Romain à découvrir : Le Maître du Temps, de Thibault D’Iéna

Publié le 16 mars 2010 par Nicolas Koenig

J’ai choisi de vous présenter aujourd’hui un roman de science fiction dont j’ai entamé la lecture il y a quelques jours. Sur le thème du voyage dans le temps, Le Maître du Temps relate l’histoire de Mickaël dont vous pouvez découvrir les deux premiers chapitres ci-dessous, qui vous donneront je l’espère envie de connaitre la suite. Très bien ficelée, l’intrigue tire avantageusement partie des nombreux mécanismes liés aux voyages dans le temps, menant à des situations délicates et de riches interactions entre les personnages. Quel que soit votre avis, j’aurai plaisir à le connaître !

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Le Gardien avait revêtu sa tenue militaire de camouflage et s’était rendu dans la forêt de Fontainebleau, un endroit qu’il connaissait bien. Il était assis en tailleur, caché dans les fourrés, invisible depuis le proche chemin forestier. Il attendait sa proie. Il savait qu’elle passerait dans cette forêt, précisément sur ce chemin, à cet endroit, dans trois minutes à quelques secondes près. Il le savait avec une certitude totale, absolue. Il attendait patiemment, un revolver à la main. L’arme n’était pas toute neuve mais ce qui importait était qu’elle soit en bon état de marche. Et elle l’était ! Le Gardien en maîtrisait parfaitement le fonctionnement. Il soupira. Il était fatigué mais demeurait optimiste.

Moins d’une heure auparavant, il avait procédé à un ultime démontage, nettoyage, graissage et remontage de son revolver et avait rempli le chargeur avec six balles de calibre neuf millimètres. Il tenait un bas dans la main gauche. Parfait : le moment venu, il l’enfilerait sur sa tête. Dans l’exercice de ses fonctions, un Gardien ne se montre jamais à visage découvert. Encore deux minutes avant de tuer un homme. Et pas n’importe quel homme ! A cette pensée, le Gardien frémit et sourit à la fois. Non pas qu’il prenne un quelconque plaisir à tuer un homme, non : il respectait la vie. Il répugnait même à l’idée de tuer ne serait-ce qu’un animal, alors tuer un homme ! Mais tuer cet homme là, précisément, celui-là même qui allait bientôt passer sur ce chemin, devant lui, c’était ce qu’il devait faire. C’était sa mission, sans doute la plus importante de toute sa vie, mais ce ne serait pas un plaisir, non, ça non. Une nécessité, voilà ce que c’était, ni plus ni moins qu’une nécessité. Le Gardien n’était pas un psychopathe. Pas même pas un criminel. Non, rien de tout cela, il allait simplement s’acquitter au plus vite et au mieux d’une corvée répugnante. A la vérité, le Gardien était quelqu’un de bien. Mais même quelqu’un de bien doit parfois commettre une mauvaise action si son motif est légitime. Et si un motif avait jamais été légitime, c’était bien celui qui l’avait amené jusqu’ici, derrière ce buisson.
Le Gardien interrompit sa réflexion et regarda sa montre : encore une trentaine de secondes et l’homme apparaitrait au débouché du virage, à moins de cent mètres. Plus question de laisser dériver ses pensées. Il se concentra. Son coeur se mit à battre plus fort. Beaucoup plus fort. Ses tripes se nouèrent. Quand même, il allait tuer un homme de sang froid. Il avait déjà connu des situations tendues à l’extrême et les avait toujours maîtrisées. Et toujours il avait eu, avant de les affronter, cette douleur sourde dans le ventre. Une douleur qui finalement le rassurait car il savait qu’elle lui donnerait la bouffée d’adrénaline, la concentration, le sérieux et la maîtrise nécessaires à la réalisation de sa mission. Restant caché dans le fourré, il enfila le bas sur son visage, quitta la position en tailleur et se tint baissé, la main gauche et un genou à terre, le revolver dans la main droite.

