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Le carnage

Publié le 07 mars 2010 par Sambuca

Cette semaine, lorsque je suis allée à Melun j'ai rencontré un spectacle horrible, désespérant. Cela se passe sur la route de Bourgogne entre Avon et la Table du Roi à hauteur de Bois le Roi. Un spectacle comme j'en avais vu après les tempêtes de 1990 et 1999 en plus étendu, plus complet.

coupe longueur 5 mars 006.jpg coupe long 5 mars 001.jpg

Je n'ai pas un grand angle suffisant pour vous montrer toute la largeur du désastre, seulement un 28 mm. Je peux mieux en montrer la profondeur :

coupe profondeur 5 mars 010.jpg

Mais Xynthia n'y était pour rien et elle n'aurait pas pu faire un nettoyage aussi complet. Une coupe bien droite, un rectangle impécable  Et le résultat de cette horreur était déjà bien emballé en paquets ficelés :

coupe tas 5 mars 002.jpg

J'ai déjà vu des coupes à blanc, une spécialité dans cette forêt. Mais d'habitude on laisse pudiquement quelques arbres en bordure de route. Là, l'horrible chancre est offert en spectacle directement, sans le moindre voile, sur cette route très fréquentée parcourue tous les jours par de nombreuses personnes pour aller au travail, pour aller vers les zones commerciales, dans cette zone de promenades en forêt. Une insulte au bonheur de vivre près de la forêt. Et ce chancre va persister des années, un arbre ne pousse pas en trois mois.

J'ai lu quelque part que les centaines d'arbres qui ont été abattus étaient des chênes pédonculés. Que des chênes pédonculés ? C'est bizarre. Dans les zones inaccessibles à l'abattage industriel les essences sont variées, la nature ne fait pas une telle sélection. Mais ici l'exploitation est facile et rentable. Vous avez vu comme le terrain est plat, desservi par une grande route. Ces chênes pédonculés seraient remplacés par des chênes sessiles qui seraient plus résistants à la sécheresse. Encore la monoculture. Pourquoi pas du colza, cela rapporte plus vite ?

Cette horreur n'a pas choqué que moi. Lisez par exemple cet article du Parisien et la suite.

Le plus gros arbre que la forêt ait connu était le chêne Jupiter. C'était un chêne pédonculé. Certes il est mort après trois années de sécheresse en 1993. Mais il avait 680 ans et 40 m de haut. Je l'ai vu quelques années avant sa mort. Ce n'était pas un arbre c'était un monument. Il fallait lever la tête à s'en tordre le cou pour apercevoir tout là haut un petit houppier. Certainement pas tout petit, c'est l'impression qu'il donnait à cause de la distance et de l'énormité du tronc. Mais cependant petit justement en proportion du tronc. L'arbre était trop vieux, trop haut, il n'arrivait plus à faire monter correctement la sève aussi haut. La sécheresse a été la goutte d'eau (!) qui n'a pas fait déborder le vase.

Un autre arbre superbe est le chêne Sampite qui a 500 ans. C'est aussi un chêne pédonculé.

Y a-t-il un chêne sessile équivalent dans cette forêt ? Pas résistant le chêne pédonculé ?

Le chêne sessile est peut-être plus résistant à la sécheresse. Est-ce une raison pour abattre tous les chênes pédonculés de la forêt ? Ne pourrait-on se contenter de remplacer ceux qui semblent dépérir ? Va-t-on abattre aussi tous les conifères trop sensibles aux tempêtes, elles aussi plus fréquentes ? Que restera-t-il de cette splendide forêt ? Juste du sable et des rochers ?

Cette forêt est traitée comme un champ de colza : on plante, en monoculture, on coupe, on vend.

Quand sera-t-elle surveillée et protégée ?


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