Le jour suivant, vers les 10H30, Ranime s’était réveillée. Elle n’avait pas de cours matinal, et décida par la suite de ranger sa chambre, et ouvrit l’unique fenêtre. Sabrine, était encore endormie. Mécontente, de la lumière forte qui l’a éblouie, elle se tourna sur place et couvrit son visage avec la couette, en grommelant.
- Putain, Ranime, j’ai encore sommeil !
- Il est 10h30, je te signale ! disait Ranime, en s’approchant de sa colocataire, tout en tentant de tirer le bout de couette.
D’un geste brusque et nerveux, Sabrine, arracha le bout de couette puis hurla.
- Je m’en fiche de l’heure, Ranime ! je veux encore dormir.
Un peu embarrassée, Ranime figea sur le sol, puis composa sa défense, d’une voix oscillante.
- Tu veux perdre ton job ou quoi ? et en reculant de deux pas, si j’étais ta patronne, je t’aurai virée moi.
Là, furieusement, elle souleva à peine sa face, et répondit.
- Heureusement pour moi, que tu ne l’es pas !
Et leur ébauche de dispute, prit pause quand Rihab surgit dans la pièce, toute pâle en s’écriant.
- Écoutez, le petit est fiévreux, et a des petites plaques rouges, un peu partout sur le visage !
- Quoi ? s’écria Sabrine, en poussant avec ses pieds la couette.
Elle sauta par la suite du lit, et courut vers la cuisine, où elle trouva le petit, à moitié nu, et couvert de tâches rouges de la tête jusqu’au pieds.
-oh, mon dieu ! s’écria-t-elle épouvantée.
Puis en caressant la joue d’Amine.
- T’es brûlant.
Amine, qui ne cessa de se gratter les fesses, puis sa jambe gauche et parla de sa voix d’enfant.
- Ça gratte, maman !
Rihab, et Ranime la suivait jusqu’à l’entrée de la cuisine, et cette dernière, après avoir regardé le petit un bout de temps, conclut.
- Je crois qu’il a la rougeole, ma chérie !
Rihab, colla le dos sur le mur extérieur de la pièce, pour ne pas s’effondrer et reprit.
- Je ne l’ai pas eu petite, et je pense être contaminée ! et en touchant le front, d’une façon hystérique, je crois que j’ai de la fièvre ! et d’une voix nerveuse, non, je suis sûre de l’avoir, après tout, ton gosse, dort dans mon lit le soir !
Sabrine, leva sur elle un regard coléreux et hurla.
- Ça ne tue pas, Rihab !
La fille, mit ses deux mains autour de sa taille, et s’écria au bout des nerfs.
- Tu crois que c’est drôle d’attraper une maladie d’enfants principalement, à l’âge de 23ans ?
Puis du coin de l’œil, regarda les tâches rouges, un peu partout et poursuivait.
- Oh, mon Dieu, ne me dites pas que mon joli visage serait colonisé par ces boutons rouges de merde ! mon copain, me larguera sûrement.
Sabrine, attrapa, la main de son gosse et en le tirant vers elle.
- Ça serait une occasion, pour découvrir s’il t’aime vraiment ou pas !
- Oui, vas-y moque toi de moi !
Sabrine, ne disait rien, mais elle l’injecta d’un regard méprisant, puis la poussa avec son épaule pour passer avec le petit, dans le hall. Ranime, laissa sa main, atterrir sur l’épaule de son amie de lycée puis rajouta.
- Tu feras mieux de te rhabiller et de l’accompagner chez un médecin !
Rihab, échangea un bref regard et finit par obéir mais au moment où elle devança son amie, Ranime la retenait de sa main et poursuivait de sa douce voix.
- Et évite de blâmer le petit, aucune mère n’aimera voir une personne jeter la faute sur son enfant !
- Ok ! murmura Rihab.
Puis se dirigea vers sa chambre. À l’instant même où Ranime, tint le balai, la porte de l’appartement s’écria. Comme ses deux colocataire, furent en train de ses préparer, elle laissa le balai sur place et partit ouvrir la porte, où elle fut surprise par la vue de sa mère adoptive.
- Maman, qu’est ce que tu fais ici ?
Sa mère, la fixa d’un regard tellement en colère, puis la poussa avec sa paume, et entra en disant.
- On dit bonjour, avant tout.
- Je m’excuse, man ! bégaya, Ranime, perturbée. Où est papa ? ne me dis pas que vous vous êtes bagarrés ?
Elle ne s’arrêta pas pour répondre sa fille, mais se dirigea vers sa chambre à coucher où elle répondit.