Un bruit ! C’était un coureur en tenue de jogging qui venait de passer le virage et qui apparaissait dans le champ de vision du Gardien. Celui-ci reconnut l’homme qui venait vers lui : c’était bien celui qu’il attendait et qui approchait à un bon rythme. L’adrénaline se fit plus forte, le Gardien sentit sa bouche se dessécher. Son coeur battait tellement fort qu’il en entendait le bruit résonnant dans sa tête. Il se força à respirer calmement et profondément. Encore quelques secondes de patience et de concentration. L’autre homme maintenait son rythme et approchait du fourré. Plus que quelques secondes. Tout était une question de timing. Le Gardien vérifia une dernière fois la prise du revolver… Ne plus réfléchir, agir. Attention… Maintenant !

Dimanche 22 août 2010, 8 heures 30.
Dans le silence matinal de la clairière, Mickaël Bucher était debout, solidement campé sur ses deux jambes. Grand, mince, musclé et sportif, il était vêtu d’une tenue de sport légère, de couleurs verte et bleue. Sa concentration était à son maximum et Mickaël Bucher n’était sensible ni au resplendissant soleil déjà haut dans le ciel et qui projetait ses tâches de couleur sous les frondaisons, ni aux parfums floraux variés, ni à l’incessant gazouillement des oiseaux. Il ne remarquait pas le bourdonnement des insectes. Plus rien au monde n’existait d’autre que lui, son arc, sa flèche, sa cible. Il visa soigneusement la cible et, lentement, puissamment, il banda son arc. Lorsque son corps ne fit plus qu’un avec lui, quand il sentit que le viseur était devenu le prolongement de son oeil, pointé droit sur la cible, il relâcha délicatement la corde. Il la sentit glisser doucement sur ses doigts, puis la flèche fusa. Un trait parfait. Il sut
immédiatement qu’il allait faire mouche. La flèche n’était pas encore à mi-chemin lorsqu’il ressentit un léger bourdonnement d’oreilles, puis ce qu’il vit le stupéfia au plus haut point.

Bordel c’est quoi ce mec devant la cible ?? se demanda Mickaël. A l’instant précédent il n’y avait personne, ni devant la cible, ni aux alentours. La zone était clôturée et parfaitement sécurisée et Mickaël était seul sur le pas de tir, il en était aussi certain qu’il est possible de l’être. Et pourtant, là, maintenant, alors que la flèche venait de partir, invincible, un homme se tenait debout devant la cible, venant de nulle part et donnant l’impression de s’être matérialisé là à partir de rien. Comme dans un rêve, Mickaël vit la scène se dérouler au ralenti… La trajectoire parfaite de la flèche, partie droit vers le centre de la cible, et l’autre homme lui faisant face, planté devant la cible, semblant n’avoir rien vu, et qui allait être transpercé…

Stupidement, Mickaël se dit qu’en effet, la flèche allait faire mouche. Il voulut crier pour avertir cet inconscient, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il avait la même sensation d’impuissance qui peut vous saisir lorsque, dans un cauchemar, vous essayez de vous enfuir, que vos pieds s’engluent et que la panique vous paralyse. La bouche ouverte, il pensait : baisse-toi, bon Dieu ! Baisse-toi ! Simultanément, son esprit observait l’homme. De taille moyenne, brun, il était vêtu d’un pantalon de toile de couleur claire, d’un teeshirt noir et d’une paire de chaussures de sport. Puis tout s’accéléra : la flèche s’enfonça profondément dans la poitrine de l’homme avec un bruit mou, humide et désagréable, et l’homme sembla enfin s’apercevoir de la présence de Mickaël. Leurs regards se croisèrent. L’homme porta sa main à la poitrine, ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose et s’écroula sans un bruit. Mickaël déglutit et ses oreilles se débouchèrent.

