C’est une chouette soirée. Avec une belle lumière intelligente, un peu orangée. Exactement comme j’aime ; plus que dix minutes et le soleil va tomber dans l’eau. Oui, je sais bien : ce film, c’est juste le portrait d’une salope. Il y de la belle musique et elle tue avec un pic à glace. Ce n’est pas difficile à jouer pour moi, les salopes. Maintenant je vais vous dire un truc et je prends l’océan à témoin. Moi, je suis juste la fille qui se trouve là au bon moment, et en ce moment il y a une demande forte de salopes. Normal. On est sous Bill Clinton. Après, je ne sais pas comment ce sera. Ni quel président, ni quelle vacherie de monde. Ce sera peut-être beaucoup moins débridé, et si c’est le cas on écrira beaucoup moins de rôles de salopes. Ce ne sera pas très bon pour moi. En France, je continuerai sans doute à bénéficier d’une certaine estime car c’est un pays qui a une longue et riche tradition de garces. Mais ailleurs, je ne sais pas. J’ai comme un doute sérieux. Sinon, la rampe est rouillée, ça va laisser des marques sur votre pantalon et votre femme risque de gueuler comme un putois, flingueur.