L’harmonie de votre être est brisée de conscience
Et sa chute nouvelle a rompu l’insouciance.
Car vous êtes soudain devenue le miroir
De vous-même, et vos mains s’agitent sans vous voir.
La morsure de l’autre a rendu votre vue
Double, ambiguë et belle de vie qui se cherche ;
Dans l’opaque du ciel que vous contemplez nue,
Dans le bleu des embruns qui balance vos mèches.
Des larmes meurent sur votre corps étranger ;
Des pleurs roulent alors sans les avoir pleurés.
Des mots jaillissent forts de cet enfantement,
Des mots et des questions sortent d’un sifflement
Insidieux, tournoyant comme une fête fauve.
Un feu fixe et mouvant file, à la tête chauve.
Et vous suivez l’intrus sans être l’instrument
De votre volonté cédant aux pas pressants
De la curiosité.
Qui gouverne ce moi ?
Si ce n’était vous-même mais sous d’autres lois,
Engendrées par vous-même sous couvert d’un songe,
Pétri de sa grandeur d’universelle éponge,
Ecumante de moi, poreuse de sagesse,
Alléchante en ce cœur couronné de détresse ?
Alors la faim t’entraîne et soulève des voiles
Jusqu’alors inconnues qui s’enflent et te dévoilent.
La liane de ton corps s’étend vers le soleil
Aveugle qui te berce et te tend ses merveilles ;
Ton plaisir se conçoit du contact éternel
D’éléments ajustés à ta symbiose belle,
A la lumière fleuve déversant son souffle.
Synesthésie brutale où la mort se camoufle.
Mais déployant ta force et ton agilité,
Tu t’arraches sans heurs à sa brutalité.
Mais revoilà le doute... et la vie qui retombe.
De quel écho sinistre votre être se plombe ?
Sur quelle quête absurde vous voilà penchée ?
La dissonance belle de mortalité.
Ah ! l’appel de la tombe embrumé de fantasme,
Du repos de vos faims, de vos joies, de vos spasmes,
Ballant vos bras rompus à combler votre absence ;
La volonté perdue dans son double silence.Copyleft © Ratures Les copies conformes, versions intégrales des oeuvres sont autorisées en citant la source et l'auteur.