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S2e19 : LE GOSPEL SELON BILLIE

Publié le 22 mars 2010 par Elinorbird

- Eli. On est en bas. On t'attend, m'informa Paige

- J'arrive!

- Dépêche toi! On va être en retard!

- Oui oui. J'arrive, confirmai-je, le kit main libre coincé dans l'oreille, enfilant mes chaussures à talons et attrapant mon chapeau à la volée.

(Mes clés. Mon baume à lèvres. J'ai des sous pour la quête? Oui. Ok... Mon carnet de note. Appareil photo. Lunettes de soleil, boucles d'oreille...)

Je jetai un dernier coup d'oeil dans le miroir et constatai que j'avais oublié de me maquiller.

(Zut!)

- Eli!? T'es là? Tu fais quoi? m'interrogea Paige qui était toujours au bout du fil

- J'arrive! J'arrive! Tu as eu Charlie? Il était prêt?

- Mais évidemment. Eli. Tu m'écoutes ou pas? Nous sommes tous en bas. Walter nous accompagne. Tout le monde est là. Jack, Charlie, Simon et moi. On n'attend plus que toi!

- Quoi? Charlie est descendu dans le village nous chercher? Avec Walter?

- OUI! s'impatienta Paige

- Trop gentil...

- Oui mais tu vas trouver le moyen de nous faire arriver en retard. Et tu sais que c'est mal vu de manquer le début de la messe... Billie va être folle de rage si elle nous voit débarquer en plein milieu.

- Oui! Je sais. J'arrive Paige!... Tu portes un chapeau?

- Bien sûr!

- Bon. Moi aussi... Et tu crois que je vais avoir trop chaud avec mes collants?

- ELI!!!!

(Oups)

- BIRD! martela Jack qui venait de s'emparer du téléphone. QU'EST CE QUE TU FOUS BON SANG!? DESCENDS!

- Ok...

- Si tu es en train de te maquiller, tu le feras dans la voiture!!! ON N'A PLUS LE TEMPS LÀ! continua-t-il

- J'arrive... pliai-je, intimidée par Jack qui avait vu juste...

J'étais effectivement en train de poser mon mascara, courbée en deux devant le miroir du salon, la veste et le sac sur le dos, prête à partir... Bon. Il avait raison. Je finirais dans la voiture...

J'attrapai le tout, crayons, fards, rouge à joues, rouge à lèvres... et les jetai dans ma trousse. Claquai la porte derrière moi. Couloir. Ascenseur. Je traversai le jardin et arrivai dehors, trouvant mes acolytes installés dans la Lincoln, ceinturés, prêts à mettre les gaz.

- Salut! chantai-je gaiement pour faire passer la pillule plus facilement

- Salut Eli. En piste. On décolle.

Direction Harlem.

***

Nous avions rendez-vous, à la Canaan Baptist Church of Christ (1), pour la messe de 11am. Billie allait chanter devant tous les fidèles, accompagnée de la chorale de Gospel qui faisait, depuis des années, la réputation et la fierté de cette église de Harlem. Billie avait fréquenté la Canaan pendant des années, lorsqu'elle vivait à Harlem et que, du haut de ses dix-neuf ans, elle bataillait pour se faire connaitre dans le monde de la musique...

Été 2001. C'était un jour de pluie. Billie était désespérée. Elle était à New York depuis presque neuf mois déjà et n'avait vu que des portes se claquer devant son nez. Elle vivait avec une nana complètement névrosée sur laquelle elle ne pouvait même pas compter. Elle se sentait extrêmement seule, n'avait pas d'amis à qui se confier et, marchant dans les rues de la ville, abritée sous son parapluie, le vague à l'âme et le coeur en bandoulière, ses pas l'avaient conduite sur la 116th rue, où elle avait finalement trouvé refuge. Le révérend Thomas Johnson l'avait accueilli et avait écouté son histoire. Il l'avait encouragé à persévérer, lui avait promis que Dieu finirait par entendre ses prières et lui avait proposé de faire partie de la chorale. Ainsi, elle pourrait au moins chanter devant un public tous les dimanches. Billie, ayant été bercée toute son enfance par les messes dominicales auxquelles elle assistait avec sa famille, eut l'impression, ce jour-là, de retrouver un semblant de réconfort et accepta sans hésiter. Et c'est ainsi que, pendant des années, elle avait fait vibrer ses cordes vocales dans la maison de Dieu, jusqu'à ce que, malheureusement, la drogue l'empêche de se réveiller à temps le matin et que Carlos l'incite à d'autres croyances que celle du Christ...

