Douanier Rousseau -
Le jardin aux fougères
Nous avions traversé le jardin aux fougères,
L'existence soudain nous apparut légère
Sur la route déserte nous marchions au hasard
Et, la grille franchie, le soleil devint rare.
De silencieux serpents glissaient dans l'herbe épaisse,
Ton regard trahissait une douce détresse
Nous étions au milieu d'un chaos végétal,
Les fleurs autour de nous exhibaient leurs pétales.
Animaux sans patience, nous errons dans l'Eden,
Hantés par la souffrance et conscients de nos peines
L'idée de la fusion persiste dans nos corps
Nous sommes, nous existons, nous voulons être encore,
Nous n'avons rien à perdre. L'abjecte vie des plantes
Nous ramène à la mort, sournoise, envahissante.
eu milieu d'un jardin nos corps se décomposent,
Nos corps décomposés se couvriront de roses.
Michel Houellebecq - La poursuite du bonheur -J'AI LU Poésies n° 5735