Je suis tellement éparpillée, tellement à tout autre affaire qu’à moi-même que je ne suis pas constante. Je suis tout sauf auteure. Je suis à l’auto que je viens d’acheter et qui demande inspection, changement de pneus, vidange d’huile, peinture de portière, lavage. Je suis à l’artiste que je dois aider dans l’envoi de tableaux, l’écriture de communiqué pour ses expositions à venir. Je suis à la graphiste qui doit mettre à jour les sites Internet dont elle est responsable. Je suis à la fête de famille dimanche.
Je suis encore sous l’émotion de la fin de semaine dernière où je me suis fait voler mon portefeuille et je me demande si je peux en parler publiquement, si je poursuivrai ce blogue, si je demeurerai sur Facebook. Je suis dans cette peur sous-jacente à tout vol d’identité. Peur d’être envahie, d’être dépossédée. Peur de tout perdre, peur de n’être plus rien. Même si un bon samaritain l’a trouvé et me l’a remis : vide d’argent mais plein de mes cartes.
Peut-être suis-je chacune de ces personnes? Pourtant, celle que je voudrais être, la seule que je voudrais être n’est pas dans celles-là que je viens de nommer.
Au bord de la mer, au bord de la solitude, peut-être retrouverais-je mes mots?
(photo: National Seashore, Cape Cod)