Magazine Journal intime
Un Gars Vrai
Publié le 15 avril 2010 par Hunterjones"T'as pas mis de l'engrais sur le terrain hier?" m'a demandé l'amoureuse.
"Non mais je t'ai acheté des fleurs"
"J'ai vu, merci pour cette belle attention, c'est quoi l'occasion? tu m'en donnes même pas à la Saint-Valentin".
"Je ne t'en donnes pas à la Saint-Valentin parce que c'est attendu, comme ça par amour, pour rien, c'est plus agréable non?"
"Par amour, oui, pour rien, non"
"Par amour, par amour chérie, retiens "par amour""
"Quand est-ce que tu vas mettre de l'engrais pis que tu vas arroser? faudrais que ce soit aujourd'hui, faudrais que tu fasses ton homme un peu..."
(Son de cloche d'entre deux rounds de boxe ici)
Un homme.
Un homme a plus de pilosité qu'une femme, la perds plus vite aussi, est plus enclin à la maladie mentale, génère plus de violence, a plus de testorérone, est physiquement plus fort, ne porte pas la jupe ou la robe et est souvent moins mature que madame. Il a aussi un pénis et a besoin de sexe presque tous les jours et toute sa vie.
Par rapport à une femme qui a ses règles une fois par mois, peut porter un enfant, peut aussi souhaiter beaucoup de sexe, a souvent moins de poil, a des seins proéminents, génère des phéromones, est souvent plus sensible et alerte qu'un homme, peut s'habiller absolument comme elle l'entend, a un vagin et peut multiplier les efforts pour investir dans la "paraître".
Voilà les grandes lignes qui distinguent l'un de l'autre.
Le reste pour moi c'est de la foutaise. Surtout ces palmarès complètement abrutissants comme celui du magazine l'Actualité qui offre dans sa dernière édition 100 habiletés pour faire "un vrai gars".
À moins que n'y s'y trouve "ne pas se gêner pour lâcher un foireux pet en plein salon" ce test n'a aucune valeur.
On y trouve entre autre :
"Connaître la base des accords mets-vins"
Hein?
"Conduire une voiture manuelle"
peurdon?
"Assembler un meuble Ikea sans se fâcher"
Fuck No!
Pour le premier la règle du "tant que ça saoûle" s'applique, pour le second c'est 100% encombrant si conduire pour vous c'est comme moi être deux pieds sur le volant, deux bras derrière la tête, reposant et tout en musique. Et finalement le troisième est tout simplement impossible. Une chimère. Un fantasme.
J'ai fait ma propre liste en parrallèle et ça se limite à une seule chose: Ne jamais prêter intérêt à une liste décrivant c'est quoi un homme.
Un nôm.
Un gnôme.
Il fallait bien que je fasse changer mes pneus quand même. Je me suis rendu au garage et je trottais mentalement avec ses concepts douteux. Quelle floppée de marde reçevrait-on si une telle liste pour les femmes existait aussi avec "être bonne cuisinière" ou "être disponible 3 fois sur 4 quatre pour faire l'amour".
Tellement, tellement réducteur.
À force de dessiner les lignes de kesséksé un gars on finit par en faire un personnage. Et ce n'est franchement pas tout le monde qui est comédien.
Une fois au garage, je me suis dit qu'un vrai gars saurait parler aux gars de garage. Je me suis lancé:
"Hey les boys! Halak ou Ovechkin à 'souère?" j'ai crié.
Tous les mécanos m'ont regardé comme si je venais de hurler "PÉNIS!". Avec le même visage de dégoût. L'un d'eux a marmonné avec un fort accent français, "Exécrable petit plouc, indisposant et con". J'ai laissé passer. J'ai vu un livre de Gabriel Garcia Marquez dans les mains d'un des gars qui venait de débarquer de l'autobus.
"Faut tu changer les valves?" m'a demandé le gars du comptoir. Comme je ne savais pas de quoi il parlait j'ai dit non. C'est où les valves? Lui ai pas demandé, il m'aurait chargé.
Je suis allé rejoindre un ami, Tonino, à pied, dans un endroit que j'ai en horreur: Tim Horton.
Non seulement ces arriérés n'acceptent pas la carte débit, mais leur spécialité c'est le café. Unique produit alimentaire au monde qui me fait vomir sur-le-champs. De plus leur publicités télés donnent envie d'être d'une autre nationalité. À la limite on pourrait dire "c'est culturel, c'est pour ça que ça a l'air aussi niaiseux, on peut pas comprendre."
Tonino m'a demandé si j'avais écouté le dernier grand prix. Je suis parti à rire. Elle était bien bonne. Il n'a pas semblé pensé avoir fait une blague. Il m'a laissé chez moi où j'ai plié le linge en écoutant deux épisodes de la cinquième saison de Desperate Housewives. J'ai pleuré de rire dans une scène où Tom & Lynette choisissent de placer leur staff dans la fenêtre de leur pizzeria afin de faire croire à de l'affluence. Il leur demande de partir d'un grand rire artificiel quand un passant passe dans la rue afin de créer l'illusion d'une belle atmosphère invitante. En parrallèle Tom et Lynette se chicanent sur la direction du restaurant. Bien entendu leur dramatique conversation est ponctuée de rires de la part du staff en background, toujours au mauvais moment. L'écriture de cette série a franchement des moments de pure génie de comédie.
J'ai été chez le nettoyeur, été à l'épicerie, à la bibliothèque où on commence à me connaitre, moi et les enfants, comme Barabas dans la passion et suis passé par chez Archambault Musique et Livres pour acheter le livre de dessins de Joan Sfar sur Serge Gainsbourg (un bijou d'une valeur inestimable pour le fan!).
J'en ai aussi profité, puisque je suis passé à côté, pour aller voir Lisa, ma coiffeuse. Elle m'a mis de la couleur dans le cheveux. Elle a raison, en pâlissant mes cheveux ça donne l'impression que je suis plus bronzé. Mes yeux paraissent franchement noirs.
Suis revenu à la maison, ai supervisé les devoirs des deux enfants, les ai fait manger et j'ai préparé les lunchs pour demain. Me suis aussi coupé les ongles parce que je ne supporte pas le blanc au bout de mes doigts.
Me suis servi un bière en écoutant le début de Washinton/ Montréal.
Man, je me sentais un vrai boys.
Quand la douce est revenue du travail, elle m'a parlé d'engrais.
Hein?
Tu parles de l'engrais de mon turbo-canon? Tu veux qu'on fasse l'amour?