- Alors qui vient? demandai-je, tenant mon mini miroir dans la main gauche, le rouge à lèvres calé entre les genoux, le pinceau coincé entre les dents et la main droite fouillant dans ma trousse pour trouver mon blush.

- Ray, Susie et le petit Willy. Jimi et Sunny. Et nous... répondit Paige

- Je suis super excitée, déclarai-je. J'ai pris mon appareil photo!

- Ça m'étonnerait qu'il te laisse l'utiliser, m'informa Simon

- Ah bon?

- Non... Je ne pense pas...

- Zut...

- ...

- L'un de vous croit en l'astrologie? coupa Jack, l'air de rien, regardant le paysage défilé...

J'en fis tomber mon pinceau. Nous échangeâmes tous un regard interrogateur. Mais Jack restait impassible, observant avec attention le film de l'East River se dérouler sous ses yeux. Walter, qui avait plus d'une centaine de blocs à remonter vers le nord de Manhattan pour regagner Harlem, avait préféré emprunter le périphérique new-yorkais qui longeait les berges de part et d'autre de la ville, offrant par endroit une vue plutôt spectaculaire et donnant instanément ce sentiment de liberté, d'escapade, prémice d'un weekend en forêt dans les Catskills ou d'une journée ensoleillée à la campagne...

Personne n'osait répondre, alors, c'est Simon qui finit par se jeter à l'eau, maladroitement.

- L'astrologie!? C'est des conneries. Un truc de nana, débita-t-il, sans réfléchir

Paige fronça les sourcils. Elle ne savait pas si c'était du lard ou du cochon, mais ce genre d'affirmation machiste ne lui plaisait guère. J'aperçus la moutarde lui monter au nez. Cette histoire allait tourner au vinaigre... Jack tourna la tête pour constater que nous étions tous quelque peu, prostrés.

- Euh... Charlie!? intervins-je

- Hum?

- M.Goodwill m'a offert des pancakes hier! lancai-je à notre viel ami pour tenter de faire diversion. Je pense que nous sommes enfin devenus amis.

- Tu m'en vois ravi... répondit ce dernier

Silence gêné.

Walter s'arrêta finalement sur la 116th street, entre Lenox et 7th, et j'avais beau tourner la tête dans tous les sens, je ne voyais rien. Je m'attendais à trouver une superbe église de style gothique, avec un clocher dominant des tours en pierres ciselées, une nef impressionante pouvant accueillir des milliers de fidèles, des croisillons, des claveaux, des vitraux gigantesques laissant passer la lumière et créant des arcs en ciel, des contreforts, des embrasements, des croisées d'Ogives, mais rien... Au lieu de ça, alors que je sortais de la voiture, j'apercus Ray et Susie, Willy qui jouait au diabolo, accompagnés de Jimi et Sunny, debouts, devant un bâtiment qui ressemblait davantage à une salle polyvalente qu'à une église. Ils nous firent de grands signes de la main.

C'est ça la Canaan!??? pensai-je, déçue

Billie m'en avait tellement parlé, me décrivant cet endroit comme son refuge, le symbole parfait de la maison de Dieu... où tu viens chercher la paix quand tout fout le camp... avait-elle dit, que je m'étais imaginée un lieu féerique, vaste et chaleureux. Et au lieu de ça, j'avais devant moi une bâtisse moderne, un bloc rectangulaire de briques rouges, avec une façade portes vitrées dénuée d'intérêt. Sans la large enseigne blanche "Canaan Baptist Church" et la croix qui semblait par ailleurs avoir été jetée sur le toit du bloc de briques, on aurait plutôt pensé à un gymnase ou à un centre d'impôt.

