Hosanna au fils de David ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Dès le matin de cette journée, Jésus laissant à Béthanie Marie sa mère, les deux sœurs Marthe et Marie-Madeleine avec Lazare, se dirige vers Jérusalem, dans la compagnie de ses disciples. La mère des douleurs frémit en voyant son fils se rapprocher ainsi de ses ennemis, qui ne songent qu'à répandre son sang; cependant ce n'est pas la mort que Jésus va chercher aujourd'hui à Jérusalem : c'est le triomphe. Il faut que le Messie, avant d'être attaché à la croix, ait été proclamé Roi dans Jérusalem par le peuple; qu'en face des aigles romaines, sous les yeux des Pontifes et des Pharisiens muets de rage et de stupeur, la voix des enfants, se mêlant aux acclamations de la cité, fasse retentir la louange au Fils de David.
Le prophète Zacharie avait prédit cette ovation préparée de toute éternité pour le Fils de l'homme, à la veille de ses humiliations : « Tressaille d'allégresse, fille de Sion, avait-il dit; livre-toi aux transports de la joie, fille de Jérusalem: voici ton Roi qui vient vers toi ; il est le Juste et le Sauveur. Il est pauvre, et il s'avance monté sur l'ânesse et sur le petit de l'ânesse (Zacharie, 9, 9)
Voici le récit, décrit par Maman, de cette entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, telle qu’elle la « voyait », dans ses Méditations pour les 40 jours du Carême (18 février 1915):
« Laissez-les donc: la vérité sort de la bouche des petits enfants; s'ils ne la criaient pas, les pierres du chemin la crieraient à leur place »
Le Maître Divin envoie à l'avance à Jérusalem Pierre et Jean pour aller chercher sa monture, un ânon et une ânesse. Après avoir pris place sur l’ânon avec l'aide de ses Apôtres, le Christ descend la colline. Les petits enfants accompagnés de leur mère l'entourent et le suivent en criant: « Hosanna au Fils de David! ». Les juifs garnissent leurs maisons, et jettent sur son passage de la verdure, des fleurs, puis, unissent leurs acclamations à celles des enfants, au point d'étourdir et de fatiguer les Apôtres qui Le supplient d'écarter la foule et de lui imposer silence.
Mais Lui de répondre: « La vérité sort de la bouche des enfants; s'ils ne la crient pas, les pierres du chemin la crieront à leur place ».
Et d’ajouter :
Mon Jésus me demande qu'aujourd'hui, moi aussi, j'unisse mes louanges à celles des enfants de la Galilée pour réjouir et consoler son Cœur.
Prière
Mon doux Jésus, je veux aujourd'hui chanter vos louanges dans chacune de mes prières bien faites. Je veux vous chanter mon amour en cherchant sans respect humain à vous faire plaisir. Je veux enfin chanter vos vertus en les pratiquant : en étant une jeune fille simple, humble, mortifiée et pure, comme vous m'en avez donné vous-même l'exemple.
Abordons dans cet esprit cette Fête qui montre l’entrée glorieuse de Jésus à Jérusalem, assis sur un ânon, la monture royale par excellence dans l’Ancien Testament, mais qui nous fait entendre ensuite le récit de la Passion de Jésus, dans l’Evangile de Saint Mathieu.
Le triomphe de Jésus ne saurait être un triomphe humain. Roi, il l’est. Mais son triomphe sera celui sur le péché, sur la mort, sur Lucifer : et c’est sur la Croix qu’il règnera, qu’il sera Roi, comme il le déclare à Pilate.
Regnavit a ligno Deus » : Dieu règne par la Croix »
Et c’est seulement quand il aura été élevé de terre qu’il attirera tout à Lui (cf. Jean)
la benediction et la procession des rameaux
La bénédiction des Rameaux, est le premier rite de ce Dimanche ; et l'on peut juger de son importance par la solennité que l'Eglise y déploie. On dirait d'abord que le Sacrifice va s'offrir, sans autre intention que de célébrer l'anniversaire de l’entrée de Jésus à Jérusalem.
Les prières employées à leur bénédiction sont éloquentes et remplies d'enseignements. Ces branches d'arbres, objet de la première partie de la fonction, reçoivent par ces oraisons, accompagnées de l'encens et de l'aspersion de l'eau sainte, une vertu qui les élève à l'ordre surnaturel, et les rend propres à aider à la sanctification de nos âmes, et à la protection de nos corps et de dos demeures. Les fidèles doivent tenir respectueusement ces rameaux dans leurs mains durant la procession, et à la Messe durant le chant de la Passion, et les placer avec honneur dans leurs maisons, comme un signe de leur foi, et une espérance dans le secours divin.
