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« Où est Alissa ? » S’étonna France soudain en jetant un regard inquisiteur autour d’eux.
Adam se redressa, surpris.
« Je ne sais pas ! Je la croyais là !
-Et bien elle n’y est plus ! »
Le visage de France s’assombrit instantanément. Adam posa son travail sur le sol et sauta sur ses pieds en appelant très fort :
« Alissa ? Tu es là ? »
Il tendit l’oreille. Aucune réponse. Alors il jeta un œil interloqué à sa sœur :
« Mais où est-elle ?
- Va voir dans le terrain à côté ! » Suggéra simplement France.
Mais ses doigts se crispèrent violement sur le tissus rugueux de sa robe déchirée. Adam obtempéra. France voulait malgré tout encore espérer qu’Alissa ne lui avait pas une nouvelle fois désobéie. Quand son frère revint en courant, l’air inquiet, toutes ces illusions s’envolèrent.
« Elle n’y est pas ! » S’exclama-t-il.
Brusquement France devint écarlate. Sa main balaya furieusement le gobelet que son frère avait ramené d’une de ses dernières sorties.
« La petite imbécile !
- Mais tu crois que… ?
- Et où tu veux qu’elle soit ! S’écria France, tremblante de rage. Sinon partie en ville ?
- Oh ! Mais… mais elle n’aurait pas fait ça, voyons ? Protesta Adam en blêmissant. Tu le lui as interdit…
- Peut-être mais ce que je peux dire lui passe au dessus de la tête. Ça ne la concerne pas, jamais ! Alissa est partie en ville, Adam, parce qu’elle avait ça dans le crâne ! Et tu veux que je te dise même mieux ? Dans le fond, ça ne m’étonne pas du tout! »
Effondré, Adam se laissa tomber sur la grosse pierre.
« Mais pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle ne veut donc pas comprendre que c’est vraiment dangereux pour une petite fille comme elle ?
- Elle s’en fout, Adam ! Explosa France, visiblement hors d’elle. Du moment qu’elle en avait envie ! Cette petite sotte ne veut en faire qu’à sa tête et ça depuis que nous sommes partis ! Oh ! Elle regrette ses écarts après les avoir faits, certes, mais ses regrets sont aussi vite oubliés qu’ils sont sincères ! Et elle recommence de plus belle ! Mais cette fois, je veux qu’elle ait une bonne leçon. Reprends ton travail, Adam. Elle reviendra. »
Infiniment triste, le garçon s’empara de la branche et du couteau.
« Et alors là, marmonna l’aînée d’une voix saccadée par la colère, elle va comprendre ce qu’il en coûte de s’opposer à mes décisions ! »
Adam frémit d’angoisse. Il n’aimait pas entendre ces mots terribles dans la bouche de France.
« Tu ne seras pas trop dure avec elle, n’est ce pas ? »
France plissa les lèvres, sans répondre. Elle croisa les bras et ferma un instant les paupières, crispée.
« Alissa avait tellement envie de se promener ! Elle s’ennuie tellement ici maintenant que tu as moins besoin de soin…
- Je sais, Adam. »
France le dévisagea avec une sorte de triste résignation.
« Oui, je sais. Je m’en suis rendue compte. Mais Alissa est une gamine bornée qui n’a pas encore compris ce que j’attends d’elle ! Et il faut qu’elle le comprenne ! Tu sais quoi, n’est ce pas ? »
Adam baissa la tête, accablé.
« Je veux avoir confiance en elle. Je veux qu’elle réalise que les désirs sont dangereux pour nous et nous font toujours commettre des imprudences ! »
France se tut une courte seconde. Puis ses yeux noirs étincelèrent d’une sévérité terrifiante :
« Et je souhaite pour cela, Adam, qu’Alissa connaisse ce soir les plus belles peurs de toute son existence, seule ainsi dans une ville inconnue, s’il n’y a que cela pour lui faire entendre raison !
- Oui, France. »
Malgré son approbation, Adam semblait très inquiet de cette décision. France fronça les sourcils et déclara d’un ton sec :
« Elle est petite et fragile, c’est vrai, mais ce n’est pour cela que j’accepterai qu’elle me désobéisse comme ça ! Alors fais bien attention, Adam, à ce que je vais te dire là : je t’interdis d’aller à sa rencontre. Elle a su partir seule, elle reviendra seule ! Est-ce que c’est clair ? »
Effrayé, Adam se tassa sur lui-même et baissa aussitôt le nez sur son ouvrage, sans oser lui répondre. Ses traits défigurés par la balafre n’avaient absolument rien d’engageant à cet instant.