La perte

Enflamme-moi

Parfois tu croises un homme et dans son regard tu y vois ta propre chute programmée.

Tu te dis : “Cet homme-là me perdra”.

Alors, tu te rends encore plus forte et ce faisant, encore plus désirable, et ce faisant, comme un but de sa vie, il voudra à tout prix conquérir la tour imprenable que tu es devenue.

Et tu te dis qu’il y arrivera. Mais au fond, tu espères qu’il n’y arrive pas ; car en prenant la tour, c’est ton cœur qu’il atteindra. Et ton âme aussi. Ton essence, les battements de ton cœur, le sang dans tes veines, tes passions, tes préférences, tes amitiés. Jusqu’à tes livres intimes….

Contre tout cela et le reste, que je n’écris pas par pudeur pour tes angoisses et tes chagrins, tu te bats.

Et voilà les amants devenus adversaires dans un combat sans merci ou les deux sont perdants. A moins que les deux ne gagnent en extase facile.

Parfois, tu croises un homme et dans son regard, déjà, tu sais “Celui-là, il me perdra. Celui-là, il m’aura.”

Dès ce moment, ne reste à l’amante que tu es que le retrait, la fuite afin de calmer les battements trop violents de ton cœur.

Tu peux aussi choisir de t’égarer dans les bras d’autres hommes pour ajouter de la distance entre toi et l’homme.

Mais, ce faisant, c’est toi qui te perds et, peut-être, tu le perds.

Parfois, tu croises un homme et tu te dis : “Celui-là, à me gagner, il me perdra !”

Et un jour tu succombes malgré tout, malgré les signes, malgré les serments non partagés, malgré ta raison, malgré ta beauté. Malgré l’amour.

Il te conquiert, il prend la tour. Il repart. Il oublie.

Et toi, tu restes là, sur le bord de la route, perdue, seule, idiote, ne pouvant même pas crier ta peine, ton chagrin, ton humiliation.

On leur ferme la gueule à tous ces sentiments à coup de « tu le savais« , ou de « il ne t’a rien promis », et à chacune de ces phrases, tu te prends une baffe de plus, tu ravales tes larmes, tu tombes plus bas. Te voilà souillée par cette médiocrité.

Parfois tu croises un homme…. et il repart avec un petit bout de toi, que tu ne voulais pas donner, que tu pensais avoir bien caché…

Perdue à jamais cette faculté de t’enflammer, de te passionner, peut-être même d’aimer ?

Dis-moi non…. sinon cet homme t’auras perdue pour cet autre qui, lui, t’aimera….

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