Magazine Journal intime

Guerre des trombones

Publié le 30 mars 2010 par Cassandre
Cela fait un peu plus d'un an que je travaille en tant qu'assistante dans cette entreprise, et un lundi matin, j'ai senti le vent du changement dans l'attitude de ma collègue. A moins que je ne fus passé dans la 4ème dimension, un épisode d'Au-delà du réel... encore que ma collègue me rappelle physiquement un des personnages féminin des envahisseurs de V... Tout un programme.
Pour sûr, les Aliens avaient dû la kidnapper et la transformer en un être dont on aurait ôté le coeur, et sûrement aussi le cerveau.
Seules demeuraient les habitudes de travail. Sûrement pour mieux assurer le camouflage.
Les signes avant-coureurs de ce changement étaient pourtant là, et je n'avais rien vu. Le midi, elle ne restait plus partager sa pitance avec moi et préférais rentrer chez elle. Sûrement se nourrir d'un quelconque cristal vert, j'en suis sûre.
Et puis le ton employé pour parler devenait de plus en plus froid, aussi glacial que le Barber du Canada. Les mouches ne volaient même plus dans le bureau, elles étaient tombées par terre inanimées... ou mortes.
Ce fut d'abord l'affranchissement du courrier dont je suis responsable, sans même savoir si j'aurais le temps ou non de le porter. Sachant qu'une fois affranchi, j'aurais beau vouloir donner de ma personne à l'employé des poste, si la levée est passée, même levant l'employé, le courrier, lui restera en rade, surtout un vendredi, puisque la date est inscrite et que si la Poste tolère éventuellement un "postage" en retard d'une journée, au delà de deux jours, ce n'est plus la peine d'espérer que le courrier parvienne à bon port. Au mieux il nous revient, au pire il est perdu.
Donc, quelque soient les conditions, je suis condamnée à aller au bureau de poste dès qu'elle a décidé que je devais y aller.
Curieusement, aucune facture à expédier les beaux jours où une promenade loin de cet enfer me ferait le plus grand bien.
Mais les jours de grand vent ou de pluie, comme hier, alors là... subitement, plouf, plein de factures.
Puis ce furent les colis affranchis au tarif lettre. Arrivée au bureau de poste, c'est moi qui me prend les soufflets, pas elle.
Mais la Chef de la Poste où je me rend a fini par lui téléphoner afin de lui faire comprendre que c'était à ses risques et périls de faire partir un colis en mode "lettre". Une chance sur trois qu'il arrive. S'il arrive il peut être taxé.
Ca fait bien quand on envoie de la documentation à un client, que la Poste lui demande de payer un surplus pour avoir le courrier !
Mais bon, plus probablement celui-ci n'arrive jamais. Et c'est moi qui prend, puisque je suis responsable du courrier.
Je me demande si elle continuera d'affranchir les colis en mode lettre ?
L'évolution de cette guerre larvée se fit plus subtile, et nous passâmes à une communication digne de Simone Signoret et Jean Gabin dans le Chat.
Pour sûr, on ne pensait pas à la sauvegarde des forêts chez nous, au vu des petits papiers qui circulent : "Fais-ci"... "Téléphone à Machin"... "Tu as oublié ça"... "Ne Fais pas ça."
Impossible pour le Chef de se rendre compte de quoi que ce soit, les noms d'oiseaux ne volant qu'en son absence.
Je fus contrainte de changer le mot de passe d'accès à ma session sur mon ordinateur : mes mails disparaissaient mystérieusement. Importants ou non, ceux-ci disparaissaient dans les méandres d'une corbeille virtuelle qui n'a même pas la gentillesse de vouloir me recracher quoique ce soit. Pas même de 0 ou 1. Rien.
Le néant informatique en lieu et place de ma correspondance.
Mais bien sûr, ce n'est la faute de personne.
Régulièrement, la machine à broyer est utilisée alors que je suis au téléphone.
Tant pis si c'est petit. J'en fais autant.
Et un jour, un petit mot est apparu : "Merci de ne pas utiliser la machine quand quelqu'un est au téléphone".
J'ai broyé le message.
On en reparlera quand le courrier sera à nouveau affranchi par mes soins et les colis dûment enregistrés en tant que colis et non en tant que lettre.
C'est sûr, pour que son comportement ait changé aussi radicalement en quelques jours, ce sont les Aliens. Sûrement du type Bernard l'Hermite, à prendre l'apparence de gens, s'introduire en eux et les remplacer.
Elle n'est plus elle-même... je vais y remédier.
Elle boit du café tous les matins, toujours dans la même tasse, qu'elle garde sur son bureau.
J'ai ma petite idée sur la question.
Et c'est ainsi que le matin suivant, alors qu'elle discutait avec le Chef, en humant sa tasse de café, elle lui dit, sur le ton de la minauderie qu'elle, enfin, l'Alien en elle, aime employer envers lui : "Tiens, la marque de café que nous utilisons a dû changer de recette, il a une odeur d'amande, c'est sympa !"

****


Depuis cette terrible matinée qui vit la disparition tragique (mais justifiée) de l'Alien, à cause d'un empoisonnement au cyanure, apparemment le paquet de café utilisé, qui était neuf ce matin là, était empoisonné. Le Chef a poursuivi la société qui produit ce café là en justice et compte bien obtenir des dommages et intérêts pour mise en danger d'autrui ou quelque chose comme ça. J'avoue n'avoir pas bien prêté attention à l'affaire.
Depuis, tout comme moi, il s'est mit au thé.

Notre nouvelle assistante est une femme de mon âge, tout à fait charmante et aimable qui fait fort bien son travail.

J'espère que les Aliens ne s'en prendront pas à elle...

C'est plus difficile de parfumer le thé à l'amande amère.




Il va de soi que le texte ci-dessus est une pure fiction et que tout élément qui pourrait se rapprocher d'une situation existante ou ayant existé serait tout à fait fortuite et non volontaire.

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