bourrage des urnes pour une expo plouc

Publié le 12 mars 2010 par Desfraises

C’était un samedi. Muni de mon carton d’invitation, je me rends au vernissage de l’exposition la plus plouc de l’année. Il y avait foule. Le maire était là, affublé de sa belle écharpe jaune pipi. Le président de la Communauté de Communes était là. L’un et l’autre se gargarisant du mot "citoyen" comme pour se convaincre qu’ils s’en préoccupent. Et je n’aborderai pas le sujet du cumul des mandats qu’il est de bon ton de houspiller. C’est connu : on voit la paille dans l’œil du voisin mais l’on ne voit pas la poutre dans le sien. Ces notables à la petite semaine se sont régulièrement échinés à saper la culture et le travail au long cours d’une directrice de réseau de bibliothèques (dont le poste devrait s’évaporer dans les limbes d’économies municipales) et d’agents du patrimoine qui, pensent-ils, n’ont d’autres missions que de manipuler des livres.

Revenons plutôt à nos moutons, en l’occurrence nos gentils animaux d’agrément dont on a récemment tiré le portrait. Une expo neuneu pour laquelle plus d’une centaine de curieux s’étaient pressés ce samedi. Il fallait admirer l’œuvre de l’autoproclamé "portraitiste de France" qui a immortalisé les chiens, chats ou lapins de ses concitoyens. Une cinquantaine de sous-verres protégeaient des clichés dont je ne saurais vous épargner la description. Ici un petit yorkshire prêt à bondir d’une caisse en bois, sur un arrière-plan violet, l’air penaud. Là un chien de berger auquel on a confié un jouet d’enfant. En bordure des photographies, un fondu marronnasse dégouline sur les modèles. La cerise sur le gâteau, c’est l’immémoriale signature de l’artiste : l’empreinte d’une papatte de toutou.

Béat d’admiration, je n’ai pu résister à l’envie de participer au concours qui a animé la soirée : afin de gagner une séance photo avec son rottweiler chéri, son serin, son poisson rouge, et un tirage d’exposition (rien que ça!), il s’agissait de sélectionner 3 noms d’animaux. Le gagnant serait celui ou celle dont le choix se rapprocherait le plus du verdict populaire. Ne pouvant laisser passer une telle opportunité, je suggère à mon amie Louise de participer au suffrage que ma malhonnêteté pathologique décide de biaiser. Nul besoin de procuration, nous nous faisons fort de représenter les absents en remplissant des bulletins à tire-larigot. Les absents et les abstentionnistes. Dont Olivier, le responsable de la salle multimédia, qui avoue n'avoir ni chien ni chat. Qu’à cela ne tienne. S’il gagne, il s’armera de son épuisette et adoptera un têtard qu’il étreindra pour la photo.
A voté.
Question : les deux adorables lapins femelles, Léchouille et Choupinette qui ont endormi mon âme flingueuse auront-elles les faveurs des visiteurs ?


N.B. Les prénoms des protagonistes ont été modifiés afin de protéger leur intégrité.