le temps ma chérie »), ni l’an prochain (« mais tu vas voir, ça va se faire tout seul ! »)… Ben voyons !!!

Alors je m’enquille mon stress, un an avant. JE contamine déjà mon amoureux avec mes peurs à l’avance d’oublier un truc ou deux et cette sensation que je n’y arriverai pas. Ni toute seule, ni avec du monde autour. Comme si c’était de toute façon infaisable et que je n’avais pas le choix… Je prends déjà les renseignements que je peux glaner ici ou là. Je sais déjà que je vais me pointer dans les écoles aux prochaines vacances pour avoir un maximum de billes… La perspective de gérer tout cela, toute seule (mon départ), avec le boulot et les filles… Disons, soyons clair, la même chose qu’aujourd’hui avec en plus toutes les démarches pour un départ réussi et sans casse, m’angoisse un rien…

Et cet engouement pour le scrap aurait tout à voir avec une certaine fuite de tout ça. Me plonger dans cette activité, oublier le temps qui passe, oublier que ma tête tourne déjà à plein régime sur « demain ».

C’est malheureux, mais c’est comme ça. Je dois faire avec ! Vivement les vacances, dans un peu plus de 15 jours, que je commence à mettre des informations sur mon flot de questions sans réponses, de stress nébuleux ! Des infos pour enfin prendre du recul sur tout ce qui approche…

Quand je pense à l’an prochain, je n’ai que des idées vagues qui gagnent en précision mais sans rien de concret. Et c’est ça, je suis sûre qui me fait flipper ! J’ai besoin de concret pour avancer…

Pas encore de maison, la fin d’un taff, un chômage hypothétique, une nouvelle école, un changement de vie total…

J’ai hâte de cette nouvelle vie, vraiment hâte.

Excitant et effrayant à la fois.


"Pour aller de l'avant, il faut prendre du recul, car prendre du recul, c'est prendre de l'élan." MC Solaar
 

Nota : que les choses soient bien claires, ce n'est pas l'optique de la vie à deux (4) qui m'angoisse, c'est vraiment l'aspect organisationnel de la transition... Non parce qu'à me relire on peut se demander où sont situées mes angoisses. Histoire de lever tout doute  ;o) sait-on jamais...