Entre les murs.
Les lieux publics quand ils sont déserts dégagent une austère absence propice à l'imaginaire. Celui-ci, ayant horreur du vide, repeuple tout, du cimetière à la sation balnéaire en hiver, de Tchernobyl aux zones dévastées de Detroit. Les imaginatifs adorent ces lieux abandonnés (j'en profite pour faire un clin d'œil à youyouk et à soleilvert), ces friches industrielles que seul le vent caresse et que la vie bruissante a déserté de longue date. Ce vide post moderne ouvre un autre gouffre : celui de l'absence de l'autre. C'est mortifère et fascinant.
Les lieux vides et vacants, comme abandonnés, mis en quarantaine, sont des lieux de mémoire où toute violence s'est diluée en un calme paysage élégiaque. Le temps n'est plus là. Il est autre, passé. Seuls nous, nous sommes.
La rêverie s'engouffre, telle une rivière slencieuse dans ces espaces abandonnés. C'est apaisant. Et, comme ici, c'est un terrain de jeux sonore car, le fond envahissant des bruits quotidiens s'est échappé.
Il serait sans doute intéressant de faire une sociologie des sons. Une écologie aussi. Car le silence n'existe plus guère, à notre époque, que dans ces lieux vacants où la poussière retombe floconneusement après les ressacs vibrionnaires de la vie.
Musique !