Magazine Journal intime

Un petit ricard ?

Publié le 22 mars 2010 par Wawaa

Un petit ricard, histoire de protéger la couche d’eau jaune ? Je pensais avoir tout vu, tout testé, tout ramassé en matière de casse en supermarché. L’huile sur le tapis de caisse, c’était fait. La grenadine devant la caisse c’était fait. Le liquide vaisselle explosé sur le caisson et les billets imbibés, également. Le lait qui joue au petit poucet aussi. Le gros qui tâche qui porte bien son nom aussi. La bière n’en parlons pas et de la bouteille de soda tourbillonnante non plus…Je ne parle pas non plus des croquettes, litières, paquet de vermicelles et lentilles, café et pots de confiture qui peuvent aussi mettre un sacré bordel abimés.
Mercredi dernier, j’ai testé la joie de la bouteille de Ricard explosée devant la caisse. J’aurais presque pu éviter la catastrophe, presque.
J’étais en train de ranger les paniers comme on le fait quand on est seule en caisse et qu’il n’y a personne à encaisser. Ca permet de passer le temps, de se rendre utile et de se dégourdir les jambes après un long moment assise à gesticuler des bras pour passer des articles d’un côté à un autre.
Je vois arriver ce vieux monsieur à la moustache aussi blanche que ses cheveux. Il me parle de loin, et je ne comprends pas du tout ce qu’il me dit. Il a un énorme panier tressé d’où je vois dépasser des légumes, des paquets de pâte et deux bouteilles de Ricard.
Il me demande où se trouve le déboucheur pour les wc. Encore un qui a utilisé trop de papier ou qui en fait des grosses bien lourdes. Soit. Le temps que je réponde à la question, alors que je ne suis pas encore arrivée à ma caisse, je vois l’une des bouteilles de Ricard chancelante sur le bord du panier. Il avait posé le panier sur la caisse, en équilibre, insouciant, soucieux de trouver le produit miracle qui lui permettra d’éviter l’aventure ventoûse.
La bouteille chancelle une première fois et se remet d’elle-même. Je vois alors le monsieur tourné, prêt à décharger ses commissions sur mon tapis. Mais il a un mouvement de recul et la bouteille se rebalance. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle est déjà éclatée en mille morceaux inégaux sur le sol, dans un fracas indiscret, le liquide répandu irrégulièrement sur les carreaux blancs.
Un de mes collègues arrive. Je lui signifie de prendre sa caisse car je dois m’atteler à une activité trépidante : nettoyer ce bordel. Le vieux monsieur lui, est imperturbable. Il ne réagit pas vraiment, obsédé par son produit pour déboucher ses chiottes. Il commence à déballer ses commissions sur mon tapis et là je lui dis « Monsieur, passez à côté s’il vous plait, chez ma collègue, vous voyez bien que vous ne pouvez pas avancer ici ».
Alors que je viens de lui expliquer il me redemande encore où se trouve son fameux produit pour déconstiper ses canalisations. Je lui réexplique et il me dit « oh il faut que j’aille me chercher une autre bouteille de ricard aussi ».
Il s’en va, l’air étourdi, complètement hors de la situation et me voilà seule face à cette bouteille de Ricard qui n’en est plus vraiment une. Je file donc chercher un sac poubelle, une serpillère, un balai, une pelle et du papier…
L’odeur est si intense que j’en ai des hauts le cœur. Au moins le sol est désinfecté. Je ramasse d’abord les gros bouts de verre dont une partie avait été ramassé par la troisième caissière passée par là et qui avait du ouvrir sa caisse vu l’affluence de monde, tout à coup, au bon moment.
Je prends ensuite du papier essuie tout et j’essaie de ramasser les tous petits bouts auxquels il faut prendre garde car plantés dans les doigts c’est plutôt désagréable, voire douloureux.
J’éponge ensuite avec la serpillère rasta, - Bob pour les intimes -, tout le liquide qui fait des arabesques jaunies entre les joints des carreaux de carrelage. Les clients qui défilent à la caisse d’à côté m’agacent. Ils m’observent bêtement ou remarquent avec grande perspicacité que ça sent le ricard ! Que ça pue ! Et les petits rigolos me disent que je vais être saoule. Mais à ce moment là, ce n’est pas de ramasser tout ça qui me saoule.
Une fois le tout épongé, je repars à la réserve, vider le seau du Ricard qu’il contient, je mets à tremper la serpillère utilisée dans la javel, je prends un autre seau, une serpillère propre et je mets de l’eau bouillante avec un peu de produit. Parce que le Ricard, ça désinfecte, mais ça colle. Je repars nettoyer le sol pour que ça brille. Et ça brille.
Mais l’odeur de Ricard, persiste. Les gens aussi.Je n’ai alors qu’une hâte que ce soit la fin parce que dès lors je sais que je n’aime vraiment pas le Ricard !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog