Les crimes de pédophilie, les sarcasmes des bien-pensants et la Passion du Christ

Les crimes de pédophilie dont sont accusés un certain nombre de prêtres constituent un fait atroce, pour bien des raisons : une atteinte grave à l’intégrité et à la dignité d’enfants, un abus de confiance terrible dans l’exercice de leur mission, une violation grave des obligations du sacerdoce, un opprobre atteignant l’Eglise et pouvant en éloigner de nombreuses personnes.

Cependant il est absolument impossible de ne pas percevoir l’ampleur médiatique qui en est sciemment donnée, comme aussi la délectation morbide en laquelle se complaisent bien des journaux, de droite ou de gauche, pour dénoncer ainsi les “méfaits de l’Eglise”. Ah, comme on les en sent heureux ! Bien de ces journaux, d’ailleurs, s’autorisent à ce sujet des “manchettes”, évoquant en particulier « l’implication » du Pape, qu’ils ne s’autoriseraient jamais si étaient en cause des politiciens ou des « ventres dorés » du politiquement correct. Mais il en est ici comme en tout : l’Eglise et les chrétiens sont une cible de choix parce que leurs réactions ne sont pas à redouter, en particulier sur le plan judiciaire.

Ce qui est extrêmement frappant, également, c’est l’hypocrisie de la réaction. Voilà un monde qui se vautre à longueur de temps dans la pourriture, qui se délecte ordinairement de la déclinaison de toutes les formes de péchés privés et publics, dans la presse, le cinéma, l’écriture, la mode, les affaires, qui tire ses coquetteries et ses gloires de ses émancipations de toute morale, se sent génial et inspiré à proportion qu’il se montre plus pervers ; un beau monde qui trouve si normal que soient assassinés 30 millions de bébés par an dans le monde, par l'avortement, et qui vient jouer ici les prudes et les parangons de vertu contre l’Eglise ! Il me souvient un prêtre qui, voyageant avec deux commères dans le même compartiment de train, se plaisaient, le voyant en soutane et lisant son bréviaire, à casser du sucre sur les “mauvais curés”… Les bonnes femmes pensaient ainsi préparer un terrain d’entente pour des papotages ultérieurs en s’attacher la sympathie du vieux prêtre. Celui-ci, quittant soudain sa lecture, leur lançant, sévère : « Et vous, qu’en est-il de votre fidélité dans le mariage ? » Le débat fut clos, et le silence du reste du voyage, fort religieux.

Il ne faut donc pas se laisser impressionner par le bruit fait autour de tout cela ni perdre de vue que les cas dénoncés, si monstrueux soient-ils, sont heureusement marginaux par rapport à la vie des quelque 400.000 prêtres exerçant leur sacerdoce dans le monde. Ces crimes ne peuvent certainement pas, en tout cas, faire quelque ombre que ce soit au bien que ces prêtres réalisent et que l’Eglise partout apporte dans le monde, dans le dévouement et le sacrifice. Sans aller au bout de monde, savez-vous qui est l’abbé Louis Jousseaume, ou plutôt qui il était, puisqu’il a été sauvagement assassiné dans son presbytère en octobre dernier ? Evidemment, non. Pas plus qu’on ne connaît Louis Blondel, Jean Kounou, Materne Bikoa, ou les trente prêtres assassinés dans leur ministère en 2009. Tout cela est moins médiatique, moins croustillant, moins porteur pour la presse. Pourquoi en parler ? C’est moins vendable, pour tout dire, et mérite donc moins l’intérêt que les sordides affaires dénoncées. A cela s’ajoute « cette haine vigoureuse », que ce beau monde voue au Pape régnant et qu’il s’agit à toute force d’attaquer, de salir, ainsi que l’a souligné l’Osservatore romano, comme si l’Eglise était cause des perversions qui ont frappé certains de ses prêtres.

Au moment où nous entrons dans la Semaine sainte, prenons du recul par rapport à tout cela, pour nous, pour ceux qui nous interrogent. Ce que ce monde dénonce en ces événements douloureux, c’est ce qu’il génère lui-même, le cancer qui le ronge et qu'il caresse pourtant comme un trésor, dans une inconscience stupéfiante : péché, indignité, mort. Notre foi nous fait connaître que tout cela est né de la révolte contre Dieu et que le Christ, par son Incarnation, sa Passion et sa Résurrection, est venu nous en affranchir. En union avec cette sainte Passion, prions pour les victimes, prions aussi pour les bourreaux, prions pour l’Eglise, pour qu’elle soit guérie des sécularisations qui ne sont peut-être pas étrangères aux dérives de ces derniers, prions pour qu’elle ait des prêtres saints, prions également pour tous ceux qui, aujourd’hui comme hier, accompagnent la souffrance du Christ et de son Eglise de leurs sarcasmes haineux, inconscients qu’ils sont d’être les pantins de l’Ennemi de tout bien.