Merci à tous!

La cérémonie des funérailles de Monsieur Philippe Orséro aura été un moment de grande communion au sein de notre équipe et avec la famille de notre Professeur de Musique. Je tenais à vous écrire ma reconnaissance et mes remerciements!

Vous avez été très nombreux à venir entourer les proches et les amis de Monsieur Orséro. Anciens et actuels élèves, vous avez traversé Marseille avec tous les moyens possibles. Certains se sont levés très tôt pour parcourir une partie du chemin à pied; d'autres sont venus avec leurs parents; d'autres aussi ont changé plusieurs fois de bus. Vous êtes tous venus avec une fleur à la main pour saluer la mémoire de votre enseignant. Chaque élève, dans la dignité et le respect, a suivi cet office émouvant, écoutant chaque témoignage, attentif à être à chaque instant silencieux et recueilli. Aucune frontière religieuse vous a retenu pour rentrer dans cette église et vous incliner devant le cercueil de celui qui vous a aimé et accompagné dans vos études.

Vous êtes venus en masse lui dire "Merci" et, au nom de toute notre communauté, je vous remercie à mon tour pour toutes les qualités de cœur qui sont les vôtres et par le formidable témoignage qui a été exprimé par vos larmes et vos fleurs, votre présence et votre sens de l'amitié.

Je vous propose que nous organisions une collecte jusqu'aux vacances de Pâques. Il s'agira de collecter des fonds afin de permettre à Candice et à sa Maman de réaliser un projet qui leur tiendra à coeur. Dans ce but vous pouvez faire passer une enveloppe cachetée à l'établissement. Si vous le souhaitez vous pouvez adresser un message dans cette enveloppe. Nous le transmettrons. L'ensemble des sommes collectées sera donné à Candice et à sa Maman lorsque la salle 8 sera rebaptisée du nom de Monsieur Orsero.
En vous remerciant tous je vous assure de tout mon dévouement.
Stéphane THIEBAUT

PS: En cliquant sur "lire la suite" ci dessous, je me permets de vous donner l'hommage que j'ai rédigé pour la célébration de jeudi. Je le fais en toute humilité et à la demande de plusieurs personnes.

Madame, Candice, à vous ses parents, ses grands-parents et ses sœurs, chers amis de la communauté éducative de Tour Sainte, à vous tous amis et proches,
Et à vous Philippe,

On n’écoutera plus jamais la musique de la même façon.

Les bruits de la salle 8 qui parfois inondaient les classes voisines finiront même par nous manquer. Les leçons de « Monsieur Flute », comme parfois les élèves vous appelaient, n’auront plus le même écho. Il sera désormais difficile de chanter car, à chaque fausse note, il nous manquera d’être sur l’estrade et de vous entendre rire et vous voir sourire gentiment. Il sera difficile de rire aussi, car vos imitations et votre bonne humeur permanente manqueront cruellement.

Votre dernier et ultime rappel plonge Tour Sainte dans une tristesse profonde dont chacun semble porter une infime part, faite de souvenirs et d’anecdotes, pour finir en un tout comme une symphonie. Chaque note de votre vie parmi les élèves et les professeurs sonne comme un adagio : plein de confiance, de mélancolie et de ferveur éducative. Rien de ce que vous avez entrepris n’a été superficiel, rien n’a été économisé : Vous vous donniez à votre mission parfois jusqu’à la limite de vos forces. Vous souhaitiez le meilleur pour les élèves qui vous étiez confiés. Tous savaient que vous ne faisiez pas semblant et que vous viviez vraiment de votre passion ! Je savais aussi que votre sensibilité aiguë vous faisait réagir face à la souffrance ou à l’injustice. Nous avons eu plusieurs belles discussions émouvantes où vous m’aviez confié vos doutes et vos combats, vos envies et vos colères. Je garde en moi tous ces souvenirs mais votre jovialité cachait parfois votre inquiétude...

Arrivé en 1996 à Tour Sainte en qualité de professeur suppléant, riche d’une licence d’éducation musicale, vous êtes définitivement installé à votre poste en septembre 1999. Votre activité à Tour Sainte vous conduira à mener de nombreux projets dont l’exemple le plus frappant fut ce grand spectacle au Dôme en juin 2003 et dont le titre « Jusqu’au bout de nos rêves » rendait hommage à la carrière de Jean-Jacques Goldman dont vous étiez un fervent admirateur. Ce spectacle fut une immense réussite pour notre établissement. Il contribua grandement à son rayonnement et à sa réputation. Si quelques uns prirent ombrages à l’époque de votre succès artistique, pour des raisons souvent mercantiles, je tenais à vous redire aujourd’hui un immense « merci » pour cette œuvre que beaucoup de nos jeunes ont encore en mémoire !

