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Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et les prêtres

Publié le 12 mars 2010 par Fbruno

« Je suis venue au Carmel pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres ».

C'est ce que répond sœur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face le 2 septembre 1890, à la demande canonique qui lui est faite, trois semaines avant sa profession.

La soif des âmes exprimée par Thérèse tient à la soif même de Jésus. « Le cri de Jésus sur la croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : « j'ai soif ! ». Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive… je voulais donner à boire à mon bien-aimé et je me sentais moi-même dévoré de la soif des âmes…Ce n'était pas encore les âmes des prêtres qui m'attiraient, mais celle des grands pêcheurs, je brûlais du désir de les arracher aux flammes éternelles… »

Le moyen qui lui est donné est l'union avec Jésus en croix. « Lorsqu'on veut atteindre un but, il faut en prendre les moyens ; Jésus me fit comprendre que c'était par la croix qu'il voulait me donner des âmes et mon attrait pour la souffrance grandit à mesure que la souffrance augmentait. … »

Après celle des âmes en général, l'attention de Thérèse pour les prêtres fut une orientation forte de sa prière. Elle fut un fruit du pèlerinage diocésain à Rome accompli avec son père et Céline. Jusqu'ici elle ne rencontrait les prêtres que dans l'exercice de leur fonction sacerdotale. La vie en compagnie de 75 prêtres pendant un mois lui permit de constater leurs travers. « N'ayant jamais vécu dans leur intimité, je ne pouvais comprendre le but principal de la réforme du Carmel. Prier pour les pêcheurs me ravissait, mais prier pour les âmes des prêtres, que je croyais plus pures que le cristal, me semblait étonnant ! … Ah ! J'ai compris ma vocation en Italie, ce n'était pas aller chercher trop loin une si utile connaissance…

Pendant un mois j'ai vécu avec beaucoup de saints prêtres et j'ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n'en sont pas moins des hommes faibles et fragiles… Si ces prêtres que Jésus appelle dans son Évangile : « le sel de la terre » montrent dans leur conduite qu'ils ont un extrême besoin de prières, que faut-il dire de ceux qui sont tièdes ? … »

Oh ma mère ! Qu'elle est belle la vocation ayant pour but de conserver le sel destiné aux âmes ! Cette vocation est celle du Carmel, puisque l'unique fin de nos prières et de nos sacrifices est d'être l'apôtre des apôtres, priant pour eux pendant qu'ils évangélisent les âmes par leurs paroles et surtout par leurs exemples… ».

Dès lors elle étendit sa prière à ces âmes de prêtres qu'elle idéalisait un peu mais qu'elle aimait malgré leurs défauts ou tendances. Elle communiqua son ardeur à Céline dans sa correspondance : « prions pour les prêtres ». « Vivons pour les âmes… soyons apôtres… Sauvons surtout les âmes des prêtres, ces âmes devraient être plus transparentes que le cristal … »

« Céline, si tu veux, convertissons les âmes, il faut que cette année nous fassions beaucoup de prêtres qui sachent aimer Jésus !… Qui le touchent avec la même délicatesse que Marie le touchait dans son berceau !… » En octobre 1895, un jeune séminariste, l'abbé Maurice Bellière, demande au carmel de Lisieux « Une sœur qui se dévouât spécialement au salut de son âme et l'aidât de ses prières et sacrifices lorsqu'il serait missionnaire afin qu'il puisse sauver beaucoup d'âmes ». Mère Agnès désigne Thérèse, qui, ayant toujours rêvé d'avoir un frère prêtre, en est ravie. Dieu semble combler tous ses désirs. « Jamais depuis des années et je n'avais goûté ce genre de bonheur. Je sentais que de ce côté mon âme était neuve, c'était comme si l'on avait touché pour la première fois des cordes musicales restées jusque-là dans l'oubli. » Elle redouble d'ardeur dans sa vie quotidienne, offre pour lui prières et sacrifices et l'encourage par ses lettres.

À partir de mai 1896, à la demande de Mère Marie de Gonzague, Thérèse reçoit un deuxième frère missionnaire, le Père Roulland. Elle redouble de ferveur. « Le zèle d'une carmélite doit embrasser le monde ». Sa correspondance avec ses frères spirituels est l'occasion de développer sa conception de la sainteté : « Ah ! Mon frère, que la bonté, l'amour miséricordieux de Jésus sont peu connus !… Il est vrai que pour jouir de ces trésors, il faut s'humilier, reconnaître son néant, et voilà ce que beaucoup d'âmes ne veulent pas faire. »

En ces courriers, Thérèse ouvre son cœur et témoigne aux prêtres de la miséricorde de Dieu. « O mon cher petit frère, je vous en prie ne croyez jamais « m'ennuyer, ni me distraire » en me parlant beaucoup de vous. Serait-il possible qu'une sœur ne prit pas d'intérêt à tout ce qui touche son frère… vos lettres au contraire m'unissent davantage au bon Dieu en me faisant contempler de près les merveilles de sa miséricorde et de son amour. »

« Ah que je voudrais vous faire comprendre la tendresse du cœur de Dieu, ce qu'Il attend de vous. … j'ai compris plus que jamais à quel point votre âme est sœur de la mienne puisqu'elle est appelée à s'élever vers Dieu par l'ASCENSEUR de l'amour et non pas à gravir le rude escalier de la crainte… »

« Il me semble que ce Divin Sauveur a dédié unir nos âmes pour travailler au salut des pêcheurs… Je constate simplement que Jésus m'a choisi pour être la sœur d'un de ses apôtres ».

Les sacristines du Carmel

« Mais son amour nous a choisies Il est notre époux, notre ami. Nous sommes aussi des hosties Que Jésus veut changer en Lui. Mission sublime du prêtre, Tu deviens la nôtre ici-bas Transformées par le Divin Maître C'est Lui qui dirige nos pas. Nous devons aider les apôtres Par nos prières, notre amour Leurs champs de combat sont les nôtres Pour eux nous luttons chaque jour. »

Jacques d'Avigneau


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