Donc le 17 mars. Avant, je ne soulignais pas cette fête, je n’y pensais même pas. Ma mère, oui, m’avait bien conté que sa grand-mère était Irlandaise, mon père me taquinait parfois : « la petite Bushell doit se retourner dans sa tombe à t’entendre parler anglais ». Je parle en effet très mal anglais, malgré mon huitième de sang irlandais. Me semble que j’ai déjà dit tout ça. Il faudrait que j’aille voir si le 17 mars, l’an dernier… mais qui ira voir, qui s’en souvient? Alors je répète. Je l’ai tellement écrit dans ce roman qui n’en finit pas d’être corrigé. Peut-être que je cesserai d’en parler quand il sera publié.
Elle s’appelait Bridget Bushell, née en 1828, elle venait du comté de Roscommon et lui, Denis Lynch, né en 1834, six ans plus jeune qu’elle, était originaire du comté de Leitrim. Se sont-ils connus en Irlande, je n’ai jamais trouvé, sont-ils arrivés à Grosse-Île par le même bateau, pas trouvé non plus, mais je sais qu’ils se sont mariés à Montréal en 1855 et ont élevés leurs cinq enfants à Saint-Henri. La mère de mon grand-père maternel était la petite dernière, Mary Jane Lynch. Elle n’aura connu son père que trois mois, ce dernier est mort d’un accident à l’usine de mèches où il travaillait. Pas inventé ça non plus, c’est écrit dans un petit livre que ma grand-tante religieuse a remis à son frère puis que ma mère m’a remis il y a quelque cinq ans.
Pour poursuivre sur la même idée de mon billet d’hier : Bridget et Denis vivaient dans des comtés pauvres, là-même où il y eut le mildiou dans la pomme de terre, ce qui a causé les noires années de la famine en Irlande. Coïncidence : je demeure dans un lieu entouré de champs de pomme de terre.
Alors peut-être un petit colcannon aujourd’hui?
(photo empruntée à food.pinkhairedgirl.com/?m=200804)