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Besson qui pleure et Guillon qui rit

Publié le 24 mars 2010 par Maldoror

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Bon, si vous avez raté la chronique de Stéphane Guillon lundi matin sur France Inter, vous n'avez probablement pas pu rater la polémique qui en a découlée.
Alors, pour faire court, Guillon a dépeint Besson comme une taupe du FN, infiltrée au PS avec le but de trahir le PS pour partir à l'UMP, défendre et mettre en place les idées du FN. Et il a parlé de ses "yeux de fouine", et de son "menton fuyant", un "vrai physique à la Iago" (le traître d'Othello).
Rappelons que Eric Besson, ex-PS, est passé à l'UMP (on ne peut pas dire que ce soient les mêmes idées qui soient défendues dans les deux camps, notamment sur le plan social), et qu'il applique depuis sans broncher une politique extrèmement dure du chiffre, en matière de charters et de reconduite à la frontière, n'hésitant pas une seconde à renvoyer chez eux des Afghans (rappelons que l'Afghanistan, n'en déplaise à Mr Besson, est toujours en guerre, et que des soldats français y meurent régulièrement dans des combats contre les Talibans). En fait, hormis l'imagination de Guillon, qui dépeignait Besson comme le fils spirituel de Jean-Marie Le Pen, le reste est exact : Besson a bien trahi le PS pour l'UMP, et il applique clairement une politique que n'aurait pas reniée Jean-Marie Le Pen.
Pour autant, et bien qu'il n'ait pas entendu la chronique, cela n'a pas plu à Besson, averti par SMS par des "amis" que Guillon y avait été fort. Lequel Besson, ministre de son état, est arrivé à Radio France très en colère, en affirmant qu'il allait répondre à Guillon à l'antenne et partir immédiatement, en plantant là les auditeurs et les journalistes. Lesquels lui ont expliqué que, quand même, il représentait le gouvernement en place, et que ça ferait un peu bizarre, au lendemain d'une défaite électorale aussi cuisante, qu'un ministre du gouvernement, et d'un ministère aussi contesté que celui de l'immigration et de l'identité nationale, se dérobe ainsi aux questions des auditeurs.
Besson est donc resté, en appelant France Inter à réfléchir à sa "responsabilité" dans les propos tenus sur son antenne. Menace même pas voilée de représailles gouvernementales, mais ça s'est toujours fait, en réalité.
Jean-Luc Hees, Président de Radio France, a présenté dés lundi ses excuses sur lepoint.fr, pour les "attaques sur le physique", qui n'ont "rien à faire sur l'antenne de France Inter". Je ne comprend absolument pas qu'on présente des excuses à un ministre, soit on vire l'humoriste si on estime qu'il a été trop loin, soit on se tait, mais la position de Hees est compliquée à tenir. Et il se murmure que tout ceci aurait été planifié dés la fin de la chronique de Stéphane Guillon, entre Eric Besson et Jean-Luc Hees.
Bien.
Mardi, évidemment, Stéphane Guillon en remet une petite couche, se demandant pourquoi Besson lui en veut tant, alors qu'il l'a dépeint comme un personnage fidèle depuis toujours aux mêmes idées (celui du FN), quand tout le monde voit en lui un traître. C'était une boutade, évidemment, Guillon est un humoriste, et Besson est probablement l'homme le plus haï de France, rien d'étonnant à ce que Guillon n'y aille pas avec le dos de la cuillère.
Et mardi, Eric Besson, ministre de son état, s'est dit "prêt à un face à face avec Guillon". Cet homme, ministre d'un gouvernement en place, qui a la responsabilité de renvoyer des afghans chez eux, dans un pays en guerre, a dit à Stéphane Guillon, bouffon de son état, et par l'intermédiaire de journalistes : "t'ar ta gueule à la récré" .
Pincez-moi.
Imagine-t-on Nicolas Sarkozy demander un face à face à la télévision avec sa marionnette des guignols ? Ce n'est pas la première fois qu'une personnalité menace Guillon de lui casser la gueule, physiquement ou verbalement. Je me souviens que Benjamin Castaldi voulait casser la figure à Guillon, à propos d'une attaque sur Flavie Flament. Bon, Castaldi, hein, c'est Castaldi, quoi. C'est Loft Story, QI le grand test, Secret Story, La ferme célébrités... On comprend qu'à son niveau de raisonnement, le cassage de gueule soit la seule répartie qui lui vienne. Mais un ministre...
Evidemment, Besson est une cible facile. Certains esprits, chagrins ou non, reprochent à Guillon d'enfoncer des portes ouvertes. Disons plutôt qu'il ne manque jamais de rappeler qui est Mr Besson (que tout le monde connaît, maintenant, mais je me demande s'il y a vraiment gagné), et que cela ne fait jamais de mal de rappeler que, de même que la solidité d'une chaîne s'évalue à la résistance de son maillon le plus faible, la démocratie dans un pays s'évalue aux actions et aux déclarations du membre le plus radical de son gouvernement. En l'occurence, avec Besson et Hortefeux, et leur politique du chiffre en matière de reconduite à la frontière, et au vu de l'explosion du nombre de défenestrations volontaires de sans papiers sous la présidence de Nicolas Sarkozy,  on peut dire  sans craindre l'euphémisme, que la démocratie en France n'a pas fait un bon en avant avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Et l'on peut ajouter que Eric Besson, avec son débat sur l'identité nationale, et Brice Hortefeux, avec ses auvergnats, ont été les deux grands pourvoyeurs de voix pour le FN aux élections régionales.
Bien entendu, tout ceci est téléphoné. Guillon sait qu'on veut le débarquer en juin, c'est planifié, Val a été mis à son poste par Nicolas Sarkozy dans ce but. Si c'est le cas, il aura besoin d'une sortie théatrale, un esclandre, un coup d'éclat, un baroud d'honneur. Comme l'explique très bien lepost.fr, Besson a en fait mordu à un énorme hameçon tendu sans aucune finesse particulière par un Guillon plutôt habile.
Si Guillon se faisait débarquer de France Inter, moi qui écoute cette radio tous les matins depuis au moins 35 ans, je changerais, probablement pour France Info (répétitive en journée, mais très intéressante en matinale), Val passerait pour l'exécuteur des hautes oeuvres, le valet servile d'un pouvoir qui réclame une tête, et Guillon passerait pour le martyr. En tout état de cause, Besson s'est une fois de plus ridiculisé, Hees a fait le toutou mais il n'avait pas le choix.
Je note tout de même que Nicolas Demorand prend la défense de Stéphane Guillon, cela me conforte dans la bonne opinion que j'ai de ce journaliste.

Très habile, Guillon, vraiment. Il faut dire qu'il a affaire à des gens qui sont facilement manipulables, et tellement prévisibles...


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