le parcours jaune, une géographie parallèle (divagation)

Publié le 01 avril 2010 par Cecileportier



Vases communicants d'avril avec Loran Bart, Les lignes du monde.
Merci à lui pour ce beau texte (pour l'image, cliquer dessus pour l'avoir en mieux ou ici)

Ce texte est une divagation sur l’illustration d’Alain Gobenceaux intitulée Le Parcours jaune.

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Comme je prépare ce déménagement ; cet abandon définitif de la ville tentaculaire ; comme je range et jette moult choses ; je retrouve, dans un carton à dessin vert et noir,  Le Parcours jaune.

Ce qu’il appelait Le Parcours jaune, il m’en fit un dessin, un jour, comme ça, c’est venu de lui, je crois qu’il voulait en parler, commémorer ce lieu-pan de sa vie. Le parcours jaune, il me le gribouilla sur une feuille volante, sur un coin de table, juste pour que je comprenne, pour illustrer son propos. Il y a la forme et il y a le fond. La forme vous l’avez ci-dessus. Le fond est compris dans la forme, toujours, depuis Rodin pour qui une statue devait exprimer l’être physique mais aussi tout ce qu’il y a autour de cet être, tout l’impalpable, tout l’œuvre du génie. Je vais essayer de vous déplier le fond de cette forme. Le Parcours jaune est un rectangle relativement allongé en largeur, il est surtout jaune, mais on y trouve aussi un peu de rouge et de vert ; des crayonnés noirs et une multitude de flèches ouvrant le parcours bien au-delà du cadre de la feuille, vers des marges mystérieuses. Ce Parcours jaune est comme un cardo & un decumanus. Le cardo est ici une rivière dont le cours file vers le Nord ; presqu’un torrent, au débit vif et vivifiant. Il me précisa, en me montrant un point au Sud du pont (au niveau de la pointe de la flèche la plus en bas à gauche) - un pont nommé Dessus, comme devraient finalement s’appeler tous les ponts - que c’est là qu’il plongeât un jour d’octobre, quelques 30 ans auparavant, pour rattraper le chien d’une mamie qui avait été emporté par une bourrasque plus violente ; il me dit qu’il en ressortit immédiatement enrhumé. Ce pont est le point de croisement du cardo, fluvial donc, et du decumanus, routier, lui, puisqu’il s’agit d’une simple rue de ville. A l’extrême Est de ce decumanus se trouve une Salle des faits qui avait, à l’époque, l’immense avantage d’être multifonction et de pouvoir être utilisée à loisir comme salle des fêtes ou bien salle des faîtes. Comme les habitants du quartier ne semblaient pas être vraiment des joyeux drilles, c’est plutôt cette dernière nomenclature qui servait : en effet, quelques jeunes gens avaient l’habitude de se réunir sur le toit pour sauter dans un parc municipal voisin. Il va sans dire que cela entraînait régulièrement des jambes cassées et des tassements de vertèbres parmi les concurrents. A l’Ouest du pont Dessus se trouvait visiblement plusieurs ronds-points dont un souterrain (d’où son nom : le rond-point Dessous). Cette rue decumanus reliait les 2 points névralgiques de la petite ville, la salle des Faîtes et La Grande administration, un bâtiment réalisé par un architecte post-stalinien - pavé situé architecturalement entre le Palais des Soviets de Kaliningrad et le Centre National de la Danse de Pantin - dont l’accès se faisait par le Nord. Et au centre du centre, le point d’orgue, le point encore plus jaune de ce Parcours jaune, un chorten d’Amérique latine, rapporté par un notable-explorateur de la ville quelques 150 ans en avant. Un chorten dont on continuait d’honorer le dieu inconnu, faisant quelques circumambulations à chaque solstice. Cette manifestation silencieuse tournait, à ce qu’il me dit, tout au long desdites journées, tout autour et autour du monument.

Voilà ce qu’il me dit, un soir, dans un restaurant Pygmée de la ville tentaculaire, voilà du moins ce dont je me souviens, de ce qu’il appelait Le Parcours jaune.

Nathanaël Gobenceaux

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