Lâchant son arc, il a couru vers l’homme. Il respirait encore ! Dieu merci, il n’était pas mort ! Des idées désordonnées se bousculaient dans la tête de Mickaël : comment était-il arrivé ici ? Il faut le secourir ! Qu’ai-je fait, qu’ai-je fait ? Je vais avoir des ennuis ! Il faut que je l’emmène à l’hôpital ! Mais comment le transporter en 4×4 sur des chemins de terre ? Et je suis tout seul ici, sans personne pour m’aider ! Se penchant sur l’homme, Mickaël lui demanda :
- Ça va ?
Comme si ça pouvait aller bien avec une flèche enfoncée de dix bons centimètres dans la poitrine, et dans la région du coeur en plus !
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Ah… J’ai mal… répondit l’homme d’une voix faible, une main toujours posée sur la poitrine.
Cette question augmenta la panique de Mickaël : l’homme ne savait pas ce qui s’était passé. Comment cela se pouvait-il ? Il avait quand même bien du le voir ! C’est complètement suicidaire de se planter ainsi devant une cible en plein champ de tir à l’arc ! Mickaël ferma les yeux et s’invectiva : Mickaël, bon sang, calme-toi ! Respire ! Utilise ta cervelle pour dominer les événements, reprends le contrôle et analyse calmement et rationnellement la situation !

Il rouvrit les yeux. L’homme était toujours là. La flèche aussi, qui avait pénétré très profondément dans sa poitrine et qui lui avait peut-être perforé le poumon ou plus grave encore, touché le coeur. Le sang commençait à s’étaler autour de la flèche, en une inquiétante tache sombre grandissante. Mickaël préféra ne pas toucher la flèche, pensant que la retirer pourrait accélérer l’hémorragie. Il se dit qu’un analgésique ferait du bien au blessé, ou en tous cas calmerait sa douleur. Il se redressa et courut jusqu’à son 4×4, garé à l’arrière du clubhouse, pour y prendre la trousse de secours et une bouteille d’eau. De retour, il passa derrière l’homme, mit ses mains sous ses aisselles et le tira pour l’asseoir tant bien que mal en l’adossant à la cible. Il prit quatre cachets d’aspirine et les lui fit avaler avec un peu d’eau.

Il fallait s’occuper de la blessure. Mickaël prit les ciseaux de la trousse de secours et découpa le haut du tee-shirt pour mettre la blessure à nu. Il y versa un peu de teinture d’iode, tout en regrettant de ne jamais avoir suivi une formation de secouriste. C’est alors que Mickaël remarqua la bien étrange ceinture de l’homme : elle était noire et il ne l’avait pas aperçue jusque là car elle se confondait avec la couleur du tee-shirt. Large de dix centimètres, elle comportait à la place de la boucle un écran et quelques touches, le tout faisant penser à un mini ordinateur ou à un téléphone portable de troisième génération. Des données étaient visibles, une série de chiffres écrits à l’envers. Mickaël se plaça derrière l’homme pour lire plus commodément : 2010 08 22 08 33 25

Il s’aperçut immédiatement que le dernier chiffre changeait au rythme des secondes et comprit que l’affichage correspondait tout simplement à la date et à l’heure : le 22 août 2010 et il était un peu plus de huit heures et demie. Mickaël était perplexe : drôle de montre, ça doit être pratique pour regarder l’heure ! Apparition spontanée… Mais enfin, d’où sort-il ce gars-là ? Et ne pouvait-il pas en sortir un peu avant, ou un peu après ? C’est complètement insensé ! En un éclair, Mickaël réalisa que cet accident risquait de donner un argument  supplémentaire à la municipalité qui voulait fermer le club de tir à l’arc pour des raisons de sécurité, sans pour autant proposer de solution de remplacement. Le club allait-il disparaître faute de disposer d’un endroit approprié ? Qu’allait devenir la bande de copains qui pratiquait le tir à l’arc avec d’autant plus de plaisir que souvent, le dimanche midi, un barbecue était organisé avec les épouses et les enfants et que…