- Il est passé acheter quelques affaires de Géant, il viendra après ! puis en s’arrêtant face à la fenêtre ouverte, pourquoi tu n’es pas rentrée le weekend dernier ?
Ranime, ferma la porte de la chambre doucement, puis en collant son dos sur le mur.
- Je…je t’avais dit que j’ai un examen.
Sa mère, tourna sa tête vers sa fille et continua son interrogatoire.
- Et la semaine avant ?
- Pareil, man !
L’interrogatoire prit fin, mais Hinda, ne congédia pas son unique enfant, d’un regard si morne et mécontent puis, d’une voix, flegmatique, elle reprit, les yeux fixant sa fille.
- J’ai vu une belle voiture garée juste devant l’immeuble, et d’une certaine amertume, c’est une belle 206 grise !
Ranime eut le cœur serré, et ses yeux emportèrent une image d’une mélancolie affreuse, sans oser lever la face pour affronter le regard de sa mère adoptive.
- Tu ne connais pas par hasard, le proprio ? continua, sa maman, en croisant les bras.
Comme Ranime, se taisait, des larmes silencieuses, gonflèrent ses paupières, alors Hinda, s’approcha d’elle, et continua sévèrement.
- Nafissa m’a tout raconté ! et d’une voix étranglée d’émotion profonde, elle était fière de m’annoncer par téléphone hier soir, que ma petite fille chérie, avait passé deux beaux weekends chez elle à Hammamet, et que désormais, elle peut aller lui rendre visite quand bon lui semble avec son précieux cadeau d’anniversaire !
Les yeux encore fixant le sol, Ranime murmura entre ses dents.
- Je suis désolée, man …
Nerveusement, Hinda lui leva avec sa main la face, puis s’écria d’une manière acerbe.
- Qu’est ce qui se passe ma chérie ? t’as honte de tes parents ? tu n’apprécies plus la situation financière de ta famille adoptive ? elle a finalement réussi à acheter ton amour par son pognon ?
Puis en retenant des larmes acrimonieuses.
- Tu sais ma puce, si tu me l’avais demandé, je t’aurai acheté une voiture…
Ranime sanglota plus fort, ravagée d’un désespoir grandissant, et finit par prendre sa tête entre les mains, dans sa douceur passive.
- Pardonne-moi, man, je comptais lui remettre la voiture….
Hinda n’eut pas un geste, mais la ligne tombante de ses bras exprima un fort chagrin, puis reprit d’une voix encore plus basse.
- Mais tu ne l’as pas fait ! puis en serrant les poings d’une immense fureur, tu sais quoi, Ranime, t’es assez grande pour décider toi-même, de ce qui est bon pour toi ou pas ! et en saisissant son sac à main, et je crois que t’as effectué ton choix !
- Ne dis pas ça, maman ! disait, Ranime, en attrapant le bras de sa mère.
Le cœur brisé, Hinda retira sa main, et continua en injectant sa fille d’un regard bouleversé.
- Tu m’as déçue, Ranime !
Et la porte s’ouvrit brusquement avec l'apparition de la tête de Sabrine.
- Ranime, on va partir !
Puis quand elle tombe sur le visage de la mère de sa colocataire, une expression de surprise la hanta, alors elle rajouta.
- Ah, bonjour, tata ! cava ?
Emportée par une colère volcanique, hinda, jeta un dernier regard sur sa fille puis poussa la porte et sortit sans adresser la parole à Sabrine. Quelques secondes plus tard, elles entendirent, un claquement si fort de la porte de l’appartement.
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Dans la maison du chott, Sondos, était en train de se préparer une tasse de café, lorsqu’elle sentit deux minces mains sur sa taille. Du coup, elle eut un sursaut de surprise, puis quand elle découvrit que c’était Abir, debout derrière elle, traçant un radieux sourire, elle s’écria furieuse.
- Nom d’un chien ! je t’ai dit à maintes fois que je n’aime pas qu’on joue avec moi de cette façon !
Abir, relâcha le ventre de sa patronne, puis en lui collant une douce bise sur la joue.
- Je m’excuse, je voulais, te faire une surprise.
Frustrée, Sondos, éteint le feu, et dit en s’éloignant de la cuisinière.
- Si Nader s’aperçoit que tu traines ici pendant le jour, il va sûrement me tuer.
Sans perdre son sens de l’humour, Abir la suivit à l’extérieur de la cuisine en continuant.
- Tu n’as pas intérêt à me balancer dans ce cas.
Sondos, s’assit autour de son bureau et tout en buvant un peu de son café.
- Je peux savoir ce que tu fais ici, de bonne heure ?
Elle se jeta sur le canapé à la façon d’un acrobate et poursuivait.
- J’ai passé la nuit chez mon amie, ma vieille amie qui habite juste en face de vous.
