Magazine Journal intime

Le début prévoit-il la fin

Publié le 17 mars 2010 par Anaïs Valente

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé comment j'écrivais mes billets.  S'il y avait une marche à suivre.  Si j'établissais un plan précis : bon, je vais parler de ceci ou cela, en commençant par ça, puis ça, puis ça, et la conclusion sera ça.

Et bien non.

Que nenni.

Je ne prévois rien.

Le sujet me saute aux yeux.

Puis je prends ma plume, ma plume virtuelle, savoir le clavier.

Et j'écris, sans savoir où je vais.  Sans savoir a priori la longueur du texte, ni dans quel sens j'irai ou n'irai pas.

Parfois, oui, je l'avoue, la fin me saute au visage comme un ballon trop gonflé d'air.  Une phrase me vient à l'esprit et je sais qu'elle conclura le billet.

Sinon, je laisse voguer mes doigts, et mon esprit, les deux bossant aussi vite (vingt-cinq ans de dactylo sans regarder le clavier, ça aide à écrire plus vite que sa pensée, je vous le dis).

Pour le billet d'hier, par exemple « les mots impossibles ».

Depuis longtemps, je sais que je veux écrire sur ces mots.  J'ai réalisé que, au fil des mois, chaque fois que je les lis ou les entends, cela me révulse.  Donc, depuis des mois, je me dis « écris sur ça ».  Mais la seule chose que j'ai en tête, ce sont les trois mots.  Sans plus.

Puis, dans le bus, derrière moi, quelqu'un renifle sans cesse.  Me vient alors l'idée d'un billet « il renifle ».  Et, en songeant à ce billet, me revient mon idée des mots impossibles.  Car on renifle souvent des trucs dégueu, brrrr, je préfère ne pas y penser.

Donc, avant d'écrire « il renifle » (que vous ne lirez pas prochainement, ne pleurez pas, ça vous ferait renifler, car je lui ai prévu un autre usage que ce blog), je me lance dans « les mots impossibles » (et là je me dis, que j'aurais dû appeler mon billet « mots interdits », en hommage au film « jeux interdits », qui m'a tant émue quand j'étais môme).  Et ça part tout seul.  Me voilà emportée par mes idées, qui se faufilent sous les doigts.  Je ne réfléchis pas.  Jamais de temps mort.  Pas de moment de réflexion.  Ça coule comme de l'eau au robinet.  J'écris j'écris j'écris, sans m'arrêter.  Me voilà à l'endroit de l'effet des mots sur mon organisme.  Et ça vient tout seul, je le ressens, je le reçois, et je l'écris.  Tac tac tac font mes dix doigts sur le clavier.  A peine, de temps en temps, un petit tac tac tac plus rapide, pour effacer un mauvais lapsus (effet des morts tac tac tac effet des mots).  Puis, paf en tête, l'idée de bifurquer sur les mots qui évoquent de jolies choses, avant de plonger dans les mots qui dégoutent.   Et je continue à écrire, sans penser, sans réfléchir.  Enfin, si, je pense sans doute, mais je ne pense pas à ce que je vais écrire, ça vient tout seul.  Quand je dois réfléchir, si je dois réfléchir, j'abandonne mon sujet, c'est qu'il ne m'inspire pas plus.  Ou bien je le mets de côté, j'écris juste son titre, pour le mûrir quelques jours.  Et quelques jours plus tard, deux possibilités : il a mûri et tac tac tac sur le clavier.  Il n'a pas mûri et je relis mon titre, éberluée, sans me souvenir le moins du monde de ce dont je voulais parler en écrivant ce titre.  Et je l'efface, après m'être creusé la cervelle durant des heures « mais keske je voulais dire par ce titre saugrenu 'la sauce blanche me donne des idées noires', je pensais à quoi en écrivant 'la vie derrière le derrière du derrière'...

Et voilà, c'est écrit.  Une sauvegarde pour ne rien perdre.  Reste à publier.

Pour le billet d'avant-hier, sur le livre « Même Dieu est célibataire », même topo, ou presque.  Passque même pour les billets livres, cinéma ou (bref culture-confiture), j'aime improviser, laisser glisser mon imagination.  Pas envie de me contenter de citer le livre, et de dire « j'ai aimé ceci ou cela ».  Envie de partager.  De convaincre, aussi, si j'estime que l'ouvrage en vaut la peine.  Donc, je commence à en parler, à écrire.  Et au moment où je parle de la question « pourkwaaaaa t'es célibataire ? », ben je me souviens que cette question, je l'ai subie il y a peu.  J'avais oublié ! Juste avant d'entamer la rédaction du billet, je n'y pensais plus, mais, en écrivant, enfin en dactylographiant, c'est revenu, et j'ai envie de le raconter.  Et ça tombe à pic.  Alors je raconte.  J'imagine.  J'extrapole.  Et j'écris.  Je rédige.  Je raconte.  Et j'aime ça.  J'adore.  Je revis le moment.  Je revis mon émotion.  Positive ou négative.  Je revis et j'écris.  Je ris.  Ou j'exorcise ma peine.  Je « thérapeutise » ma vie par l'écriture.

Et voilà, c'est écrit.  Une sauvegarde pour ne rien perdre.  Reste à publier.

Finalement, après trois ans de blog, il était temps que je vous donne mon mode d'emploi, non, alleye une fois...

Et demain, récit d'un billet écrit sous l'œil curieux d'une caméra.  Passque, quand j'écris, rien ne m'arrête, rien ne me distrait, pas même une caméra...



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