Hymne aux déracinés

Photo de MACINAGGIO: Bettolacce Rogliano.
Auteur: Faivre Thierry - Panoramio - Photo trouvée sur le net -

Aux talons de ses souliers

Les rues des jours de marché
Piquantes et bariolées
Parfumées d'orange et de piment
Un régiment d'oliviers
Bordé de citronniers
Avec une maison devant
Mes premières joies du cœur
Devant un champ de fleurs
Sont marquées de rose et d'amitié
Quand j'évoque ces instants
Je sens que mon accent
Revient comme il était avant
On emporte un peu sa ville
Aux talons de ses souliers
Quand pour vivre plus tranquille
On doit tout abandonner
Les arcades tamisées
Où les petits cafés
Semblent s'allonger sur les trottoirs
La vieille maison de pierre
Le coin de cimetière
Où dort notre page d'Histoire
Les couleurs de la montagne
Sous le ciel qui s'enflamme
Par le feu tout proche du désert
C'est autant de souvenirs
Qu'on ne peut pas détruire
Pourtant, ils nous ont fait souffrir
Que l'on vive n'importe où
L'accent nous suit partout
Comme une ombre doublée d'un miroir
On le porte comme un drapeau
Planté sur chaque mot
Depuis qu'on a pris le départ
On emporte un peu sa ville
Aux talons de ses souliers
Et pour vivre plus tranquille
On doit tout recommencer
Enrico Macias
Hier nous voyagions avec Pierre Loti en Algérie... Curieux cheminement de la pensée... Je voulais rester dans ce pays, et puis me sont revenues en mémoire les paroles d'une chanson ancienne de Enrico Macias. Mélodie qui est l'hymne de tous les déracinés. Alors j'ai songé à un ami qui vient régulièrement me lire, et qui emporte toujours un peu de terre de son bien-aîmé Cap Corse aux talons de ses souliers... et j'ai pensé aussi à une jeune fille, qui a beaucoup réfléchi aux thèmes de la mémoire et de la trace... Pourtant, nous en avions longuement discutés ensemble, pourquoi n'avais-je pas songé plus tôt à ce texte qu'elle ne doit pas connaître?
La note du jour sera donc un clin d'oeil en direction de l'ami fidèle à son île, et à cette jeune fille exilée elle-aussi... Billet offert  également à tous les déracinés, nous sommes nombreux, à avoir été amputés d'une ville, d'une région, d'un pays ou d'un continent.