Never mind the bollocks, here's the Sex Pistols. Ce fut le seul album des Sex Pistols. Qui ne s'est jamais défoncé en écoutant la voix écorchée de Johnny Rotten hurler "God save the queen", n'aura probablement rien ressenti de particulier, ce matin, en entendant la nouvelle du décès de Malcolm Mac Laren.
Commençons par le côté brillant de la médaille : Le mouvement Punk est né avec les Sex Pistols. Je veux dire, en même temps. Mais c'est la tragédie, la provocation et la censure qui entoura l'histoire et les concerts des Sex Pistols, qui en ont fait le groupe mythique qu'il est aujourd'hui.
Les collants déchirés de Nancy Spungen annonçaient la tenue vestimentaire sexy/trash des punkettes, et Sid Vicious a quasiment inventé le jean déchiré.
Les Sex Pistols ont tout construit et tout détruit en 3 années. Formé en 1975, le groupe s'est séparé en 1978, suite au départ de son chanteur, Johnny Rotten ("Johnny le pourri", surnommé ainsi à cause de sa dentition... particulière), qui fonda plus tard le non moins mythique groupe PIL (Public Image Limited).
Les Sex Pistols sont également célèbres pour le destin tragique de leur bassiste, Sid Vicious. Et pour le couple sulfureux qu'il formait avec Nancy Spungen. Sid Vicious, héroïnomane, au caractère violent et extrémiste (c'est Rotten qui l'avait surnommé "vicious"), représente une génération qui détruit tout parce qu'elle n'a rien à perdre.
No future.
Nancy Spungen, toxicomane notoire, dont on dit qu'elle aurait initié Sid Vicious à l'héroïne, est retrouvée morte en 1978 dans une salle de bain, avec une blessure au couteau provoquée par le couteau de Sid. Lequel meurt en 1979 d'une overdose.
La légende était née, les Sex Pistols, toutes proportions gardées, appartiennent à l'histoire du rock au même titre que Nirvana ou Noir Désir (si, si, aussi. J'aurai l'occasion de parler de Bertrand Canta, sûrement, un jour, et le rock n'est pas qu'anglais).
Côté revers de la médaille, l'histoire est beaucoup plus prosaïque. Les Sex Pistols n'auraient jamais dû sortir du légitime anonymat dans lequel la relative médiocrité de leurs productions musicales les maintenait. Ils n'en sont sortis que par la volonté d'un homme : Malcolm Mac Laren. Malcolm Mac Laren était avant tout un grand entrepreneur avide de célébrité. Son modèle était Andy Warhol.
Malcolm Mac Laren a pris en main les Sex Pistols, il leur a trouvé un leader en la personne de Johnny Rotten, qu'il a engagé dans ce but, il les a drivés, il a fait d'une bande de gosses mal élevés et destroy qui jouaient dans des caves, un groupe provocateur et sulfureux, censuré par les médias. Il a littéralement fait les Sex Pistols.
Parallèlement à cette activité, il avait ouvert une boutique à Londres, intitulée SEX. Dans cette boutique, il vendait des vêtements et accessoires à une clientèle attirée par... le mouvement punk. D'une certaine manière, on peut dire que Malcolm Mac Laren a démocratisé le mouvement punk, notamment à travers les Sex Pistols, qu'il a lancés. Ce qui fut excellent pour ses affaires, naturellement.
Malcolm Mac Laren est mort hier, à l'âge de 64 ans, d'un cancer. Le mouvement punk, lui n'est pas tout à fait mort, même s'il est désormais extrèmement marginal.
Punk's not dead.
Reste qu'avec Anarchy in the UK, Mac Laren, à travers les Sex Pistols, asséna un véritable coup de pied au cul du conformisme anglais en 1976. Le chanteur des Clash, Joe Strummer, fut enthousiasmé par les Sex Pistols, tellement enthousiasmé que les Clash firent la première partie d'un concert des Sex Pistols en 1976. Et reste aussi que Sid Vicious fut l'inventeur du pogo. Quand même.
Sur ce, je vais m'écouter un petit "God save the queen", si vous le voulez bien.