Venise du blog Le passe-mot m’a donné envie d’établir la liste des livres qui m’ont marquée.Exercice quand même sérieux. Que signifie « marquer »? Nous impressionner, laisser une marque, une empreinte forte, faire mal, nous impressionner, nous laisser sans mots, nous transformer. Livre dont on se souvient, dont on a retenu le titre même si on ne sait plus très bien pourquoi il nous a marqués.
Établir la liste m’a pris environ vingt minutes parce qu’il a fallu que je descende au sous-sol où est ma bibliothèque. Parce que par cœur, il ne me venait à l’esprit que les neuf premiers. Mais plus d'une heure pour trouver ou me souvenir du pourquoi. Sans ordre:
1- Les Line. C’étaient des albums comme les Spirou. Parce que j’en ai eu beaucoup du numéro18 au numéro 32 si je me souviens bien. Après où j’étais trop vieille, ou l’album n’existait plus. J’ai tellement appris dans ces albums. Je me rappelle encore la biographie de Marie Curie de l’aviatrice Amelia Earhart.
2- Les Claudine de la bibliothèque rose. Que d’aventures, que de beaux étés j’ai passés en compagnie de l’héroïne qui ne voulait rien entendre de se faire appeler Claudine. C’était Claude…comme moi. Je ne pouvais ne pas aimer!
3- L’Euguélionne de Louky Bersianik. Un livre qui devrait être en tête de liste. Le summum qui vous jette à terre. Les femmes à qui je l’ai passé m’en ont voulu un certain temps, même ma mère. Si ce livre ne vous rend pas féministe, je ne sais vraiment pas qui ou quoi y réussira. De plus unique en son genre dans le style, la forme. À mes yeux, inégalable.
4- Mathieu de Françoise Loranger. Je lui en veux encore à ce roman. Après sa lecture, j’ai jeté tous mes journaux intimes tenus entre 15 et 19 ans. Pour regarder en avant et laisser mon passé derrière moi, comme Mathieu. Une mine de renseignements qui m’auraient permis d’écrire sur cette période que j’ai tellement détestée.
5- Les mots pour le dire de Marie Cardinal. Presque aussi fort que l’Euguélionne. Personne avant et je dirais personne après aura parlé du sang de la femme comme Marie Cardinal.
6- Le rouge et le noir de Stendal. Je suis certaine d’avoir vécu à cette époque et d’avoir vécu des amours malheureuses.
7- Les mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. J’avais 15 ans, ma mère m’a conseillé cette lecture parce que j’aimais les biographies. J’ai été servie. Je l’ai relu au moins deux ou trois autres fois, à différents âges et je pleurais tout autant à la mort tragique de son amie Zaza. Entre autres. De plus c'est la faute de Simone de Beauvoir si j'ai voulu me rendre en France: suivre ses traces, voir là où elle avait vécu.
8- Jane Eyre de Charlotte Brontë. Les amours malheureuses, l’atmosphère pluvieuse et tristounette de la campagne anglaise. J’aime.
9- Les filles de Caleb d’Arlette Cousture. Un livre qui m’a marquée parce que je relis encore et je regarde sans me lasser la série télévisée. Il doit bien y avoir quelque chose pour que j’y revienne. Mon coeur romantique sans doute.
10- La détresse et l’enchantement de Gabrielle Roy. J’aime les biographies, mais aussi les autobiographies.
11- Journal à quatre mains des sœurs Groult. À la recherche d’une sœur, d’une mère. J’aurais voulu vivre leurs vies.
12- L’herbe et le varech d’Hélène Ouvrard. Le ton, le style, le parcours au bord du fleuve, au bord de sa vie. Il aurait été plus facile de trouver les lignes non soulignées.
13- Ces enfants qui font peur aux hommes de Jean-Guy Paquin. Je n’ai pas de mots pour ce livre. Que des émotions. Que de l’admiration. J’ai stagné pendant des mois dans mon écriture parce que je cherchais à écrire comme Jean Guy Paquin. Il ne faudrait d’ailleurs pas que je le relise, je succomberais encore.
Et, pour le simple plaisir de ne pas rester à 13, j’ajouterais le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers. Un livre, oui vraiment, qui m’a marquée. Du jour où je l’ai découvert, je n’ai jamais tant vanté un dictionnaire. Aucun autre ne trouvait grâce à mes yeux. Le Larousse était trop permissif, le Robert, je n’ai eu les moyens que de m’acheter le Robert des noms propres, mais de Villers! Les pages en sont venues grises tellement je l’utilisais. Il faudrait en parler aux publicitaires avec qui je travaillais, ils ne pouvaient rien me passer. C’est à regret que j’ai donné mon premier dont la couverture ne tenait plus que par une épaisse couche de papier collant. Mais je l’ai donné à ma nièce qui allait devenir traductrice, je le savais donc entre bonnes mains.