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S2e16 : QUAND LA PLUIE CACHE UN SOLEIL EN VERSEAU...

Publié le 15 mars 2010 par Elinorbird

Date: March 15, 2010 5:38:22 AM

Max! Je n'ai pas pu dormir de la nuit... Les planètes de Jack ne sont pas alignées avec celles d'Amy! C'est un signe! J'ai essayé de t'appeler toute la journée hier et rien. T'es où!!!???? Faut que je te parle. De toute urgence! xx-eli la panique

***

Pfiou! Quel weekend!

Après la neige en abondance. La pluie en abondance...

Un vrai déluge. Sans interruption. Sans éclaircie. Sans espoir. Pas un rayon de soleil depuis trois jours. Ciel bas. Gris. Menaçant...

Mon programme, pourtant chargé, était littéralement tombé à l'eau... Ou presque...

Samedi matin, réveillée par le ploc ploc ploc des gouttes de pluie s'écrasant sur l'échelle d'incendie et par le vvvvvrrrrmmm du vent s'engouffrant sous la fenêtre entrouverte, la première pensée qui me vint fut de remonter le couette sur mon nez et de me rendormir. Mais, impossible de me résoudre à manquer mon cours de sport avec Pom-Pom-Gie et Maurice qui pète. Alors, j'étais sortie du lit. Collée à la vitre, mon thé fumant dans les mains, j'observais les trombes d'eau se déverser des nuages et venir s'accumuler, en bas, dans le jardin, créant, petit à petit, une vraie mare aux canards.

"Inutile de réveiller Billie pour lui proposer de venir avec moi. C'est peine perdue. Avec cette pluie, elle ne viendra jamais..." pensai-je en soupirant de désespoir.

Après avoir répété une bonne vingtaine de "plouf plouf, une bague en or" pour déterminer mon sort, je me décidai enfin à affronter la tempête. Bottes de pluie. Parka toile cirée. Parapluie. J'étais parée. Prête à sentir le chien mouillé. Je jetai un coup d'oeil à ma ToDoList (1) du weekend et constatai que le Fleamarket en faisait partie. J'élaborai alors un plan dans ma tête...

(J'irai directement en sortant de la salle de gym... Billie ne viendra jamais avec moi de toute façon... Oh! Et si j'appelais Charlie pour lui proposer? Charlie est la seule personne que je connaisse qui ne soit pas dérangé par la pluie ou le vent... Et puis, il faut absolument que je le vois puisqu'il ne m'a toujours pas rappelé pour me dire ce dont il "ne devrait peut être pas me parler..." Mais bon. Moi je sais qu'il doit me raconter ce qu'il sait. Enfin bon. Je veux savoir! Point barre.)

Dans l'ascenceur, je tapotai sur mon iphone:

- The Garage Fleamarket (2) avec moi aujourd'hui?

Ting ting

- Si tu veux... À quelle heure souhaites-tu y aller?

- Hummm... Disons vers 1pm?

Ting ting

- Très bien. Tu veux que je passe te prendre? Walter va nous conduire.

Charlie, comme tous les riches habitants de Manhattan, possédait une voiture avec chauffeur. Un luxe qu'il s'offrait car il détestait conduire. Walter travaillait pour lui depuis bientôt dix ans et plus qu'un simple employé, il était devenu son ami. Charlie le logait, lui et sa famille, dans un sublime petit appartement vue sur Central Park, dix étages en dessous du sien. C'était selon lui la moindre des choses puisque les horaires étaient parfois difficiles.

- Oh oui! Avec plaisir. Je serai à la YMCA. Alors on dit 1pm 14th street?