Abasourdie, Sondos rouvrit encore ses yeux et s’écria.
- Pardon ?
- C’est une longue histoire ! dit, Abir, en balançant les pieds comme une gamine.
Sondos, sauta de sa chaise et s’approcha d’elle en hurlant fermement.
- Tu me racontes tout, et maintenant.
Abir, se leva, plongea un regard doux sur elle et continua en lui caressant le bras.
- La police m’avait croisée hier, à la sortie de la ruelle et j’étais dans l’obligation de mentir, en lui disant que je rendais visite à ma tante. Et souriante, et cette vieille, m’a sauvé la peau, voilà c’est tout. Puis en rigolant, mais ce n’est pas tout, elle est au courant pour votre activité bordélique.
Du poids de la surprise, Sondos, s’effondra sur le canapé, puis commença de transpirer de partout en bégayant.
- Oh, mon dieu !
Abir, s’asseyait, près d’elle puis en la cajolant.
- N’aie pas peur, elle m’a dit qu’elle s’en fiche de ce que vous faites même si elle est contre cette pratique !
Puis en mêlant ses cheveux aux siens, tout en effleurant son nez avec son doigt.
- Tirons nous, avant que ça dérape !
Sondos, la poussa hors d’elle avec la paume de sa main, puis en se soulevant.
- Va-t-en, s’il te plaît ! t’es encore jeune, et tu n’arriveras jamais à comprendre.
Abir, bondit de sa place et dit en cherchant les yeux de sa patronne.
- J’ai assez d’argent, on peut prendre la fuite aussi loin que possible.
Un rire persiflant, sauta des lèvres de Sondos, qui s’écria.
- Tu crois que je n’ai pas assez d’argent moi non plus ? puis en levant sur la jeune fille, un regard effarouché, tu ne sais pas à qui t’a affaire, ma puce !
- Si tu veux parler de Nader, j m’en moque…
Sondos, la retint par le bras en s’écriant, avec effroi.
- Et ben, crois moi, c’est un psychopathe ! et la face pâle, il m’a même dit une fois ivre mort, qu’il a tué quelqu’un…
Abir, lui coupa la parole en riant à haute fois, puis continua en se moquant.
- C’est du n’importe quoi.
Puis elle coupa son rire, lorsque la porte de la maison se ferma, Et Nader, fit son apparition. Dès que ses yeux tombèrent sur elle, il hurla nerveusement.
- Qu’est ce que tu fais ici, nom d’un chien !
La jeune fille, troublée, saisit son sac à main, et reprit.
- J’ai… j’ai oublié mon sac à main hier soir et je suis venue le récupérer ce matin.
Furieux, il s’approcha d’elle puis en l’attrapant par le bras violemment.
- Ok, maintenant que tu l’as, dégage ! puis en adressant la parole à Sondos, et toi, suis moi, tout de suite à mon bureau.
Sondos, échangea un regard d’épouvante avec la jeune fille, puis se dirigea vers le bureau de son patron. Une fois dedans, elle ferma la porte doucement derrière elle et dit, d’une voix basse.
- Nader, il faut qu’on parle, c’est urgent !
Il l’interrompit en ouvrant l’ordinateur.
- Non, toi écoute moi ! je suis dans un sale pétrin, et je vais ramener au cours de la semaine prochaine un petit gamin ici.
- Un gamin, dans une maison close ? t’es malade ?
- Laisse-moi terminer, s’il te plaît ! puis en poussant sa chaise et en se mettant debout, c’est provisoire.
Emportée par la curiosité, sondos s’écria.
- Je peux savoir, c’est quoi l’histoire de ce gosse, et qu’est ce que je vais dire aux clients s’ils s’aperçoivent de sa présence ?
Il croisa les bras et répondit en ricanant.
- Tu peux leur dire que c’est ton petit neveu !
- Très drôle ! et d’un ton sérieux, c’est le fils de qui ?
Il alluma une cigarette, furieux, puis en ouvrant son compte Skype.
- Merde, Sergei n’est pas en ligne…
Elle lui coupa la parole, furax.
- Putain, Nader, ne me prend pas pour une conne, je veux savoir ce qui se passe autour de moi, j’ai le droit quand même de savoir, qui sont les parents de cet enfant ?
Il s’assit sur sa chaise puis en tirant son Gsm pour appeler Sergei.
- Il n’a pas de parents ! et c’est tout ce que j’ai à te dire ! puis en collant le combiné sur son oreille, maintenant je peux savoir c’est quoi le sujet urgent dont tu voulais me parler ?
Sondos, laissa régner un court silence puis leva vers lui un regard confus.
- Voilà, je suis enceinte !