Depuis 2005, vous avez accepté de prendre en charge les classes d’art avec votre collègue d’arts plastiques. Par votre attention à chaque élève vous avez réalisé plusieurs grands projets et permis à chacun de s’ouvrir au monde de la création. « Avec ma guitare à la main, j’ai peur de rien ». Vous avez parfaitement rempli votre mission en percevant dans tous les secteurs de votre démarche pédagogique que chaque élève est un tout, construit par toutes les dimensions de sa personne : culturelle, artistique, affective, spirituelle et physique.

Ce regard aimant vous le posiez sur chaque jeune afin qu’il se surpasse et découvre en lui la richesse de ses talents. Par cette démarche vous donniez ce sens essentiel à la mission du professeur dans l’enseignement catholique : percevoir chaque enfant dans sa richesse en le plaçant au cœur du système éducatif. Rien n’est en effet plus essentiel que cette tâche donnée aux enseignants et de façon encore plus explicite à Tour Sainte : accueillir chaque jeune et lui donner toutes ses chances de réussir et de surmonter ses difficultés sans aucune forme de discrimination et avec la certitude d’agir en cela comme le Christ lui-même le fit « au plus petit d’entre les siens ».

« C’était un professeur, un simple professeur, qui savait qu’le savoir était un grand trésor ». Votre œuvre est devant vous. Tous les élèves ici présents sont venus vous rendre tout l’amour qu’ils ont reçus de vous durant près de 15 années. J’ai lu tous les messages qu’ils vous ont adressés sur votre blog, le site de Tour Sainte et votre Facebook. En annonçant publiquement votre rappel à Dieu je n’ai pas pu compter tous les yeux humides qui se cachaient dans la cours du collège et sur la passerelle du lycée. Ce bouleversement est allé si loin que certains ont éprouvé un besoin urgent de l’exprimer par des mots et un « Big up » comme ils savent si bien le faire... Voici sa conclusion par les élèves de 3ème C :

« Hommage à un prof apprécié, Une pensée pour un être aimé, il était bon, gentil, un homme à part, il aurait dû le savoir, avant qu’il ne soit trop tard, il avait le cœur immense, la musique était sa raison, il nous faisait partager sa passion, Parti trop tôt, il n’y aura jamais assez de mots, pour décrire Monsieur Orséro »

Nos élèves, notre équipe, les parents, tout le monde appréciait Monsieur Orséro. Ses derniers messages laissaient parfois craindre une intuition terrible de son départ avant d’avoir reçu une greffe. On sentait cependant dans ses écrits et dans ses mots une grande confiance. Il savait ce risque mais semblait l’envisager à la façon de l’homme juste, certain de ses convictions et de son espérance. Sur son site, il disséquait ses douleurs, ses peurs, ses espoirs, ses attentes. A la fin de son très récent article en hommage à Jean Ferrat, et alors qu’il parlait de son attente d’une greffe, il évoque cette future vie qu’il attendait avec impatience

« C'est beau la vie comme le chantait Jean Ferrat. Une vie est en passe de se terminer pour moi. Elle a duré 42 ans. J'y ai accompli de belles choses, même si je n'ai pas tout réussi. Bientôt, ma nouvelle vie commencera et je sais, par avance, qu'elle sera encore plus riche que la première. Pour le moment, je suis en transit, une escale forcée qui va durer encore quelques temps. Je fais en sorte qu'elle se passe au mieux. Mon instinct de survie me pousse en avant. Et j'y arriverai !!!! »

Cette autre vie commence pour vous mais elle vous éloigne à nos yeux. Elle n’est pas celle que vous attendiez et nous le vivons amèrement. Nous savons tous que votre première vie a été généreuse et riche, ouverte et profonde, je vous souhaite dans la seconde une immense paix et plein de chants de joie. De là où vous serez, veillez sur Candice et sa Maman ainsi que sur vos parents, vos grand-parents et vos sœurs. Continuez à accompagner vos élèves aujourd’hui si reconnaissants. Et nous, pour ne pas oublier votre œuvre, nous donnerons votre nom à la salle de classe où vous avez si longtemps enseigné !

Que Dieu vous garde !

Stéphane THIEBAUT