Nous pourrions commencer en disant qu'on savait que ça allait être mauvais. On s'était dit que Disney, que Tim Burton ne pouvaient pas restituer toutes les subtilités du texte. Mais on s'était dit également que malgré ces évidentes lacunes (le spectacle, l'époque...), il y eût de quoi faire une sympathique fantaisie, voire envoûtante. La réponse est brutale et donnée à la première seconde du film, pas même ont-ils ouvert la bouche : Non.
Alice dans le Wonderland sera Alice 2 le retour, ou toute autre chose d'ailleurs. Elle aurait pu être n'importe quelle gamine idiote partant défendre les gentils contre les méchants. Nous avons bien entendu rire de temps en temps autour de nous (les pauvres). Mais manifestement, ce n'était pas non plus l'enthousiasme populaire. 20 h 45 au cinéma pour plus d'une heure et demi de film.
Pas un enfant dans la salle. C'est un Disney, enfin ! Mais non, c'est du Tim Burton et c'est du Alice, donc ça doit être aussi un divertissement intellectuel. Se justifier d'aller voir et d'apprécier, surtout, une niaiserie. Et ce pourrait être une honte, que d'avoir corrompu à ce point l'œuvre d'un écrivain. Là encore, la bêtise a frappé, l'imbécile goût pour les représentations les plus faciles. Pas même l'effort de délirer, de jouer avec des contradictions ou des non-sens. Tout est plat, c'est nul, ennuyant du début jusqu'à la fin, jusqu'à la grotesque danse du chapelier (à qui rend-on hommage là ? à Mickael Jackson ?). Alice la niaise qui croit rêver. Tout ça pour livrer une morale des plus idiotes : écoute ton cœur ! Qu'on leur coupe la tête ? Mais parce qu'ils ne lisent pas ! Ils n'ont pas lu le texte ! Comme ils l'ont fait avec le "Benjamin Button" de F. Scott Fitzgerald, comme ils le feront encore et encore. Ils nous assassineront Kafka, Proust, Beckett et les autres car plus ils sont bêtes, moins ils en conviennent. Et tout cela passe si bien. La critique et le public. Cela ne te rappelle rien, Peter ?
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