Ting ting

- Absolument. À toute à l'heure. Je t'embrasse. Charlie

***

J'étais arrivée à la YMCA, dégoulinante et de mauvais poil. Temps pourri! Mais le cours de Pom-Pom-Gie m'avait remis les idées en place et permis d'évacuer mon humeur massacrante. J'étais ravie. Je repartais du bon pied. Il était 1pm et je m'apprêtai à sortir pour retrouver Charlie. À l'abri sous le auvent, j'aperçus la Lincoln noire, garée en double file, le long d'une immense flaque d'eau. Une pluie diluvienne s'abattait. Le vent soufflait. Je fis signe à Charlie qui m'ouvrit la portière. Je traversai le trottoir en courant, slalomant entre les rideaux de douche et, évitant la flaque, bondis dans la voiture.

- Oh Charlie! Mais quel temps pourri! gémis-je, faisant la moue

- Bonjour ma chérie. Comment était ton cours?

- Bien bien. Je me sens mieux. Heureusement car si tu m'avais vu ce matin, je crois que tu ne m'aurais pas supporté plus de cinq minutes. J'étais tendue comme un string! Brrr. Cette pluie me rendra chèvre.

- Ah... Moi j'aime bien... me confia-t-il, rêveur

(Décidement, je ne comprendrai jamais...)

- Bon. Raconte, enchainai-je directement, trop impatiente de savoir ce qui se tramait...

- Que je te raconte quoi? m'interrogea Charlie

- Comment ça? Tu sais bien. Tu as commencé à me dire quelque chose à propos de Jack hier!

- Ah oui. Oh... Je ne sais pas si je devrais te raconter... Te connaissant, tu vas partir au quart de tour...

- QUOI? Je comprends rien Charlie! Dis moi bon sang. Tu en as trop dit quoiqu'il arrive! m'agaçai-je

- Je sais... regretta-t-il

- Bon alors!!!! trépignai-je

- Excusez moi Monsieur, vous m'avez dit 112 West 25th street n'est ce pas? coupa son chauffeur

- Absolument. Merci Walter.

- DONC!!??? insistai-je

- Bon. Tu promets de ne pas prendre ce que je vais te dire au pied de la lettre?

- PROMIS, répondis-je du tac au tac en croisant mes doigts dans mon dos

- Bon... Eh bien Jack m'a appelé la semaine dernière. Il voulait me voir... Il était quelque peu... dérouté...

Et Charlie raconta...

- Mais bien sûr Jack. Tu veux me retrouver au bureau?

- Pourquoi ne viendrais-tu pas diner à la maison, avait proposé Jack

- Si tu veux. J'ai un rendez-vous qui devrait se terminer vers 7pm. Je te rejoins directement en sortant si tu veux...

- C'est parfait. Merci Charlie.

Jack avait ouvert une bouteille de Haut-Médoc et avait préparé un petit menu italien, qu'il avait disposé sur sa table basse, à côté d'une grosse boite à cigares. Il était confortablement installé dans son salon quand Charlie était arrivé. Et, sans tarder, il avait expliqué la situation à son ami...

- C'est Amy. Je ne sais pas quoi penser. Je la sentais distante depuis des semaines. Depuis Noël pour être précis. Je pensais qu'elle me cachait quelque chose alors il y a deux jours, au téléphone, j'ai tenté de la cuisiner. Et là, elle m'a finalement avoué qu'elle était allée voir une astrologue, début janvier. Elle voulait comprendre, savoir où sa vie allait. Et démarrer l'année du bon pied. Voilà ce qu'elle m'a dit. Seulement, cette astrologue lui a fait son thème astral et lui a annoncé, sans hésitation, qu'elle et moi ne nous marierions jamais. "Ce Jack n'est pas l'homme de votre vie" avait-elle débité.

- Allons bon, avait coupé Charlie, pas vraiment surpris dans le fond mais tentant d'avoir l'air compatissant

- Bah oui...

- Et...? invita Charlie

- Alors j'ai d'abord dit à Amy que tout ceci était ridicule et puis, au fur et à mesure que nous parlions, que nous nous expliquions, je me suis demandé si elle n'avait pas raison dans le fond... Amy est si différente... Elle a changé. J'ai sûrement changé aussi ceci dit... Mais, oh... Je ne sais pas... Et puis... hésita-t-il

- Oui...?

