DIALOGUES AVEC L'ERREUR
Diptyque photographique, G.AdC
La nuit rampe, va à reculons vers son tourment. Et que ceux qui surent haïr couvent leur déroute dans leurs bouges, forts de leur pus et de leurs croix, de leurs harnais et de leur pauvres délivrances !
Tous fils de la louve, semant les mêmes traîtrises, cuvant l'alcool des routes et l'herbe stérile, tenant le pas gagné, mais par l'autre...
Aux ardents nouveaux la suie de leur bal, aux cohortes flagellées cadences et levains, aux lendemains qui toujours chanteront la chance de tout déclore, repeindre les brèches, arrêter l'emplacement des charniers et l'heure des oriflammes.
L'enfer, ce sont parfois les Nôtres...
Peut-être que l'Un n'asphyxie que l'épars, pas les feux de l'énigme, peut-être n'y a-t-il de sevrage qu'on ne devine en le dissimulant – aveugle ou ignorant, s'offrant à qui jamais ne fit don de rien, assombrissant l'imprévoyance de l'heure, les promesses closes sur cette éternité à l'essai, vos suspects acharnements contre le lieu et ses rapines...
Pactes soumis aux temps mutilés, miroirs onanistes voués aux soifs et aux présages, gravant l'éclair sur les touffes et les grains, sur l'inachevé enfin dépris des scories, là où l'écart entre l'habitude de feindre de croire et la résignation à croire finira par s'effacer, où la raison de ton départ en sera l'unique conséquence, où l'on s'émerveillera de la clarté des enjeux simplement parce que les yeux ne verront que ce qu'est leur habitude de voir, mêmes couteaux, mêmes eaux intactes, mêmes cernes, mêmes cendres, mêmes veilles à peine habitées...
Pas une qui ne sache combien inassouvi tombera le dernier geste !
André Rougier
D.R. Texte André Rougier
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