Depuis dimanche, c'est le Printemps du Cinéma. Soit l'occasion d'aller voir plein de films pour pas cher, surtout pour moi qui n'aie plus le tarif étudiant. Dimanche, j'ai été voir Achille et la Tortue comme prévu. Le dernier Kitano Glory to the filmmaker ! m'avait laissé perplexe, je l'ai rangé dans les films "expérimentations" mais pas dans les films à revoir (contrairement à L'été de Kikujiro qui est un de mes films cultes).
Le dessin au dessus résume ce que je pense du film : terriblement drôle et terriblement triste. C'est l'histoire de Machisu, convaincu de devoir devenir un grand peintre, persiste à peindre et passe à côté de sa vie. On retrouve ce qu'on aime chez Kitano, l'humour absurde, brut et une émotion qui arrive subtilement (pas avec les gros violons tout ça). Et personnellement, je me suis reconnue dans cette recherche artistique folle où Machisu s'inspire très fortement de tableaux de maître pour trouver la gloire. Enfant, il est vierge de toute culture artistique, d'idées sur la peinture, il peint naïvement ce qu'il voit, dans son style enfantin. Et au fur et à mesure des rencontres, il est amené à l'idée que le vrai dessin c'est celui du réalisme jusqu'à ce qu'il rencontre un marchand d'art qui l'aiguillera sur différents mouvement de la peinture. Il se retrouve coincé avec toutes ces images dans sa tête et n'est plus capable de réfléchir par lui-même, il ne peut plus que copier sans digérer. Je trouve que c'est exactement ce qui se passe dans notre recherche artistique : le dessin premier quand on est enfant, libre de toute imagerie, puis le passage obligé de la copie, de l'inspiration et puis le plus difficile, la digestion de ce qu'on a vu, de ce à quoi on aspire.
Mais je m'égare et concernant le film, prenez un bon paquet de mouchoirs, allez voir ce film, c'est l'histoire d'une vie tragiquement drôle.
Sinon, lundi j'ai vu A Single Man, réalisé par Tom Ford (ancien styliste de Yves Saint Laurent et de Gucci). La photographie du film est magnifique, les gens sont beaux, bien habillés, on sent que chaque détail a été pensé, Colin Firth est George Falconer (le personnage principal du film), il y a un humour pince sans rire, des petits détails hilarants (comme la note "faire un nœud Windsor" sur son costume prévu pour son enterrement), mais voilà, pour moi, la sauce n'a pas pris. Ce film est tellement visuel, esthétisant qu'il y a des séquences où on a l'impression de voir une pub Levi's (je pense au passage où il rencontre un mec canon qui s'appelle Carlos, tee shirt blanc, jean, coupe à la James Dean, soleil couchant sur un parking) ou pour un parfum. L'émotion tente à chaque instant de jaillir, elle commence mais n'éclot jamais vraiment. C'est bien dommage, je suis sortie du film quand même rêveuse, mais avec un léger regret. C'est pas le film du siècle mais Tom Ford ne s'en sort pas mal pour un premier film, espérons que la prochaine fois ce sera la bonne (si prochaine fois il y a).
Sur ce, comme prévu, je vais aller voir Soul Kitchen de Fatih Akin ce soir :)
Bande-son : "Horchata", Vampire Weekend