Les cœurs fêlés – Gayle Forman

Publié le 11 avril 2010 par Anaïs Valente

"Le dimanche, on lit au lit".

Gayle Forman est l'auteure du fabuleux « Si je reste ».  J'en avais parlé ici. 

Avec « Les cœurs fêlés » (un titre qui me parle déjà grandement), Gayle Forman revient à nous dans un tout autre registre, celui d'une « clinique » pour adolescentes « difficiles ».  « Clinique » et « difficiles » entre guillemets, car il s'agit plus d'un centre de redressement presque digne des méthodes de la gestapo que d'une clinique, et car ces ados difficiles ne le sont en fait pas vraiment plus que la plupart des ados de nos jours.  Ce sont plutôt des ados qui se découvrent et découvrent leurs différences, au grand dam de leurs parents si décontenances qu'ils préfèrent s'en débarrasser durant quelques mois, ne sachant plus à quel saint se vouer.

Brit, jeune musicienne de 16 ans, se retrouve un beau jour (enfin plutôt un mauvais jour), dans cet établissement, géré par le bien nommé « Shérif », parce que son père, dépassé par des événements somme toute anodins, a préféré l'éloigner.  Et la voilà, seule, dans un univers inconnu, confrontée à des thérapeutes qui n'en sont pas vraiment et à une vie quotidienne qui s'annonce aride à tous niveaux.

Plus que de la vie dans cette « clinique », c'est d'amitiés dont il s'agit.  Des amitiés comme on en rêve toutes, qui vont permettre à Brit de survivre dans un centre de redressement hostile.  Des amitiés qui vont l'aider à s'en sortir, à comprendre ses souffrances et à en guérir.  A s'accepter.  A accepter la vie, avec les risques qu'elle comporte.  Tout ça grâce à un tout petit zeste d'amour, comme de bien entendu.

Sachant que, dans mon pays, les ados rebelles peuvent impunément cambrioler, attaquer, blesser ou menacer d'une arme (surtout si c'est à Charleroi et si la victime était offensante car porteuse de signes extérieurs de richesse), l'atmosphère de ce centre m'a d'abord stupéfaite.  Mais tout cela se passe aux Etats-Unis, là où tout est possible...

« Les cœurs fêlés » se lit agréablement et rapidement, car il est difficile d'interrompre la lecture une fois commencée, même si le thème est parfois difficile.  L'écriture de Gayle Forman est, comme à l'accoutumée, légère, ce qui permet d'aborder des sujets difficiles sans tomber dans le pathos.  J'y suis allée de ma petite larme, bien sûr, mais j'ai ri, également. 

La critique dit : « Si vous êtes un ado rebelle, en révolte avec vos parents, en guerre avec le monde, ce roman est pour vous. Après l'avoir lu la couleur de votre vie va prendre une autre teinte et vous comprendrez que vous n'êtes plus seul » (Stéphan de Pasquale - Laissez-vous Tenter - RTL).

Pour ma part, j'enlèverais le « ado », car l'ouvrage peut également être lu par des adultes (j'en suis une, même si ado attardée dans l'âme), même s'il convient en effet parfaitement aux ados un peu dépassés par leur existence (comme je les comprends).