- Et puis... Mais tu me jures que tu le gardes pour toi! fit promettre Jack

- Oui oui. Bien sûr Jack.

- Et puis... Il y a Bird.

- IL A DIT ÇA!!!!??????? coupai-je

- Oui mais Elinor... Laisse moi finir...

- Dis donc. Mais en tout cas, tu ne gardes pas tes promesses, coupai-je, soudain ennuyée

- Je sais... rougit Charlie.

- Tu ne devrais pas me dire ce qu'il t'a dit, décidai-je

- Vraiment? Tu ne veux pas savoir?

- Non. Charlie... Il t'a confié un secret. Et il t'a fait promettre de ne pas le répéter...

- Je sais... Mais je vous vois, tous les deux, si maladroits l'un avec l'autre que... J'aimerais vous aider... avoua Charlie, timidement

- C'est gentil mais, dans ce cas, insite le à me parler, ou bien à prendre la bonne décision. Mais je ne crois pas que me confier ses secrets soit une bonne idée. Il se sentirait trahi s'il l'apprenait.

J'étais en train de bouillir mais je savais, dans le fond, que c'était mieux ainsi... Charlie préféra se taire, réalisant que j'avais raison... Nous arrivâmes au Fleamarket. Walter nous déposa juste devant, ce qui nous évita bien des soucis. La tempête s'emplifiait d'heure en heure et le vent faisait voler les parapluies. Des cadavres gisaient à tous les coins de rues, coincé contre un poteau électrique, planté dans une poubelle... Nous pénétrâmes dans ce grand garage reconverti en vaste broquante, accueillant une multitude d'antiquaires. Premier niveau. Calme. Pas un chat. Charlie partit devant, saluer les visages familiers tandis que je fouillai dans les bijoux anciens, tissus, dentelles et autres broderies. Je trouvai une magnifique paire de boucles d'oreille pour Paige et petit foulard en soie pour Billie. Un peu plus loin, des vieilles caisses en bois pour ranger mon fourbi dans ma cuisine. Exactement ce qu'il me fallait! J'en pris troix. Dix dollars pièces. Super deal!

- Je monte à l'étage, informai-je Charlie qui était en plein discussion avec un des marchands, spécialisé dans les vieilles montres

- Très bien. Je te rejoins.

Je resortis une seconde pour prendre la deuxième entrée et accéder au deuxième niveau. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à cette astrologue... Elle pouvait déterminer si facilement si deux personnes étaient faites l'une pour lautre? J'étais intriguée... Et je songeai à Maxime qui, un jour, en avait consultée une et m'en avait dit que du bien... Je devais lui parler... Je l'appelerais demain... Je continuai mon tour et tombai sur une magnifique bagnoire sur pieds qui, m'apprit son vendeur, datait de la fin du XIXe siècle. SU-BLI-ME! Je lui expliquai que, malheureusement, je n'avais pas la place chez moi mais que j'aurais adoré! Je pensai à Jack qui lui, aurait pu la mettre dans sa grande salle de bain. J'hésitai à l'appeler pour lui dire... Mille deux cents dollars. C'est tout!? Rohhh... Jack... Et je me surpris à rêver... Elle serait parfaite si nous avions une maison de campagne, dans les bois. Nous installerions cette baignoire victorienne au milieu de la salle de bain. Entourée de parquet ancien, elle trônerait au milieu de la pièce et l'on pourrait se prélasser des heures, admirant, à travers les baies vitrées, les biches sautiller entre les arbres, les oiseaux chanter et les écureuils grignoter leur noisettes, assis sur les poutres en bois le long de la charpente. Jack serait le plus heureux...

Le vendeur me sortit de ma rêverie et je constatai que j'étais assise sur le rebord de cette divine baignoire, en train d'en caresser le contour boisé, les yeux dans le vague...

Ok. J'étais décidée. Moi aussi. J'allais consulter une astrologue!

(1) ToDoList = Liste des choses à faire

(2) The Garage FleaMarket, 112 West 25th Street, New York NY www.hellskitchenfleamarket.com


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