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Transports publics et modes doux : les retards s’accumulent

Publié le 17 septembre 2008 par Zeitoun

C’est aujourd’hui la journée nationale du transport public . A Grenoble, cette journée passe complètement inaperçue, ce n’est peut être pas un hasard…

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   Grenoble était encore il n’y a pas si longtemps considérée comme une ville exemplaire en matière de transports publics : que ce soit pour notre tram, la qualité du réseau ou l’accès aux personnes à mobilité réduite… nous avons reçu de nombreux prix qui en attestait.
Mais depuis quelques années, la plupart des grandes villes françaises ont, elles aussi, fait des efforts parfois très importants pour améliorer leurs réseaux. Le tram s’est aujourd’hui généralisé et les déplacements en vélo commencent à devenir une alternative crédible à la voiture grâce à différents systèmes dont le plus célèbre est le Velo’V initié à Lyon.
Et pendant ce temps là à Grenoble ?
Et bien pendant ce temps là, Grenoble prend du retard…
D’après le Plan de Déplacement Urbain adopté par toutes les collectivités :
-    Le prolongement de la ligne B sur le polygone devait être inauguré fin 2008. Il y a au moins  un an de retard et sûrement beaucoup plus.
-    La ligne E vers le Fontanil a été programmée pour 2011 puis repoussée à 2012. Aujourd’hui, c’est quasiment officiel, cette ligne ne pourra pas voir le jour avant 2014.
-    Le reste du réseau devait être étendu. Aux dernières nouvelles il doit être « simplifié »…

Mais que se passe t’il donc ?
Le problème est avant tout financier : la capacité d’investissement du SMTC d’ici la fin du PDU en 2012 est au grand maximum de l’ordre de 300 millions d’euros. Il faudrait le double pour réaliser la seule ligne E complète du Fontanil à Meylan… Sans parler du reste du réseau, ni du budget de fonctionnement qui devient de plus en plus difficile à boucler.
Bien sûr, les sommes sont importantes mais il est clair qu’il s’agit avant tout d’une question de choix : on ne peut pas vouloir mobiliser plus de 600 millions d’euros dans le projet de rocade nord et en même temps être ambitieux pour le réseau de transport public.
Pourtant, les modes de déplacements des français évoluent rapidement sous l’effet de l’augmentation du prix de l’essence : la fréquentation des transports publics est en forte hausse dans toutes les villes et la consommation d’essence par les particuliers est en chute libre : - 10% en juin et -12% en août par rapport à l’année dernière . Quand au vélo, il est plébiscité : son utilisation explose dans plusieurs villes.
La simple logique pour les collectivités locales est d’accompagner ce changement vertueux qui permet de décongestionner la ville et de réduire la pollution. Quasiment toutes les villes l’ont compris : entre subventions à l’achat de vélo et réduction du  prix du ticket de transport en commun, les initiatives foisonnent partout. Partout ? Et non, une seule ville résiste au changement et reste arc-boutée sur le dernier projet d’autoroute urbaine de France : la nôtre !

Cet été j’ai eu l’occasion de discuter avec beaucoup d’élus écologistes : tous m’ont parlé du changement qu’ils avaient perçu dans les mentalités de leurs collègues de la gauche classique. Ce changement d’attitude a permis d’arrêter plusieurs gros projets routiers (comme à Strasbourg ou Toulouse) et de concentrer les moyens sur les priorités imposées par l’augmentation du prix de l’essence et le changement climatique.
A Grenoble, c’est exactement l’inverse : on remarque une collusion de plus en plus grande entre les intérêts financiers du BTP et du lobby routier et la Ville. Le Président de la chambre de commerce n’hésite pas à dire après avoir tressé des lauriers au Maire sur son projet de JO en 2018 : … « L’activité olympique fait travailler qui ? Elle fait travailler le BTP, elle fait travailler les infrastructures routières ! ». (France 3 – 9/09/08)
Le Président de la Chambre de commerce n’a pas de soucis à se faire : jamais depuis l’époque Carignon, sa vision ringarde du développement économique et des déplacements n’a été aussi bien prise en compte !
En attendant la journée du transport public (ex journée sans voiture) passera inaperçue à Grenoble. Les priorités sont ailleurs : aux jeux olympiques, à Giant et à la rocade nord…


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