Rêve
André sobre et en noir
J’ai rêvé d’André jeune. Pas alcoolisé. Pas défoncé. Sexy. Attirant. Comme je l’aimais quand je l’aimais. Bizarre. En descendant du train, il portait une robe de fille, une sorte de chemise de nuit, sur ses vêtements de garçon. Autrefois, j’insistais pour le travestir. Je souhaitais mettre en valeur ses traits fins. Délicats. Féminins. Il refusait toujours.
André: de passage à Neuchâtel
Sur le quai de la gare de Neuchâtel, je guettais qu’il arrive de son natal Jura, consciente que notre histoire avait touché à sa fin. Ce n’était plus ni la fiancée ni l’épouse qui l’attendait mais l’amie. Il est descendu du train cheveux lisses et blonds sur les épaules, vêtu de noir fluorescent. Une longue robe transparente, avec cinq volants verts, oranges et fuchsias au-dessus de l’ourlet, recouvrait sa chemise et son jean aussi sombres qu’un labo de photographe. André s’est approché pour m’embrasser. Il était beau, sobre et souriant. Sûr de lui. Très viril malgré ses vêtements féminins. Magnifique. Son regard aux couleurs feuillage pétillait. J’ai murmuré.
-Tu t’habilles en fille, maintenant?
-Oui. Tu vois, on change parfois. Faut que je passe aux toilettes.
En sortant des latrines, il ne portait plus l’habit de femme. Une ceinture blanche tranchait avec le noir profond de sa chemise et de son jean.
-Je préfère rester discret.
Nous nous sommes rendus au centre ville. La fête des vendanges battait son plein. Nous marchions sous le soleil d’automne, heureux comme lors de notre première sortie ensemble. Le bonheur n’a pas duré pas longtemps. Dans la foule j’ai perdu André. Je suis restée seule. Seule à le chercher sans le trouver.
J’ai erré longtemps à tenter de le croiser parmi la foule ivre de vin et d’alcools forts, tandis que mon coeur le savait mort.
Titre: Trace d’un fantôme. Photo réalisée le 2 février 2006.