Magazine Journal intime

Le coup du four à micro-ondes

Publié le 20 novembre 2007 par Stella

Mon four, rattrapé par la limite d’âge, est tombé en panne. Comme toute consommatrice de base, je décide donc de le remplacer et me rends, quelque argent en poche, dans une grande enseigne d’électroménager en qui, sauf avis contraire, on peut avoir confiance.

Après quelques longues minutes d’errance dans le rayon ad hoc, je fais mon choix et me mets en quête d’une vendeuse. La première était celle du rayon d’à côté ah-non-c’est-pas-moi-madame, la deuxième était occupée attendez-votre-tour-voulez-vous, la troisième, enfin, était une stagiaire. Moins rompue aux arcanes du métier (qui, de toute évidence, consiste à être le plus désagréable possible, à marcher vite entre les rayons sans autre but que d’avoir l’air affairé afin d’éviter les clients), elle était aimable et, ô merveille, souriante. Bref, une débutante. Bon, évidemment, elle n’y connaissait absolument rien aux fours à micro-ondes combinés (avec four à chaleur tournante) mais que n’est-on prêt à sacrifier pour que l’on s’occupe de nous dans ces grandes enseignes d’électroménager où la confiance est reine.

Elle pianote sur son ordinateur, me remet une carte de garantie sensée remplacer tous les papiers et hop, les ennuis commencent.

D’abord, je souhaite être livrée rapidement.

- Ah non madame, ça, c’est pas possible, y faut quat’jours.

- Oh, quatre jours pour aller de la place d’Italie au boulevard de Port-Royal ?… (environ 800 mètres, 7 minutes à pied)

- Ah ben j’suis désolé… J’peux rien faire d’autre !

- Bon. Auriez-vous, par hasard, des roulettes pour adapter sous le carton (gigantesque qui pèse dans les 40 kilos) ?

- Ah ben oui, vous m’donnez vot’ carte d’identité et j’vous prête le caddie (un machin immonde, tout rouillé et qui brinqueballe de façon épouvantable. Même avec ma bonne volonté, je ne me vois pas faire cinquante mètres dans la rue avec un truc pareil.)

- Aoh… oui… enfin, je pensais à quelque chose comme les roulettes que l’on place sous les valises, vous voyez ?… discret, quoi…

- Abin non, j’ai qu’ça ! Alors vous faites quoi ? Pass’que vous pouvez pas l’emporter à la main, ça c’est sûr. Vous avez pas quelqu’un pour vous aider ?

- Sisi, je vais revenir en fin d’après-midi avec mon fils.

Comme quoi, parfois, on fait vraiment beaucoup d’efforts pour se mettre à fond dans les embarras.

Le soir, nous revenons, Marcel et moi. Souffrons sang et eau pour porter le four jusqu’à la maison en prenant le bus 83. Arrivés à la maison, constatation : il faut une rallonge car la prise de courant est trop loin. Qu’à cela ne tienne, je repars place d’Italie acheter une rallonge. Retour à la maison. Branchement. Catastrophe : la porte ne ferme pas. De près, on voit très bien : il y a une malfaçon. Alors tout s’emballe.

J’appelle le magasin.

- Ah faut appeler le service après-vente, madame.

J’appelle le service après-vente (numéro payant).

- Oui, mais je ne peux vous envoyer personne avant trois jours, madame.

Au point où j’en suis, le bidule gigantesque trônant pourtant au milieu du salon, je suis prête à attendre la Saint-Glinglin. Le jeune réparateur finit par arriver, avec trois heures de retard sur l’horaire prévu mais qu’y faire ?

- Ah, c’est une malfaçon, je n’peux rien faire, madame.

- Oui, je sais, je l’ai signalé à votre service… Il faut me l’échanger contre un neuf.

- Ah, bin moi j’peux pas. J’appelle mon superviseur. “Allo Jeff, oui pour le frigo de madame Machin c’était blablabla blablabla… (Euh, oui, je suis contente que vous régliez vos problèmes depuis mon salon, mais si on s’occupait un peu de moi, là…). Tenez, m’dame, j’vous l’passe…

- Oui, alors là nous on peut rien faire, faut ramener l’appareil au magasin !

Je crie, supplie, tempête, rien n’y fait : il faut se retaper la galère jusqu’à la place d’Italie. Ma confiance est en train d’en prendre un coup, mais manifestement c’est le cadet des soucis du “superviseur”.

Je vous passe sur les multiples coups de téléphone (payants) pour tenter d’avoir quelqu’un qui viendrait prendre l’appareil à domicile, peine perdue. (Petit-électroménager-madame-on-ne-livre-pas. Ah bon ? Mais on m’a dit le contraire…). Arrivés sur place, nous avons eu la joie d’entendre le vendeur (toujours le troisième à être sollicité, ce doit être une constante dans ce magasin) nous dire que “c’était incroyable qu’on ne soit pas venu le reprendre à domicile” (ça, c’est super-énervant). Je vous passe aussi l’étonnante constatation : ma carte de garantie était en réalité celle d’un autre client. Je vous passe enfin les quatre jours de délai pour être livrée. Enfin, livrée, je ne sais pas encore car j’attends depuis ce matin et je ne vois que la route qui poudroie et l’herbe qui verdoit. Des constantes quoi.

Comment ? La confiance ? Quelle confiance ? Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Ce n’est plus mon cas.


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