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Paris carnet de la patience 5

Publié le 14 avril 2010 par Filippo Zanghi

"Pour l'espèce humaine la migration et le récit sont peut-être la même chose."


Hier, je suis passé par la rue Caumartin; elle aussi me disait quelque chose. Coïncidence, ce matin même, je vois glisser Roubaud dans la BNF, couloir ouest. Et, vers midi, feuilletant un vieux numéro du Débat, je tombe sur Quignard:
"Le roman est un objet de langage où il y a au minimum plus de deux scènes, plus de deux personnages, plus de trois langages (deux pour former un dialogue qui contraste avec le fond narratif), plus de deux lieux et plus de deux temps (pour aller des uns aux autres). La technique est simplissime. Je prends la vraie duchesse de Sanseverina qui a été décapitée en 1612 et je lui fais rencontrer Metternich que je baptise comte Mosca, je les installe à la cour de Louis XIV mais à la cour d'un petit Louis XIV qui vivrait à Parme en 1830, qu'est-ce qui se passe? Je noircis six gros cahiers rue Caumartin. J'appelle cela La Chartreuse de Parme. Si vous voulez, la technique revient à ceci: je répare des déchirures impossibles dans le temps et l'espace."
Avant-hier, déjà. Rue de Rome: Mallarmé. Rentré dans ma chambre, j'ouvre mon exemplaire des Divagations. Première page, au stylo: c'est ma mère qui me l'avait offert. Alors, je succombe, je retombe dans cette ornière: quel est le rapport entre ma mère et Mallarmé? Ce soir, téléphone avec S. Je lui ai dit que j'étais triste, que je ne savais pas quel était le rapport entre ma mère et Mallarmé. Du tac au tac elle a répondu: "Le rapport, c'est toi."


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