Le parfum de Carmen (1er épisode)

Publié le 10 mars 2010 par Ctrltab

Je me niche entre les creux de ses deux petits seins. Je me blottis contre ses aisselles. Je me cache derrière les lobes de ses oreilles. Je marine au fond de son nombril. Carmen danse et me redonne vie. Bientôt, sa peau transpirera. Je me mêlerai à sa sueur aigre-douce et, ensemble, nous nous transformerons en une vague de caresses sur son joli corps nubile

Carmen n’a pas manqué de m’asperger sur ses longs cheveux blonds avant de partir. Elle a humé avec plaisir mon odeur de violette et de vanille. Elle a vérifié dans la glace son visage de jeune Madone. Tout est en place : les yeux bleus immenses, les lèvres charnues rose corail, le nez mutin et son innocence gourmande. Elle a fait résonner ses hauts talons sur le pavé, a happé un taxi et direction la Milonga, por favor!

J’avoue, je n’ai pas fait le fier dans la bagnole. La fumée de nicotine m’a derechef cloué le bec. Mes essences de violettes ont vite tourné de l’œil et ma vanille a cessé de ramener sa fraise. Mais Carmen s’en fout, elle cause de tout et de rien avec le chauffeur. Elle est gaie ce soir, déjà enivrée des futurs plaisirs à venir. Ouf, elle ouvre la fenêtre ! Enfin, je respire…

Ah, une bouffée de macadam ! Toute la ville, chaude et palpitante, s’engouffre dans notre véhicule. Les pieds muselés de Carmen trépignent d’impatience. Elle me renifle sur ses poignets comme pour prendre un shoot avant son entrée sur la piste. Le taxi suspend enfin sa course.

Carmen claque la portière et se précipite vers une vieille bâtisse. Le vent en profite pour se glisser sous sa jupe fendue. Une porte s’ouvre comme par magie devant elle. Carmen gravit les escaliers. Ca sent le bois, la lavande, le roussis des lampions et l’alcool ici. On entend la musique au loin, ça fourmille déjà dans les jambes de Carmen. Moi, je m’agrippe à ses bas résilles pour me protéger de la foule incandescente.

J’ai si peur d’être emporté par tous ces hommes et femmes qui désirent et virevoltent autour de moi. Carmen claque des bises de ci, de là. Attention, là voilà, Carmen est dans l’arène! Prenez garde à vous… J’ai à peine le temps d’échanger avec mes confrères, patchouli, musc ou poivre, que ma maîtresse déjà s’élance vers d’autres bras.

Je la connais, elle s’échauffe avant de rentrer dans la danse. Son cœur bat plus vite et sa température monte. Les notes finales achèvent le dernier tango. Ca y est ! Carmen est prête: elle se tient bien droite au bord de la piste et attend qu’un mâle l’invite à danser…