Une histoire dont la fin apporte plus de questions que de réponses. Une histoire pour le simple fait de raconter la surprise.
Quelques prémisses dont certaines dont j’ai déjà parlé : l’artiste de nos pinceaux est fille de Nantel. Son grand-père venait de Labelle.
Louise arrive dans la Petite-Nation par hasard, parce qu’à Montréal en 1969, la commission scolaire devait d’abord ré-engager les professeurs en lock-out avant de faire signer les petits nouveaux. Donc Louise trouve un emploi et aménage à Notre-Dame-de-la-Paix,où elle vit maintenant depuis… quarante ans.
Elle apprend à connaître les gens, s’investit dans sa communauté en faisant partie du comité des loisirs, joue à la ringuette avec les voisines, épluche des pommes de terre au Festival de la patate. Tout va bien jusqu’en 2000.
Elle fait alors partie d’un comité qui s’occupe d’un « Projet du millénaire », elle dessine l’affiche d’entrée, propose un sentier du patrimoine et l’embellissement du terrain de la Fabrique. Premiers accrochages avec le conseil municipal qui n'est pas d'accord avec tout, mais elle passe outre.
Puis l’église passe au feu en novembre 2001, quelques mois à peine avant le centenaire de la municipalité. Le conseil municipal et la Fabrique se demandent quoi faire. Un propose une solution et l’autre, une bien différente : la démolition du presbytère et la construction d’une salle suffisamment grande qui pourrait convenir aux fidèles qui veulent assister à la messe.
Et commence la saga qui durera un an : Louise et quatre autres personnes forment un comité, cherchent et trouvent des appuis, tentent de prouver au conseil municipal qu’il est possible, qu’il est important de sauver le patrimoine d’une municipalité. Rien n’y fait, le presbytère est démoli. Lire texte écrit alors par l’auteure-de-nos-stylos, lire là>>>;
Amère, Louise se retire dans son atelier, les années passent.
Un jour qu’elle passe à Labelle, elle se dit : « Tiens depuis le temps que je veux arrêter à la Société d’histoire Chute-aux-Iroquois, j’y vais. » Elle rencontre M. Cholette avec qui il lui est arrivé de correspondre par courriel et d’échanger des photos… des Nantel bien sûr. Celui-ci lui montre des objets, des livres, des documents et des photos. Occupé un instant par d’autres visiteurs, il laisse Louise seule avec un cartable qui contient de nombreuses photos de l’époque où le petit-cousin de son grand-père, Napoléon Nantel, possédait l’hôtel dont Louise a également une photo chez elle. Avec tout plein de Nantel qui reviennent de la chasse et posent fièrement devant l’hôtel.Et puis tout à coup, le coup de massue, la surprise totale, une lame de feu venue d’outre-tombe. Qu’est-ce que cette photo fait là? Dans cet album de Labelle, dans ce lieu des Nantel, dans sa vie à elle. Elle a déjà vu cette photo, je lui dis où : dans l’album centenaire paru en 2002. La photo d’un des fondateurs de la municipalité où l’artiste-de-nos-pinceaux demeure depuis 40 ans. C’est la photo de l’arrière arrière grand-père du maire de la municipalité : Ariste Bock. Ainsi donc les Bock et les Nantel se sont connus dans les années 1880.
Louise apporte la photo à M. Cholette, demande des explications. Eh! Oui, le monsieur a non seulement séjourné à Labelle, mais il fut commissaire, propriétaire d’un magasin général situé tout à côté de l’hôtel Nantel. Et puis, à la mort de sa première femme, Denise Villeneuve, il déménage dans la Petite-Nation et épouse, en 1889, Olivine Lauzon à Papineauville. Remonte vers Saint-André-Avellin, ouvre une scierie dans le rang Sainte-Augustine. Le 1er décembre 1902, Ariste Bock est élu premier maire de Notre-Dame-de-la-Paix. Le 5 novembre 2001, son arrière petit-fils le devient à son tour, après avoir été conseiller municipal.
Quelle coïncidence! Une rivalité qui daterait de 120 ans? La psychogénéalogie pourrait-elle expliquer ce concours de circonstances. L’artiste ne cherche pas de réponse, elle est encore tellement surprise : Labelle ne fut pas l’exclusivité des Nantel !
(photo de l'hôtel: photo personnelle de l'artiste, Ariste Bock: photo de la Société d'histoire des chutes-Iroquois)