L'espion… qui m'espionnait

Publié le 31 mars 2010 par Anaïs Valente

C'est le titre « l'espion qui m'aimait » qui m'est venu en tête de suite, en grande fan de 007 que je ne suis pas, mais cela ne collait pas à l'histoire, donc « l'espion qui m'espionnait », voilà un titre parfait non ?  Si, parfait.

A trois, vous le dites : parfait.

Il  a quelques années, à l'époque où je surfais encore sur le net, espérant y rencontrer un prince (maintenant, les princes viennent à moi naturellement, plus besoin de chercher - oh ça va, si on peut plus rêver un peu), j'avais un jour reçu un message de quelqu'un à qui j'en avais trop dit, genre énormes secrets : la ville où je vis, l'endroit où je bosse.  Dans son message, il m'avait dit « tu as l'air toute triste quand tu fais tes courses ». 

C'est le genre de message qui fait se dresser les poils de la paranoïaque que je suis, passque j'aime pas qu'on me voie sans que moi je voie qui me voit, vous comprendre ?  Et puis, d'abord, je n'étais pas triste.  Pas du tout.  C'est ma tête naturelle, j'y peux rien.  Je ne parviens pas à sourire aux anges, béatement, en permanence.  Pourtant j'aimerais, passque paraît qu'on dirait que je tire la tronche, au naturel.  Pourtant je sais rire, promis juré, mais quand je suis seule, en train de faire mes courses, je me concentre sur ce que je dois acheter (vu que je ne fais jamais de liste et que si je dois acheter du lait et de quoi souper, je ressors avec trois tablettes de chocolat blanc spéculoos et un magazine féminin, sans lait ni souper), je me concentre sur le décryptage des panneaux et des prix, en bonne myope que je suis, et donc, je ne souris pas, c'est horrible mais c'est ainsi.  Et si je croise quelqu'un que je connais, je ne le vois pas non plus, tant qu'à faire, comme ça ça confirme la sensation de « purée elle est triste et elle tire la gueule en plus, c'te pimbêche ».

Et donc, pas plus tard que ce jour (c'est dire si l'info est primordiale, pour que je la relate directement ici, alors que d'habitude il me faut au minimum trois jours, au maximum trois ans, pour rédiger), je reçois un mail disant, en substance « rho, tu prends le bus en face d'oùsque moi je le prends, je t'ai reconnue car tu lis un livre et tu es trèèèès concentrée ».  Le « tu es concentrée » à lire « tu es triste et tu tires la gueule », of course, j'ai l'habitude.  Rhaaaaaaaaa, la paranoïa me reprend.  Non, je vous rassure, j'ai pas peur qu'il s'agisse d'un tueur en série découpeur de femmes en rondelles (quoique, on n'est jamais trop prudente), mais, je l'ai dit, j'aime pas qu'on me voie sans que moi je voie qui me voit.  Surtout quand ça a lieu, apparemment, chaque matin à l'arrêt du bus. Rhaaaaaaaaaa.  Je suis faite comme un rat, enfin comme une rate.

Donc, dès demain, quel que soit le temps (heureusement, on annonce du froid pour Pâques, donc ça sera de saison), je me déguise, je me camoufle, je ne lis plus rien, je change de veste de sac de bottes de cheveux, je mets un bonnet une écharpe pas Strelli des lunettes noires j'engage un garde du corps je prends un taxi (biffer les mentions inutiles).

Ou alors je mets une burqa... oups non, c'est dorénavant interdit, tchu tchu tchu, c'était pourtant une super idée.

C'est clair maintenant, ma vie va changer totalement.  Je ne pourrai plus être à l'arrêt de bus sans me demander si je suis observée, épiée, décryptée, analysée.  Et j'ai aussi intérêt à choisir les livres que je lis, à prendre des trucs hyper intellos histoire de me donner un genre.  Rha la la la la.

Pour info, j'ai congé vendredi, nananère... me demande si je vais pas me terrer dans un café, armée de jumelles, pour repérer l'observateur en question.  Quelqu'un en congé pour m'accompagner dans cette mission de contrespionnage ?