- Bonjour Elinor, me salua Ray

- Elinor! cria Susie, me perçant le tympan en m'attirant contre elle. Comme tu es jolie avec ton chapeau! Quelle élégance!

- Merci Susie. Vous êtes absolument sublime dans cette robe fleurie, lui dis-je, retournant le compliment.

Billie tenait sans aucun doute son énergie et sa prestance de sa maman. Grandes, les épaules carrées, les jambes infinies et les fesses rebondies. On ne pouvait pas s'y tromper. Les King étaient des femmes de caractère. Belles et fortes. Avec un tempérament de feu. Susie avait la peau très claire, contrairement à Ray, qui était noir comme du charbon. Et de ce parfait mélange était née Billie, et sa peau caramel. Ray quant à lui était un homme doux, calme et observateur, qui avait depuis longtemps compris que s'il voulait avoir la paix, il valait mieux laisser Susie aux commandes. À quoi bon lui tenir tête. Elle finissait toujours par avoir le dernier mot. Et Ray était un homme du consensus, un homme amoureux et fier d'avoir à son bras un femme comme Susie. Peu importe si c'était elle qui portait la culotte. Il savait que, dans le fond, elle avait autant besoin de lui que lui n'avait besoin d'elle. Ils avaient juste une manière complètement différente de l'exprimer.

Billie était très proche de son père. Et ce depuis son plus jeune âge. Cette passion pour la musique qu'ils partageaient, avec Jimi, les avait tous les trois rapprochés. Le jour de l'annonce du départ de Billie, Ray était terrorisé de voir sa petite fille de dix-neuf ans partir, son baluchon sur le dos, mais il était surtout extrêmement fier. Son ambition lui rappelait la sienne, lorsque, des années plus tôt, il avait rencontré Bob Dylan dans ce bar de Greenwich et qu'il croyait dur comme fer devenir un jour un chanteur de blues. Mais la vie en avait voulu autrement et maintenant que sa Billie et son Jimi frôlaient de si près le succès et la gloire, il comprenait pourquoi. Rencontrer Susie et fonder cette belle famille avait en partie permis de donner vie à ces deux talentueux musiciens. Il était si fier que cette pensée lui fit venir une larme, en ce dimanche de messe, alors qu'il venait à Harlem écouter sa fille chérie, chanter en solo, accompagnée de la chorale de la Canaan.

Les King étant très croyants. La religion avait toujours eu une place prépondérante dans l'éducation de Billie. Ils n'oubliaient jamais de se tourner vers Dieu pour le remercier d'être en vie, d'avoir un toit, une famille, la santé. C'était dans leur culture, dans leur approche de la vie. Et savoir que leur fille tirait profit de cette éducation le ravissait.

Il était 10.55am. La messe allait bientôt commencer. Nous décidâmes de rentrer pour nous installer...

***

Portes vitrées. Long couloir sans aucun intérêt. Murs blancs. Carrelage beige...

Mais on n'est pas dans une église! Cest pas possible!!! m'écriai-je intérieurement.

À droite, accroché au mur, un portrait du pasteur, souriant, bon enfant. À gauche, des prospectus scotchés, informant des nouvelles de la semaine, des réunions de la communauté, des petites annonces... Un peu plus loin, une ribambelle de petites femmes en uniformes. Tailleur-jupe rouge, béret rouge, lèvres rouges, fleur noire à la boutonnière. Telles des ouvreuses de théâtre, elles semblaient gérer l'organisation et le bon fonctionnement. Elles nous saluèrent, souriantes, et firent signes à un des hommes en noir, eux aussi très élégants, de s'occuper de nous. L'un d'eux arriva. Une petite grand-mère chapeautée me dépassa, robe blanche et chapeau fleuri enfoncé sur ses cheveux gris et soyeux. Pas pressé. Elle se hatait. La messe allait commencer.

