
- Tu fais quoi pendant tes RTT ? Pâte à sel ou mosaïque ?
- Absolument rien. Je dors. Je récupère de ce que je me mets la nuit.
- Lamentable. Les RTT c’est pour s’ouvrir aux autres, au monde, et pour donner du temps au temps.
- Tu sais, le monde. C’est le même partout. Je vois pas tant de différences que ça. Y a juste des endroits où on se plaît et d’autres pas. Point barre. Et de toute façon, les RTT je crois que c’est foiré. C’est Martine qui doit faire la …
- Faire quoi ?
- Attends. Je crois qu’y a un truc bizarre.
- Bizarre comment ?
- Chut. Bizarre dans le genre méga-grave. Je crois qu’on a déjà joué la scène. J’ai une réminiscence.
- Tu veux dire que t’as l’impression d’avoir déjà vécu ce qu’on est en train de vivre en ce moment ?
- Oui. Tu m’ôtes les mots de la bouche. On est capturés dans un déjà vu.
- Putain de cycle infernal. J’aimerais pas trop que t’aies raison. Mais alors la première fois on faisait quoi et on disait précisément quoi ?
- On parlait de merde verte qui coule sur le bitume.
- Ben si on est dupliqués dans une réplique de la scène j’ai un énorme doute que ça puisse me convenir.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que là on est filmés d’en haut et qu’on regarde en l’air. Ce qui laisserait le champ libre à la supputation que cette fois ça va dégouliner du plafond.
- Quand même, les RTT. C’est bête, hein ?
- Je m’en fous, dans le fond. Le TGV, ça marche. Les RTT, d’avance c’était une autre paire de manches.
- Et maintenant, y a quoi à la place ?
-
Y a rien.
-
L’amour. Le désespoir. La politique, finalement, c’est au niveau des séries télé. Le zéro absolu. La merde verte, au moins ça me parle.
- Je peux te demander un truc ?
- Vas-y. Toi et tes questions, vous me faîtes toujours flipper.
- Le texte qu’on dit, c’est dans le script ou on n’est pas filmés ?
- Non, on a carte blanche. Le vendredi Kranzler fait les courses, la cuisine et des tas d’autres machins qui le gonflent un max. Les dialogues sont écrits par des intermittents grévistes réquisitionnés.
- Ah, je préfère. Mais je crois qu’il faudrait quand même qu’on dégage. Le plafond commence à suinter la Chartreuse.