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Chaleurs funestes - 24/28

Publié le 08 octobre 2009 par Cathgenin

Depuis la piscine, les pensionnaires de la Grangerie entendaient le tumulte occasionné par l’installation des étals du Marché des Producteurs. Il se tenait sur la place de l’église et accueillait une foule que le village n’aurait p   as osé imaginer quelques années auparavant. Sa convivialité, le dévouement de ses organisateurs et le ton bon enfant qui s’en dégageait l’avait rendu si populaire que les communes avoisinantes y accourraient dès le milieu de l’après-midi.

Il fallait arriver de bonne heure pour s’assurer une place assise, mais la chaleur de la journée incitait Inès et ses amis à rester à l’ombre des pins parasols ou dans le bassin bleu marine dont l’eau, malgré le manque d’informations données par le thermomètre à tête de dauphin, devait avoisiner les 30 degrés.

Les petits enfants jouaient à l’intérieur de la maison, les adolescentes et Ilona regardaient un film et les adultes s’adonnaient aux joies de la baignade ou du farniente.

Le corps d’Inès luisait sous l’épaisse couche de crème solaire, mais n’avait pas échappé aux attaques d’un soleil trop violent.

Ses épaules étaient douloureuses et ses pommettes rougies laissaient présager une « pelade » inévitable. Elle se leva pour enfiler une chemise et laissa échapper un petit cri de douleur lorsque le tissu vint frôler sa peau. Elle se dirigea vers la grange pour en rapporter des parasols, espéra en trouver les pieds et fit rouler une brouette vers la bâtisse qui semblait endormie au beau milieu de la campagne. L’air était chaud, le bourdonnement des abeilles s’apparentait à un ronflement d’épuisement, les insectes voletaient et affaiblis par leur chargement, s’abattaient sur les marches, la Rouquine était alanguie sous un pied de romarin, les oiseaux ne chantaient plus, la torpeur s’était installée à la Grangerie et avait entraîné l’engourdissement, la somnolence de la nature toute entière.

Elle entra dans la grange, chassa de la main quelques toiles d’araignée, s’approcha des parasols en enjambant des antiquités et fut plaquée contre l’un des murs dont les pierres apparentes lui râpaient le dos et malmenaient ses coups de soleil.

De toutes ses forces, Paul la maintenait, faisait courir ses lèvres dans son cou, ses mains le long de ses cuisses, écartait le maillot Jeff de Bruges. Hébétée et engourdie, Inès n’opposait aucune résistance, retrouvait une vivacité bien éloignée de sa léthargie des instants précédents, s’abandonnait, se donnait totalement à cet homme dont elle n’avait pas soupçonné le désir.

La fougue de leurs ébats était d’une intensité telle qu’Inès avait le souffle coupé. Le dos au mur, elle recevait les étreintes de Paul avec une jouissance qu’elle croyait évanouie depuis la disparition d’Antoine.

Paul était robuste et puissant et elle mettait toute son énergie à savourer les plaisirs de la chair. Tous ses sens se réveillaient, sa sensualité guidait ses gestes charnels, sexuels, érotiques. Leurs corps réclamaient des caresses, s’effleuraient, se frôlaient pour mieux s’enlacer et se confondre.

Il la renversa sur un matelas poussiéreux et ils firent l’amour brutalement, avec cette violence que l’on met dans la passion, l’exaltation, à moins que ce ne soit dans le désespoir. Immédiatement, Inès écarta cette hypothèse lorsque Paul se fit plus tendre et cajoleur. Ils échangeaient des baisers doux, savoureux, exquis, jouaient, cherchaient où poser leurs lèvres et reprenaient leurs étreintes adultérines avec une ardeur frénétique.

Allongés l’un contre l’autre, leurs corps tentaient de se dégager, se reprenaient, s’éloignaient à nouveau et s’enflammaient, aimantés par un détail, une caresse.

Paul se redressa le premier, ne dit rien, passa la main dans ses cheveux blonds, aida Inès à se relever et à réajuster une tenue à peu près décente.

Il chargea la brouette vide de deux parasols en piteux état et s’éloigna vers la maison.

Inès sortit de la grange, le dos meurtri par la vigueur de Paul, le visage en sueur et le cheveu en bataille.

-   C’est du feu ! lança-t-elle à Pierrette qui étendait du linge devant chez elle.

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