Précédé de notre hôte, nous pénétrâmes dans la nef, qui, encore une fois, ressemblait davantage à une salle quelconque dans laquelle on aurait installé des bancs en bois, les uns à côté des autres, formant une sorte d'arc de cercle, tourné vers le coeur. Le coeur qui se résumait à une estrade moquette rouge, un piano à queue, une batterie et une guitare faisant face à une sorte de clavecin en bois. Au milieu, un pupitre et, de part et d'autre, la chorale des jeunes adultes et la chorale des enfants, vétus de noir et blanc, costume pour les garçons, jupe droite chemisier blanc pour les filles.

Ça s'affairait dans tous les sens. Les fidèles prenaient place, s'arrêtant à chaque instant pour saluer, embrasser, accoler, étreindre, incliner la tête, empoigner des mains, faire des signes, des sourires, ébourrifer les chevelures des enfants... Les femmes portaient chapeaux, boucles d'oreilles, manteaux de fourrure, dentelles, broches à cheveux, colliers de perles, le tout bon marché mais de si bon goût. Ils étaient tous beaux, tous souriants, tous impatients d'écouter le pasteur leur donner du courage et recharger leur batterie pour la semaine. Ils étaient heureux d'être là, en famille. Car cette église était leur famille. Ils se connaissaient tous, depuis toujours, avaient grandi ensemble, traversé les épreuves ensemble, tous les dimanches, entre ses murs, se serrant les coudes, s'échangeant des messages de réconfort et d'espoir et repartant, chaque fois, avec une part de Dieu dans leur coeur.

Et d'un coup, je réalisai que l'esthétique de cette église n'avait finalement aucune espèce d'importance. Ce qui comptait c'était les gens qui la remplissaient. C'était eux qui faisaient la beauté de ce lieu...

Ray et Susie s'installèrent. Suivis de Paige et Simon puis Charlie. Sunny et Jimi avaient pris place derrière moi. Jack avait disparu. N'étant pas des habitués, nous étions rapidement repérés par les fidèles. Des regards de sympathie s'échangèrent. Des sourires, des saluts. Devant moi, à côté de Paige, une femme se tourna et nous serra la main en signe de bienvenue. Elle nous tendit un papier et nous expliqua le déroulement de la messe. Jack apparut soudain et se faufila entre les genoux pour venir s'asseoir à mes côtés. Nous étions silencieux, respectueux de cette sérénité ambiante.

Une femme, forte mais terriblement sensuelle dans sa robe noire des années 1950, un bandeau en satin retenant sa magnifique chevelure de boucles rebondissantes, était postée derrière le pupitre et chantait, les yeux fermés. Simplement accompagnée du pianiste. Sa voix était si profonde qu'elle venait vous titiller le coeur et le faire remonter jusqu'à la gorge. Je sentais l'émotion m'envahir et les larmes monter... Un petit monsieur, tiré à quatre épingles dans son trois pièces en jersey gris, apparut et se dirigea vers elle dans une démarche souple et légère, suivant la mélodie. Et, alors qu'elle finissait le couplet, il mêla sa voix limpide et claire à la sienne et ensemble, ils entonnèrent le refrain, dans une harmonie si parfaite que le silence se répendit dans l'assemblée. Mes poils se hérissèrent. Mon coeur se serra.

Moi qui ne fréquentait jamais les églises, je fus instannément émue par la chaleur humaine qui se dégageait de cet endroit. Soeur Soleil finit son cantique et le pasteur pris place derrière le pupitre. La messe commença.

***

Le révérend Thomas Johnson était un beau monsieur, le visage lumineux, les yeux malicieux, les cheveux courts et crépus. Il portait une large aube noire à galon doré sur son costume noir chemise blanche cravate bordeaux. Son sourire bon enfant était rassurant et je compris sans effort le réconfort que Billie avait pu trouver en cet homme pendant ses dures années.

Son message était clair et empli de joie. Dans la maison de Dieu, on se sent chanceux. On se sent heureux. Dans la maison de Dieu, on remercie le Seigneur pour la vie que l'on a, pour les bonheurs de chaque jour. J'observais et j'écoutais, attentive. Les fidèles avaient les yeux qui pétillaient, et réagissaient à chaque phrase prononcée par le pasteur.

