J’ai quitté facebook. La planète magique où il fait toujours beau. Et où tout le monde va tout le temps trop bien. Ou fait semblant. A coups de smileys en veux tu en voilà. Parce que si tout allait vraiment bien, tu serais pas derrière ton ordi à parler de toi à la troisième personne. Comme Alain Delon. Parce que t’es pas Alain Delon. T’es juste en train d’écrire tout ce que tu fais. Tout ce que tu vois. Tout ce que t’es en train de penser. Ou pas. D’ailleurs. Sur un mur. C’est ça que j’aime pas sur facebook. T’es tout le temps en représentation. Jamais toi. Parce que tu peux pas. Parce qu’entre tes amis, ta famille, les contacts que tu connais dans la vraie vie. Ceux que tu connais pas. Et qui doivent se demander pourquoi tu passes du coq. A l’éléphant. Pourquoi un jour tu voudrais changer le monde (lol, ça me rappelle une chanson pourrie), et pourquoi la minute d’après, tu voudrais crever. Te foutre une balle. Ca devenait trop dur à gérer. Avec ma maladie. Entre mes états d’âme et mes sautes d’humeurs. Mes « on ». Mes « off ». Au beau milieu des autres. Toujours si égal à eux mêmes. Si intouchables. Si imperturbables. Chacun dans son coin. Son petit monde. Comme pour se rassurer. Ou se voiler la face. Je sais pas. Y’a toute sortes de motivations sur facebook. Y’en a, ils viennent sporadiquement. Y’en a ils sont là constamment. Y’en a c’est des délires privés. Des fragments de vies. Des anecdotes perso. Sans prétention. Sans intérêt non plus. Bien souvent. Surtout quand y’a rien de drôle. Et très vite tu décroches. Parce que ça va 5 mn de voir que t’es pas la seule à avoir une vie de merde et à l’étaler sur un mur. Mais ça fait flipper. Tout ce vide. Ces gens qui croient que la vie s’arrête à leur nombril. Ou pire. Ceux qui se croient permis de déballer la tienne publiquement sans aucune pudeur comme si ton mur c’était « panique dans l’oreillette » t’sais. Alors que toi tu te donnes toutes les peines du monde à essayer de pas trop dégouliner. Dans le glauque. Ou dans le pathos. De garder un peu d’intimité. Pendant que toi tu te prends la tête pendant des heures à dénicher un « statut » convenable qui va choquer personne. Ni ta famille qui ignore tout ou presque de ton engagement politique à la gauche de la gauche. Ni tes contacts politico-amicaux qui sont pas censés savoir que tu es psychotique. Et que tu vacilles en permanence entre vouloir sauver le monde. Ou tout faire péter.
Y’en a ça va être des trip moins égocentriques. Des défendeurs de causes. Nobles. Ou moins nobles. Voire pourries. Des enragés de la politique. Et de la vie. De la Liberté. Avec un grand L. Comme toi. Mais tu cherches le côté humain. Là. En revanche. Le petit indice qui te prouve que tu parles à quelqu’un. Un trait de caractère. Quelque chose. Pour savoir à qui t’as à faire. Un peu. A qui tu confis ta haine. Ou tes pensées. Parfois jusqu’au boutistes. Et rien ne transparait. Ils demeurent des images virtuelles. Sans trop d’âme. Malgré beaucoup d’esprit. Des pseudos qui rassurent. Dans l’absolu. Par des idées communes. Des convictions que t’étais seule à partager, jusqu’alors. Quand t’avais aucune vie sociale. Avant facebook. Tu te sens tout de suite moins seul qu’avec ta télé. Et tu en apprends beaucoup plus. Faut juste pas lire les commentaires. Après. Si tu veux pas flipper. Replonger dans le vide. Ces fragments de discussion où chacun met son grain de sel. Mais qui restent stérile. Au bout du compte. Surtout si t’attends des réponses. Ou des solutions. Parce que tout est beaucoup plus grave que ce que tu pensais. Beaucoup plus profond que ce que t’imaginais. Plus compliqué que ça. En fait. Et que même à l’intérieur d’un même combat, y’a encore des divisions. Et des subdivisions. A l’infini. Jusqu’à l’individu. Facebook, c’est le monde idéal pour comprendre que rien ne changera. Jamais. Dans le vrai en tout cas. Que rien ne sera jamais possible. Encore moins la révolution. Parce qu’entre facebook, toi et tous tes amis, y’a la vraie vie. Et qu’il faut surtout pas oublier de la raconter. Sur des murs virtuels. Pour se réconforter. De n’être personne. Comme tout le monde. Dans ce monde que tout le monde cautione. En fin de compte.
J’ai longtemps hésité à désactiver mon compte. A cause des gens que j’aime bien. Mes chouchoux, on va dire. « Le B. ». « Mimile », « Mohamed », « Cricri », et « L’intrépide » (je mets pas les vrais pseudos parce que bon…) Je passerai lire les articles. Ou sur les blogs. Pour continuer à m’instruire. La nuit. Quand tout le monde dort. Et pis peut être qu’un jour, je serai guérie. Moins sensible à ce que je lis. Que je pourrai prendre plus de recul. Plus de distance. Et je pourrai revenir. Sans m’en rendre malade^^