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Alissa s’étonna de rencontrer si peu de monde. Elle tentait de reprendre son souffle, épuisée par sa course folle dans les rues, et marchait en trébuchant sous le vent qui devenait de plus en plus violent à chaque minute.
Elle s’arrêta un moment à l’abri d’une porte cochère et examina avec attention le ciel nuageux au dessus des toits. C’est alors seulement qu’elle se rendit compte de l’imminence de l’orage. Un frisson lui parcourut le dos. Il fallait rentrer très vite avant que ces monstrueux nuages noirs ne déversent sur la ville leurs tonnes d’eau.
Alissa ressortit donc dans les rafales, regarda autour d’elle, et hésita, déconcertée… Les hautes maisons qui l’entouraient, cette rue même où seuls quelques chiens squelettiques reniflaient l’air avec inquiétude, lui étaient totalement inconnues. Où se trouvait-elle donc ?
L’affolement s’empara de l’enfant. Elle se précipita à toute allure jusqu’à l’intersection, avec l’espoir de se reconnaître dans la rue transversale à celle où elle était… Mais non ! Elle ne se souvenait pas être passée par là ! Elle pivota sur ses talons et revint en courant sur ses pas, les larmes au bord des yeux.
La rue déboucha soudain sur un croisement où se pressaient de rares manteaux courbés sous le vent. Terrifiée, Alissa se plaqua contre un mur, les yeux exorbités. Elle ne savait pas d’où elle était venue, elle ne savait pas où elle était, elle s’était perdue !
« France ! Gémit-elle, les jambes flageolantes. France ! »
Cédant à la panique, la malheureuse enfant éclata en sanglots et s’enfuit droit devant elle en appelant de toutes ses forces :
« France ! France ! »
Mais le mugissement des rafales dans les ruelles vides couvrit le ton désespéré de sa voix.
Un coup de tonnerre rompit brutalement le silence. France et Adam sursautèrent. Au même moment, des trombes d’eau s’abattirent sur le toit à moitié défoncé du refuge. Adam pâlit et tourna vers sa sœur un visage implorant. France frémissait singulièrement, le souffle rauque. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Adam se recroquevilla sur lui-même et essaya de ne pas entendre les battements désordonnés de son cœur. Alissa n’était toujours pas revenue de la ville. France écoutait l’averse qui tambourinait très violemment au dessus de leur tête. Respirant à peine, elle espérait que sa petite sœur aurait au moins l’idée de s’abriter.
Bon sang ! Fulmina-t-elle intérieurement en fermant les yeux. Quelle idiote ! Mais quelle sombre idiote !
Un éclair fulgurant déchira le ciel de part en part. Alissa poussa un cri et se jeta sous le porche à colonnade d’une immense demeure. Le grondement intense de l’orage ébranla les murs de la ville désertée. Alissa cacha son visage dans ses bras, hurlante d’effroi, et se recroquevilla dans le coin le plus reculé du porche.
La nuit était tombée aussi brutalement que le torrent d’eau avait éclaté sur les maisons. Mais les éclairs suffisaient à peupler les rues gorgées de pluie d’ombres gigantesques et monstrueuses. La pauvre enfant, trempée jusqu’à la peau, refusait de regarder ce qui l’entourait, de lever les yeux, en proie à la terreur la plus intense. Claquant des dents, grelottante, en larmes, sursautant de frayeur à chaque coup de tonnerre et assourdie par le martellement incessant de l’averse, elle gémissait et pleurait :
« France… France… »
Essayant de ne pas entendre la fureur des cieux qui s’acharnait implacablement sur elle comme pour la punir. Et elle pensait, folle d’épouvante : si seulement je n’étais pas partie…