"Dieu prend ma main" "AMEN" "AMEN" "Dieu guide mes pas" "YES!" "Dieu m'accompagne" "YES!" "AMEN" "AMEN" "AMEN" "AMEN" "AMEN"

Un soliste entra en scène et, reprennant les paroles du révérend:

God

Hold my hand

Guide my feet

Stand by me

While I'm in this race

I don't want to run this race in vain...

Je trépignai d'impatience de voir ma Billie apparaître. Un autre pasteur se posta derrière le pupitre et débuta son sermon. Pasteur Francis. Il nous parla des trois leçons à retenir, aujourd'hui, pour repartir plus fort:

Lesson #1 Never believe that your situation is so bad that God can't turn it into something good.

Ne jamais croire que ta situation est désespérée. Dieu peut toujours te venir en aide. Dieu guide tes pas. Dieu pardonne, Dieu accepte. Dieu te relève et t'élève. Peu importe les erreurs commises par le passé. Peu importe que tu sois honteux, misérable. Ce qui importe ce sont les choix et les décisions que tu prendras aujourd'hui.

Lesson #2 Never judge other people by their situation cause we don't know how God is gonna lift them up.

Ne juge pas ton prochain. Prie pour lui. Si tu ne peux pas lui venir en aide, au moins, ne fais rien pour le blesser davantage. Prie pour lui. Et rappelle toi que si tu juges, tu seras jugé en retour.

Et il continua à énoncer ses conseils, sous les regards attentifs et les approbations de la foule. Il prit l'exemple des drogués, des dealers, des voleurs. Et rappela qu'il était toujours possible de changer. Je pensai à Billie qui, lorsqu'elle avait sombré, avait malgré tout toujours trouvé la porte de la Canaan ouverte. Jimi et sa foi en Dieu l'avaient aidée à s'en sortir, à quitter Carlos et à croire à nouveau. Telle était la leçon #1. Ta situation n'est jamais désespérée. Dieu peut toujours te venir en aide. Et il faut croire qu'il avait finit par entendre ses prières...

Je surpris Ray donner un coup de coude à Susie, pointant du menton vers la droite. Je suivis son regard et je la vis. Dans sa robe du dimanche, façon hippie, une des seules robes qu'elle possédait, car Billie ne portait que des jeans et des shorts. Elle avait laché ses cheveux qui tombaient sur ses épaules, tels une vague ondulante. Elle portait du rouge sur ses lèvres et avait les joues rosies par le trac. Elle se triturait les mains en regardant droit devant elle. Une vieille femme lui tira la manche pour attirer son attention. Billie se tourna et l'embrassa avec tendresse, en souriant. Puis revint dans sa position initiale, concentrée, immobile.

Le révérend Johnson reprit la parole et invita les fidèles à se tourner vers les nouveaux venus. Charlie, Jack, Paige, Simon et moi étions les seuls blanc-becs de l'assemblée et nous n'avions pas manqué de nous faire remarquer. Tous les regards convergèrent vers nous et des mains se tendirent. Nous les attrapâmes avec joie et en coeur, les fidèles prononcèrent à notre attention, un message d'accueil et de bienvenue:

"Welcome to Canaan

We love Jesus here

God bless you"

Des tapes chaleureuses sur les épaules, des sourires bienveillants. Nous échangeâmes un regard de complicité avec Paige, les yeux humides, émues par tant de sentiments positifs. Charlie discutait avec son camarade de droite, un vieux monsieur appuyé sur sa canne en bois, chapeauté d'un borsalino usé par les années. Sunny, voyant une larme ruisseler sur ma joue, me tendit un mouchoir en coton brodé. "Merci" chuchautai-je. Le pasteur enchaina sur les félicitations et les encouragements...

"Beaucoup de jeunes ont fréquenté cet église et pour certains, sont partis étudier à l'université, ou se sont bataillés pour réussir dans leur domaine de prédilection. Les jeunes de Harlem, de la Canaan, représentent l'avenir, et font la fierté de la communauté. Aujourd'hui, nous avons le plaisir de compter parmi nous Michelle, qui vient d'être diplomée en médecine et exerce maintenant à l'hôpital de Harlem. (...) Dean, en troisième année à l'université du Michigan, venu nous voir pendant ses vacances. (...) Et nous avons aussi l'honneur d'accueillir...

