Magazine Humeur

La vie duraille

Publié le 14 avril 2010 par Voilacestdit
  Ceci est un billet d'humeur.  Je prie ceux de mes amis lecteurs qui n'aimeraient pas le genre, de m'excuser de ce mouvement et zapper, comme on dit, en passant directement ŕ la fin du billet, oů je leur propose, ŕ l'aide d'une belle illustration, extraite d'un site recommandé par mon ami peintre Pierre Gaudu, de laisser leur esprit librement chevaucher avec bonheur au gré de leur imagination ...  Pour ce qui est de mon humeur, voici de quoi il  s'agit. [Au huitičme jour de grčve ŕ la sncf, alors que pour la deuxičme fois en huit jours je suis en difficulté pour faire Paris-Grenoble, sauf ŕ passer par Lyon et Chambéry, ou par Genčve, ou sauf ŕ "différer mon voyage" mais bien sűr... la sncf venant officiellement d'informer ce mercredi 14 avril que la vente des billets TGV sur le Sud-Est est suspendue jusqu'ŕ dimanche... "pour assurer le confort des voyageurs qui ont déjŕ réservé leur billet" - sic] je voudrais dire ce que je pense de la curieuse conception du "dialogue social" que cultivent la direction de la sncf et certains cheminots du service dit public.
Mon propos tient en trois points.
Le premier point, je l'ai déjŕ abordé en parlant de "curieuse" conception. Qu'est-ce qu'unecuriosité[du latincuriositas] ? En un certain sens cela désigne quelque chose de rare. On aimait, jadis, lesmagasins de curiosités,oů étaient exposés de ces objets, pas forcément de bon goűt, mais rares.Cet objet n'est pas beau, ce n'est qu'une curiosité. Ainsi en va-t-il du dialogue ŕ la sncf. C'est quelque chose de rare.
Ma deuxičme observation concerne le mot "dialogue" [du grecdialogos, racinelogos]. Normalement, pour qu'il y ait dialogue, il faut ętre au moins deux. L'expressiondialoguer avec soi-męmeest un non-sens. Le contraire du dialogue est le monologue. A la sncf on entend semble-t-il trop souvent par dialogue son exact contraire.
Troisičme et dernier point, mais je comprends plus qu'il soit spécifique ŕ notre compagnie nationale : que ce soit du côté de la direction ou de certains cheminots, tout paraît ŕ priori "sur des rails". Penser complexe n'est certainement pas aisé dans cet environnement.  Le beau mot decheminotévoque l'idée dechemin, hélas ce chemin est de fer.
Le résultat de tout cela, c'est que nous voilŕ  immobilisés par un soi-disantmouvementsocial - qui n'a de mouvement que le nom : ce n'est pas un mouvement, c'est une guerre de tranchées. Encore quatre ans et on fętera, en 2014, le centenaire de ce genre de guerre !  En attendant, pour nous les usagers ["personne qui utilise un service public"], c'est la vie duraille, ou je ne m'y connais pas.  [Je dédie les lignes irrévencieuses qui précčdent ŕ Guillaume Pepy, patron de la chose, ŕ Didier Le Reste, patron de CGT Cheminots - qui prépare sa sortie - et ŕ Sud-Rail] ICI reprend mon billet.  Amis, rejoignons-nous sans parti-pris dans la contemplation de ce trčs beau mouvement de fantastique chevauchée ... ... maničre de suivre le conseil de Rabelais qui, au début de son Gargantua,  invite le lecteur ŕ se "dépouiller de toute affection" - "c'est ŕ dire que les matieres icy traictées ne sont tant folastres comme le titre au-dessus pretendoit"  

La vie duraille

[source : PLATEFORM magazine n° 16 http://www.plateformag.com/Numero-16.html qui présente un ensemble des derničres créations - magnifiques - de Pierre Gaudu.]


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