Testament politique d'Alexandre Schmorell

Publié le 14 avril 2010 par Moinillon



(Témoignage d'Alexandre Schmorell)

« Vous me demandez, quelle forme de gouvernement je préfère. Je vous répondrai : à chaque pays sa forme propre, celle qui correspond au caractère de l'État. Le gouvernement, à mon avis, n'est que l'exécuteur de la volonté populaire. En tout cas, il devrait en être ainsi. Ainsi, bien sûr, il jouit de la confiance du peuple, il plaît au peuple, car il le représente, il incarne sa pensée et sa volonté, il est le peuple lui-même. Et le peuple ne peut pas être contre un tel gouvernement. En même temps, il doit le conduire, parce que le commun des mortels ne peut comprendre tout lui-même, résoudre tout par lui-même, d'ailleurs il n'a pas l'intention de le faire — il fait confiance aux dirigeants, aux intellectuels qui s'y connaissent mieux que lui. Cette couche de l'intelligentsia doit constituer une entité unique avec son peuple, elle doit penser la même chose, sentir de la même façon que lui, sinon ils ne peuvent se comprendre pas, et l'intelligentsia mènera sa propre politique sans tenir compte du peuple, sans tenir compte de ses intérêts, malgré le fait que le peuple, dans tous les cas, restera toujours majoritaire. Par conséquent, en aucun cas, je ne me considère comme un fervent partisan de la monarchie, de la démocratie ou du socialisme, quelle que  puisse être l'appellation de ces différentes formes. Ce qui est bien et même remarquable pour un pays donné sera peut-être tout à fait l'inverse pour un autre — ce qui lui conviendra le moins. En règle générale, toutes ces formes de gouvernement ne sont qu'une enveloppe extérieure.