Cette coutume. Elle commença de bonne heure en Orient, et probablement, dès la paix de l'Eglise, à Jérusalem. Déjà au IV° siècle, saint Cyrille, Évêque de cette ville, atteste que le palmier qui avait fourni ses branches au peuple qui vint au-devant du Christ, existait encore dans la vallée de Cédron.
ANTIENNE.
Hosanna filio David ! Benedictus qui venit in nomine Domini. O rex Israël ! Hosanna in excelsis!
Hosannah au fils de David ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur. O roi d'Israël! Hosannah au plus haut des cieux!
Puis, après la bénédiction, la procession commence, chacun tenant en main son rameau. Le Chœur chante des Antiennes en l'honneur de Jésus, Roi d'Israël :
ANTIENNE.
Six jours avant la solennité de la Pâque , lorsque le Seigneur vint dans la ville de Jérusalem, les enfants allèrent au-devant de lui. Ils portaient dans leurs mains des rameaux de palmier et criaient à haute voix: Hosannah au plus haut des cieux! Soyez béni, vous qui venez dans l'abondance de votre miséricorde ! Hosannah au plus haut des cieux!
ANTIENNE.
Une foule de peuple portant des fleurs et des palmes marche au-devant du Rédempteur, et rend un digne hommage à ce vainqueur triomphant. Aujourd'hui les nations publient la grandeur du Fils de Dieu, et à la gloire du Christ l'air retentit d'acclamations : Hosannah au plus haut des cieux!
ANTIENNE.
Fidèles, unissons-nous aux Anges et aux enfants; chantons au vainqueur de la mort: Hosannah au plus haut des cieux !
A l’entrée dans l’église, on chante l’hymne suivante :
Gloire, louange et honneur soient a vous, Roi-Christ, Rédempteur ! vous à qui l'élite des enfants chanta avec amour: Hosannah.
R/. Gloire, louange, etc.
Vous êtes le Roi d'Israël; le noble fils de David, ô Roi béni, qui venez au nom du Seigneur.
R/. Gloire, louange, etc.
L'armée angélique, au plus haut des cieux, l'homme mortel lui-même et toute créature célèbrent vos louanges.
R/. Gloire, louange, etc.
Le peuple hébreu en ce jour vint au-devant de vous avec des palmes ; nous voici à notre tour, avec des prières, des vœux et des cantiques.
R/. Gloire, louange, etc.
Vous alliez bientôt souffrir, lorsque ce peuple vous présenta le tribut de ses hommages; c'est à vous régnant aux cieux, que nous adressons ces chants.
R/. Gloire, louange, etc.
Leurs vœux furent agréés; que notre dévouement le soit aussi de vous, Roi de bonté, Roi de clémence, à qui tout ce qui est bon plaît toujours.
R/. Gloire, louange, etc.
Ce même jours, Saint Luc nous apprend que ce fut pendant sa marche triomphale vers celle ville que Jésus, près d'y entrer, pleura sur elle, et exprima sa douleur par ces lugubres paroles: « Oh ! si tu connaissais, aujourd'hui surtout, ce qui pourrait te donner la paix! Mais tout cela est maintenant caché à tes yeux. Il viendra des jours où tes ennemis t'environneront, te renverseront par terre, et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps de ta visite ».
Puis il chassa les vendeurs du Temple. Et saint Mathieu conclut cette journée en nous disant que Jésus se rendit à Béthanie, où il retrouva sa Sainte Mère, Lazare et ses deux sœurs, Marthe et Marie.
Terminons nous aussi cette journée, où nous avons médité également la 11° Station du Chemin de Croix, « Jésus est cloué sur la Croix », par ces strophes d’une Hymne de la Liturgie Grecque, qui a pour auteur Côme de Jérusalem : que cette prière soit pour nous une invitation à louer le Seigneur sur la Croix, le Fils de Dieu fait Homme, qui règne sur le monde, du haut de sa Croix :
Le Dieu qui est assis sur les Chérubins, au plus haut des cieux, et qui abaisse ses regards sur ie qu'il y a de plus humble, vient aujourd'hui dans la gloire et la puissance; tout est rempli de sa divine grandeur. Paix sur Israël, et salut pour les gentils !
Les âmes des justes s'écrièrent dans l'allégresse: Une nouvelle alliance se prépare aujourd'hui pour le monde ; les peuples vont être renouvelés par l'aspersion du sang divin.
Le peuple et les disciples fléchissent les genoux avec joie, et portant des palmes chantent: Hosannah au fils de David: vous êtes digne de toute louange, Seigneur, Dieu de nos pères; vous êtes béni.
La multitude au cœur simple, l'enfance naïve vous ont célébré comme il convient à un Dieu, vous, roi d'Israël et souverain des Anges: Vous êtes digne de toute louange , Seigneur, Dieu de nos pères; vous êtes béni.
