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Henri le Saux, moine - au coeur du pluralisme religieux.

Publié le 16 avril 2010 par Perceval

Notre religion, quelle qu’elle soit, devra répondre au défi du ‘ pluralisme religieux ‘.

 

L’avenir ne fera plus de la religion l'élément principal de l’identité d’un peuple. La diversité des religions participera à la construction identitaire des personnes, au point même qu’il est déjà nécessaire de parler de pluralisme au sein même de chaque religion. La Foi, ne se laisse plus enfermer par un système théologique, et dans une institution.

Ce pluralisme religieux n’est plus à redouter, il est là, et le défi du christianisme est de s’y inscrire ou de se ‘ fondamentaliser ‘.. !

Evoquer, une pluralité de « vérités » religieuses, ne signifie en rien d’abandonner la sienne ou de la ' bricoler ' :( le relativisme ).  A chacun, également, de veiller aux dangers historiquement bien connus, comme ceux du ' syncrétisme '...

Et, je vais vite ... La question du ‘ salut ‘ est d’un autre niveau que celui qui nous contraindrait à un quelconque consumérisme…


Sur cette voie, j’apprécie particulièrement, l’approche du « Dialogue interreligieux monastique »:

Dernièrement un colloque réunit 40 participants indiens pour moitié, et de tous continents pour les autres. Tous  étaient convaincus de la fécondité de la vie de swami Abhishiktananda (Henri le Saux, moine, mystique, bâtisseur de ponts ) :

Le saux abhishiktananda

« Parti en Inde pour y apporter le Christ, en vivant la dimension spirituelle et mystique du christianisme, il découvrit très vite qu’il était précédé par Lui au cœur même de l’hindouisme, en des formes inattendues. Son exil volontaire et sa quête, (thèmes développés par Fabrice Blé), ont été pour lui un retour à soi, un exil du déchirement intérieur qui l’a néanmoins taraudé jusqu’à la fin, le poussant d’exil en exil, intérieur et extérieur. Le père Monchanin disait de lui : « Le Saux est allé plus loin que moi ; je suis resté trop grec pour ma part ». Swamiji, (diminutif employé par ses proches), est allé au plus loin dans « l’hospitalité sacrée » qui caractérise la rencontre des religions. Il souhaitait être reçu au cœur de l’hindouisme, qu’il identifiait à la non-dualité (advaïta) et décrivait comme le joyau de l’Inde. Cette voie qui demande un engagement toujours plus radical n’est pas plus exclusive que inclusive. Elle est une visée de l’au-delà des formes et des concepts, où l’unité indistincte de Dieu et du vivant se révèle. Entre doute et dénuement, le Saux s’est avancé profondément dans cette expérience, jusqu'à être déstabilisé dans ses fondements. « J’ai trop goûté à l’advaïta pour pouvoir goûter à la paix « grégorienne » d’un moine chrétien. J’ai trop goûté jadis à cette paix « grégorienne » pour ne pas être angoissé au sein de mon advaïta ». Cette angoisse, qui le poussera à écrire : « …et si dans l’Advaïta c’était moi seul que je trouvais, et non Dieu?» l’accompagnera jusqu’aux dernières années de sa vie, où une éclaircie se manifestera enfin, grâce à la présence de son disciple Marc, grâce aussi aux fruits de son ascèse de dépouillement, dans la foi qui ne l’a jamais quitté, grâce aussi à sa fidélité à la célébration eucharistique jusqu’à son dernier jour. Dans cette dernière, il entendait toutes les résonances  cosmiques dont l’Inde est familière, et célébrait le « passage à l’être », très longuement, avec de grands silences, ponctués de OM, dans une liturgie très dépouillée lorsqu’il célébrait seul ou en présence de rares hôtes. Ses notes sur  l’eucharistie (étudiées par P. Fausto Gianfreda sj) témoignent de son attachement profond à ce sacrement.

Les grands sages qu’il a rencontrés, témoins éminents incarnant la voie de l’Avaïta, ont fasciné le Saux et l’ont attiré, par la seule force de leur rayonnement, et par le témoignage que leur rendaient la multitude de leurs disciples, sans aucune forme de prosélytisme. Ramana Maharshi l’a beaucoup impressionné, au point de lui faire désirer être lui aussi un « Ramana chrétien ». Mais c’est surtout swami Gnanananda qu’il a pu longtemps fréquenter, et qu’il appelait aussi son gourou, qui l’a le plus interpellé en l’invitant à faire le grand saut et aller au delà de toute forme d’appartenance religieuse, saut qu’il n’a jamais complètement réalisé, pour autant que l’on puisse en juger à distance.

« Certains plongent directement du rocher dans la mer profonde ; d’autres descendent lentement de la grève et n’avancent qu’à pas mesurés dans l’eau qui les appelle…Bienheureux sont ils quand la vague survient et les engouffre »! Ses longs séjours en ermite dans les grottes de la montagne sainte d’Arunâchala, puis aux sources du Gange, l’ont marqué durablement. Sa lecture assidue des textes sacrés, les Upanishads, recueil des écrits des grands rishis, maîtres de l’Inde ancienne, a façonnée sa pensée et sa trajectoire spirituelle sur la voie de l’Avaïta, jusqu’à écrire dans son journal : « l’expérience des Upanishads est vraie, je le sais » !

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