Un râle ramena Mickaël à l’urgence de la réalité. Il venait de grièvement blesser un homme, il devait le secourir au plus vite, faute de quoi il risquait de mourir. Il se pencha sur l’inconnu et lui demanda aussi calmement qu’il le pouvait :
- Est-ce que ça va un peu mieux ?
Clignement de paupières.
- Oui, oui, c’est ça, reprit Mickaël. Fermez les yeux une fois pour me dire oui, et deux fois pour me dire non, d’accord ?
Un clignement : oui, il était d’accord.
- Vous saignez, mais pas trop quand même. Je préfère laisser la flèche en place, elle a peut-être sectionné une veine ou une artère et dans ce cas elle empêche le sang de s’écouler abondamment, mais si je la retire vous risquez une hémorragie plus importante.Vous comprenez ?
Un temps d’attente, puis un clignement.
- Nous allons attendre un peu, pour laisser aux médicaments le temps de faire leur effet et pour calmer vos douleurs. Je n’ai pas pris mon portable ce matin, je ne peux pas appeler les secours. Le stand de tir à l’arc ouvre en principe à neuf heures, mais j’ai la clé et je suis venu tôt ce matin, ce qui fait que pour l’instant, nous sommes seuls ici tous les deux. Mais d’autres membres du club vont arriver d’ici peu et nous aurons alors soit un téléphone, soit de l’aide pour vous transporter plus commodément à l’hôpital de Fontainebleau. Ce n’est pas loin, vous y serez vite. D’accord ?
Un clignement.
Bon sang, quelle merde ! se dit Mickaël. Il est blessé –je l’ai blessé !- et je vais fatalement avoir un max d’ennuis ! Et s’il meurt… J’aime mieux ne pas y penser ! Mickaël se pencha à nouveau vers lui :
- Pouvez-vous quand même parler un peu ?
Un clignement.
- Comment vous appelez-vous ?
L’homme sembla faire un gros effort et répondit dans un souffle :
- … Julien Bousquet.
Ce nom évoqua un très vague et très lointain écho dans la mémoire de Mickaël qui déjà enchaînait :
- Julien Bousquet. D’où venez-vous ?
- … 2024…
- De quelle rue, de quelle ville ?
Deux clignements : non.
- Ce n’est pas un numéro ?
Deux clignements.
- Que voulez-vous dire?
- … Mais 2024…
Mickaël lui dit doucement, comme s’il parlait à un enfant :
- Je ne comprends pas. Essayez de m’expliquer autrement plutôt que de répéter 2024.
Julien Bousquet regarda Mickaël puis soupira, paraissant résigné.
- … Futur… Viens du… Futur…
Mickaël n’arrivait pas à donner du sens à ce que disait Julien Bousquet. Puis il comprit que l’homme avait dit « Mai 2024 » et non pas « mais 2024 ». Incrédule, il lui demanda :
- Vous venez de … de l’année 2024 ? Du mois de Mai 2024 ?
Un clignement : oui. Mickaël était époustouflé. Cela dépassait l’entendement, pourtant il crut l‘homme instantanément.
- Vous venez du futur !
Ce n’était pas une question, mais Julien Bousquet cligna des yeux une fois.
- Mais comment ?

Julien Bousquet montra sa ceinture. Une machine à voyager dans le temps ? Pfff… En tous cas, cela expliquerait la soudaine apparition de l’homme : venant du futur, il se serait matérialisé ici, devant Mickaël, au moment précis où il lâchait la flèche. Pas de chance ! Et Mickaël réalisa que si Julien Bousquet avait pu se placer à cet endroit en 2024, cela signifiait que le club, à cette date, n’existait plus et sans doute depuis assez longtemps pour qu’il ait disparu de la mémoire des gens, et de ce Julien Bousquet en particulier… Mickaël le fouilla, mais en vain : Julien Bousquet n’avait rien sur lui, rien sauf cette étrange ceinture, sur laquelle il venait de poser la main. Essayait-il de retourner chez lui, de retourner dans le futur ? D’un coté Mickaël serait soulagé et content d’être débarrassé de lui et surtout de sa responsabilité dans cette sale blessure, mais de l’autre, il était tellement intrigué par cette machine qui pouvait être très, très, très intéressante… Voyager dans le temps ! Qui n’en avait jamais rêvé ? Il empêcha l’homme de toucher l’écran et lui défit sa ceinture. L’objet n’était pas très lourd. Son fonctionnement et son maniement étaient un mystère total pour Mickaël.
- Rendez la moi…
Mickaël sursauta. Dans un souffle, Julien Bousquet reprit :
- S’il vous plait… Rendez-la-moi… Je veux retourner chez moi.
- Oui, oui, je vais vous la rendre, répondit Mickaël. Et après un temps de silence, il poursuivit : mais dites-moi, qui a inventé cet appareil, et quand a-t-il été inventé ?
- Moi qui l’ai inventé… C’est à moi… Rendez-la-moi…
Un soupir… Julien Bousquet avait perdu connaissance. Mickaël était tellement fasciné par cette ceinture qu’il perdait le contact avec la réalité. Il l’examina attentivement. L’écran et les quelques boutons servaient sans doute à programmer la date à laquelle on voulait se rendre. La date et l’heure étaient toujours à l’affichage, et les secondes s’égrenaient. Il découvrit plusieurs petites poches à l’intérieur de la ceinture. La première contenait près de mille Euros en billets qui semblaient parfaitement valables. La seule date qui figurait sur les billets en Euros était 2002, ce qui correspondait à la date de début de circulation des Euros, mais pas à la date de fabrication des billets. Cela ne permettait pas de vérifier qu’ils venaient du futur.

