Que la montagne est belle… Il s’agit juste d’une constatation matinale de ce que je vois de ma fenêtre ce matin. Face à moi un mur. Un mur blanc parsemé de taches foncées. Sapins, mélèzes, rochers… Blanc neige, bleutée par les ombres.
J’aime ces montagnes. Je les connais par cœur. Pour un peu je pourrais être une fille du pays… J’ai monté et descendu ces montagnes des centaines de fois. J’ai tracé partout de mes skis, raboté les bosses, contourné les mélèzes, au printemps, j’ai aussi pic niqué sur les rochers, les taches d’herbe, près des buissons à myrtilles.
Je connais les coins à chamois au fond de la vallée, et sais repérer les trous de marmottes, elles laissent toujours des traces quand elles sortent de leur trou…Je sais quand la neige sera froide, et où elle risquera de couler sous le soleil de l’après midi. Je connais le nom des montagnes qui nous entourent, les chapelles baroques cachées, nichées au creux des montagnes, les retables sculptés, je connais les hameaux de bergers et l’histoire du pays…
D’ailleurs, au sujet de l’histoire, la montagne face à ma fenêtre est celle ou il y a trente ans, Robert Blanc est mort. Emporté par une avalanche. Robert Blanc ? Googelisez, vous ne trouverez rien, ou presque. Quelle injustice ! Robert Blanc, un berger de la vallée, de cette vallée de l’Arc, qui créa un rêve blanc. Celui d’une station intégrée au paysage qui devint avec les ans l’une des dix plus grandes stations de France. Robert Blanc était un visionnaire qui rencontra un financier (Godino) et ensembles créèrent le domaine des Arcs.
Googelisez, vous trouverez un refuge, un derby, rien d’autre. Quel dommage…
Face à moi, dans l’un des couloirs, une coulée l’a emporté, mais son rêve a prospéré. Les anciens ne l’ont pas oublié, un type exceptionnel. Je vous recommande un livre : « Rêves de Bergers » par Claudie Blanc. On devrait tous en prendre un peu de la graine pour penser à allez de l’avant, à croire en nos projets aussi démesurés puissent-ils sembler.