Ton roi s'est présenté, ô Sion ! le Christ monte sur le petit de l'ânesse. Il vient délier le joug de l'erreur grossière qui poussait l'homme à adorer les idoles ; il vient arrêter le cours des passions aveugles qui règnent sur toutes les nations ; tous chanteront maintenant : Œuvres du Seigneur , bénissez-le , et exaltez son nom dans tous
les siècles.
Livre-toi à la joie, ô Sion ! le Christ ton Dieu règne à jamais. Il est doux, et il vient pour sauver, comme il est écrit de lui; il est le juste, notre rédempteur qui s'avance monté sur le petit de l'ânesse. Il brisera l'audace de ceux qui ne veulent pas chanter en ce jour ; Œuvres du Seigneur, bénissez-le, et exaltez son nom dans tous les siècles.
L'inique et obstiné Sanhédrin , qui usurpait le Temple sacré, est chassé aujourd'hui ; il avait fait de la maison de prière, de la maison de Dieu, une caverne de voleurs, et refusait son amour au Rédempteur à qui nous chantons : Œuvres du Seigneur, bénissez-le, et exaltez son nom dans tous les siècles.
Le Seigneur Dieu parait devant nous ; faites-lui fête solennelle; accourez pleins de joie; chantons le Christ, et portant des palmes , crions à sa louange : Béni celui qui vient au nom de Dieu, notre Sauveur!
Peuple, pourquoi as-tu frémi contre les Ecritures? Prêtres, pourquoi méditez-vous de vains projets ? Pourquoi dites-vous : Quel est celui devant qui les enfants portant des palmes s'écrient : éni celui qui vient au nom de Dieu, notre Sauveur?
Hommes sans frein, pourquoi semez-vous le scandale sur la voie? Vos pieds sont rapides pour répandre le sang du Seigneur; mais il ressuscitera pour sauver tous ceux qui crieront: Béni celui qui vient au nom de Dieu notre Sauveur !!
ONZIEME STATION DU CHEMIN DE CROIX
Jésus est cloué sur la Croix
/V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
_. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l’Évangile selon saint Matthieu 27,37-42
Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.» En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : «Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix !»
De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : «Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C’est le roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui !»
MÉDITATION
Jésus est cloué sur la croix. Le linceul de Turin nous permet de nous faire une idée de l’incroyable cruauté de ce procédé. Jésus ne boit pas le breuvage anesthésiant qu’on lui offre : consciemment, il prend sur lui toute la souffrance de la crucifixion. Tout son corps est tourmenté; ainsi les paroles du Psaume se vérifient : «Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple» (Ps 21 [22], 7). «Il était méprisé ... semblable au lépreux dont on se détourne ... Pourtant c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé» (Is 53, 3 s). Arrêtons-nous devant cette image de douleur, devant le Fils de Dieu souffrant. Regardons vers lui dans les moments où nous sommes présomptueux et portés à la jouissance, pour apprendre à respecter les limites et à voir la superficialité de tous les biens purement matériels. Regardons vers lui dans les moments de calamité et d’angoisse, pour reconnaître que c’est alors que nous sommes proches de Dieu. Cherchons à reconnaître son visage dans ceux que nous avons tendance à mépriser. Devant le Seigneur condamné, qui ne veut pas se servir de son pouvoir pour descendre de la croix, mais qui supporte plutôt la souffrance de la croix jusqu’au bout, peut affleurer encore une autre pensée. Ignace d’Antioche, lui-même enchaîné à cause de sa foi dans le Seigneur, fait l’éloge des chrétiens de Smyrne pour leur foi inébranlable: ils étaient comme cloués par la chair et le sang à la croix du Seigneur Jésus Christ (1, 1). Laissons-nous clouer à lui, en ne cédant à aucune tentation de nous éloigner et de nous laisser aller aux railleries qui voudraient nous inciter à le faire.
PRIÈRE
Seigneur Jésus Christ, tu t’es fait clouer sur la croix, acceptant la terrible cruauté de cette souffrance, la destruction de ton corps et de ta dignité. Tu t’es fait clouer, tu as souffert sans fuir et sans accepter de compromis. Aide-nous à ne pas fuir devant ce que nous sommes appelés à accomplir. Aide-nous à nous laisser lier étroitement à toi. Aide-nous à démasquer la fausse liberté qui veut nous éloigner de toi. Aide-nous à accepter ta liberté liée et à trouver, dans ce lien étroit avec toi, la vraie liberté.
Tous:
Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.
Sancta mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
cordi meo valide.
Ô sainte Mère, daigne donc
graver les plaies du Crucifié
profondément dans mon coeur.