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Les Vanupieds (33)

Publié le 20 mars 2010 par Plume
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D'horreur, Alissa s’était reculée et la regardait, désorientée, suffoquée. Puis, réalisant subitement ce qu’elle avait provoqué sans le vouloir, elle s’effondra en pleurs :

« France ! »

Et se jeta sur elle.

« France ! France ! Pardon ! Ne souffre plus, je t’en prie, ne souffre plus… »

L’aînée se mordait les lèvres jusqu’au sang pour ne pas hurler de douleur alors qu’Alissa s’accrochait gauchement à sa robe, sans prendre garde, dans son désarroi, à sa cheville blessée.

« Pardon… pardon… »

Les tempes bourdonnantes, trempée de sueur, France ferma les paupières, tourna la tête sur le côté et tenta de la repousser :

« Pas grave… pas ta faute Alissa, parvint-elle enfin à marmonner, laisse-moi, ça… ça va passer… »

Alissa refusa de desserrer son étreinte, totalement paniquée. France gémit :

« Laisse… laisse-moi, Alissa… Adam, je… je t’en prie… ».

Adam reprit son aplomb, conscient de la gravité de la situation. Doucement il écarta Alissa :

« Viens, France a besoin de se reposer, s’il te plait ? »

Alissa était blême, malade d’angoisse. Elle se calla contre sa chemise, pleurant toutes les larmes de son corps.

« C’est ma faute ! C’est ma faute ! Hoquetait-elle, la nausée au bord des lèvres.

-  Mais non, ce n’est pas de ta faute ! Protesta Adam. Tu as entendu ? France elle-même te l’a dit ! Alissa, calme-toi, je t’en prie ! Elle va aller mieux, bientôt, tu peux lui faire confiance.

-  C’est… c’est vrai ?

-  Bien sûr ! penses-tu que je serai aussi bien si j’avais peur de perdre France ?

-   Elle a mal…

-  Oui, chuchota-t-il en passant sa main sur sa joue, gentiment. Oui, elle a mal. Mais elle est forte et ira mieux très vite, tu verras. Ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

-  Oui… »

Epuisée, Alissa appuya son front contre son cou et ferma les yeux. Adam contempla sa sœur aînée, le cœur chaviré et rempli d’incertitude. Avait-il eu raison de dire cela ? France tremblait convulsivement, blanche et creusée, mais elle serrait farouchement les poings et son regard affichait sa volonté inébranlable de lutter et de vaincre. Il eut alors la conviction profonde que oui, il avait eue raison.

Effectivement, au plus grand soulagement d’Alissa, l’état de France à laquelle elle se dévoua dans un grand désir de se faire pardonner se stabilisa. L’aînée put rapidement se rasseoir, faible certes mais plus décidée que jamais à se sortir de ce mauvais pas. Quand elle observait sa petite sœur à la dérobée, elle pensait : je lui ai flanqué une peur bleue. Elle a enfin renoncé à n’en faire qu’à sa tête ! Et elle en éprouvait soulagement et satisfaction. Cependant, elle en aurait conçu beaucoup moins si elle avait remarqué avec quelle mélancolie la fillette blonde contemplait les toits de la ville à travers les fissures des murs


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