"Ça y est! C'est ma Billie!" trépignai-je

D'accueillir Billie King, qui a longtemps fait partie de la chorale de la Canaan et qui est aujourd'hui, avec son groupe Billie & the Pickles, en train d'enregistrer son premier album. Billie, viens nous rejoindre! Billie va chanter Oh Happy Day pour nous... Billie... Viens..."

Et Billie, toute timide, grimpa les quelques marches pour retrouver le révérend qui lui passa le micro après l'avoir encouragé d'une accolade. Susie et Ray se tenaient la main. Willy avait abandonné l'avion en papier qu'il avait fabriqué avec le programme de la messe et se tenait maintenant tranquille, les yeux grands ouverts, admiratif et attentif, prêt à écouter sa soeur chanter. Jimi et Sunny échangèrent un regard amoureux. Paige, Simon et Charlie se tournèrent vers Jack et moi en souriant. Jack posa sa main sur ma cuisse. Et les premières notes de piano se firent entendre...

Oh Happy Day by Lauryn Hill & the Sister Act Cast

Oh happy day (oh happy day)

Oh happy day (oh happy day)

When Jesus washed (when Jesus washed)

When Jesus washed (when Jesus washed)

Jesus washed (when Jesus washed)

Washed my sins away (oh happy day)

Oh happy day (oh happy day)

(La, la, la, la, la, la, la, la, la)

Oh happy day (oh happy day)

Oh happy day (oh happy day)

When Jesus washed (when Jesus washed)

When Jesus washed (when Jesus washed)

When my Jesus washed (when Jesus washed)

He washed my sins away

(La, la, la, la, la, la, la)

He taught me how (oh, He taught me how)

To wash (to wash, to wash)

Fight and pray (to fight and pray)

Fight and pray

And he taught me how to live rejoicing

Yes, He did (and live rejoicing)

Oh yeah, every, every day (every, every day)

(oh yeah) Every day!

Tout le monde chantait en coeur. Debouts. Tenant les mains de nos voisins et formant une chaine infinie. Se balancant de la droite vers la gauche, en rythme, ensemble. Ray n'avait pu retenir ses larmes. Les enfants de l'Église s'étaient approchés et formaient maintenant une troisième chorale improvisée, aux pieds de notre vedette Billie. Willy était debout sur le banc et Susie l'encourageait à aller rejoindre sa soeur et les autres enfants...

Billie était magnifique. Le mouchoir de Sunny était trempé... Mon mascara coulait sûrement sur mes joues mais je ne pouvais retenir mes larmes. L'émotion était trop grande. Charlie souriait. Paige souriait. Simon souriait. Jimi souriait. Sunny souriait. Jack souriait...

Oh happy day (oh happy day)

Oh happy day, yeah (oh happy day)

When Jesus washed (when Jesus washed)

When my Jesus washed (when Jesus washed)

When Jesus washed (when Jesus washed)

My sins away (oh happy day)

I'm talking about that happy day (oh happy day)

He taught me how (oh yeah, how)

To wash (to wash)

Fight and pray (sing it, sing it, c'mon and sing it)

Fight and pray

And to live

yeah, yeah, c'mon everybody (and live rejoicing every, every day)

Sing it like you mean it, oh....

Oh happy day (oh happy day)

I'm talking about the happy days (oh happy day)

C'mon and talk about the happy days (oh happy day)

Oh, oh, oh happy days (oh happy day)

Ooh talking about happy day (oh happy day)

Oh yeah, I know I'm talking about happy days (oh happy day)

Oh yeah, sing it, sing it, sing it, yeah, yeah (oh happy day)

Oh, oh, oh

Oh happy day.....

(1) Canaan Baptist Church, 132 West 116th Street, New York, NY 10026, (212) 866-0301 www.cbccnyc.org


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