Quant à savoir comment étaient attribués les numéros de série… Peut-être la date était-elle codée dans ces numéros, mais Mickaël n’en savait rien. Les autres poches étaient vides, sauf la dernière dans laquelle il trouva les papiers de l’inconnu. Sa carte d’identité lui apprit qu’il s’appelait effectivement Julien Bousquet, né à Orléans en 1988. La photo était ressemblante. Il paraissait avoir un peu plus de trente ans, et s’il venait vraiment de 2024, cela lui en faisait trente-six. Taille (un mètre soixante-douze), couleur des yeux (marron), carte d’identité émise en 2021 avec une adresse à Paris, tout semblait concorder, chaque élément que Mickaël découvrait apportait de la cohérence aux affirmations de Julien Bousquet qui semblait bel et bien venir du futur. Pensif, Mickaël en tira la conclusion que l’homme qu’il avait blessé était actuellement présent deux fois sur terre : là, gisant devant lui, il avait trente-six ans.

Et ailleurs, peut être à Orléans où il était né, ou à Paris où il résiderait en 2024, existait un jeune homme de vingt-deux ans qui peut-être rêvait du voyage dans le temps sans se douter que plus tard, en mai 2024, il inventerait une machine à voyager dans le temps qui prendrait la forme de cette ceinture, qu’il l’utiliserait pour venir ici aujourd’hui et que…
- De l’eau…
Mickaël sursauta à nouveau et revint à la réalité. Machinalement, il glissa l’argent et les papiers dans sa poche-revolver. Se penchant sur Julien Bousquet, il lui fit boire quelques gorgées.
- Dites-moi, quand avez-vous inventé cet appareil ?
- … Aujourd’hui…
- Il en existe d’autres ?
Deux clignements : non il n’y en a pas d’autre.
- Quelqu’un d’autre que vous est-il au courant de l’existence de cet appareil ?
Deux clignements.
- Comment ça marche ?
- … Faut… Ah !
Julien Bousquet hoqueta plusieurs fois et un flot de sang jaillit de sa bouche. Ses yeux se révulsèrent et après un dernier sursaut, il s’immobilisa.
- Hé !!! Réveillez-vous !
Pour se débarrasser de la ceinture qui lui encombrait les mains, Mickaël la fixa autour de sa taille. Il secoua l’homme puis, se rendant compte que ce n’était sans doute pas très indiqué dans son état, il lui prit le pouls. Il eut beau chercher, rien… De sa main droite, il palpa l’homme au niveau des carotides. Pas davantage de signe de vie. Mickaël se rendit à l’évidence : Julien Bousquet était mort. Par sa faute. Mickaël jeta un coup d’oeil alentour. Rien ni personne ne pouvait l’aider.

Merde, merde et merde ! se dit-il, paniqué. Que faire ? Me voilà avec un cadavre sur les bras ! Et c’est moi qui l’ai tué ! La catastrophe totale ! Il consulta sa montre : huit heures trente-neuf. A neuf heures, il y aura du monde ici, d’autres membres du club vont arriver, c’est sûr, et les premiers d’entre eux seront là avant neuf heures. Il restait à Mickaël moins d’un quart d’heure pour se tirer de ce pétrin.