Angela Marinescu/de ce couteau se déverse le métal

Publié le 31 mars 2010 par Angèle Paoli
Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
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DIN CUTITUL ASTA CURGE METAL

din cutitul asta curge metal
când te iubesc
din copacul nemiscat curge lemn
când te iubesc
din asfalt curg târfe
când te iubesc
din apa curge namol
când te iubesc
si te iubesc pentru ca nu stii ca te iubesc
pentru ca nu stii ceea ce îmi place la tine
pentru ca nu poti sa-ti imaginezi
ceea ce îmi imaginez eu când te privesc
verde în fata ca pe-un dusman
pentru ca mi-a greu sa nu te ating
dar nu te voi atinge niciodata
nici macar în iad si nici macar aici
pe drumul atât de cunoscut
încât poti înnebuni
pentru ca esti
abia la-nceput
eu sunt
abia
la sfârsit

Angela Marinescu
Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)


DE CE COUTEAU SE DÉVERSE LE MÉTAL

de ce couteau se déverse le métal
quand je t’aime
de cet arbre immobile se déverse le bois
quand je t’aime
de l’asphalte se déversent les putes
quand je t’aime
de l’eau se déverse la boue
quand je t’aime
et je t’aime parce que tu ne sais pas que je t’aime
parce que tu ne sais pas ce qui me plaît en toi
parce que tu ne peux imaginer
ce que j’imagine quand je te regarde
vertement dans les yeux comme si tu étais mon ennemi
parce qu’il m’est difficile de ne pas te toucher
mais jamais je ne te toucherai
ni même en enfer, ni même ici
sur ce chemin tellement familier
qui peut te rendre fou
parce que tu es
seulement au début
moi, je suis
seulement
à la fin

Traduit du roumain par Linda Maria Baros
Traduction inédite (D.R.)



NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
établie par Linda Maria Baros


    Angela Marinescu, née en 1941, a fait des études de médecine à Cluj et des études de psychologie à Bucarest. Depuis 1969, elle a publié quinze recueils de poèmes, parmi lesquels on peut citer : Sang bleu (1969), La Cire (1970), Poèmes (1978), La Structure de la nuit (1979), Le Blindage final (1981), Chaux (1989), Le Parc (1991), Le coq s’est caché dans l’entaille (1996), Skanderbeg (1999), Des fougues postmodernes (2000), Je mange mes vers (2003), Le Langage de la disparition (2006), Événements dérisoires de la fin (2006). Sa poésie a été traduite en plusieurs langues et a reçu le Prix National Mihai Eminescu, le Prix Nichita Stanescu et le Prix de Poésie de l’Union des Écrivains de Roumanie.
    Angela Marinescu a également publié deux essais, Le Village à travers lequel je me promenais la tête rasée (1996) et le Journal écrit dans la troisième partie de la journée (2003).
    Au mois de juin 2010 paraîtra en France, aux éditions L’Oreille du Loup, l’anthologie Je mange mes vers, qui regroupe des poèmes écrits par Angela Marinescu, dans une traduction de Linda Maria Baros.



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