Magazine Journal intime

Première fois

Publié le 16 avril 2010 par Dan

Posté le | 16 avril 2010 | Pas de Commentaire

Première fois
Un patient appuis sur la sonnette d’urgence, la diode rouge au-dessus de la chambre s’allume. Un bip-bip retentit dans le couloir et une aide-soignante se précipite dans la chambre. Elle en ressort quelques secondes plus tard et vient me voir, presque en courant.

- Il faut que tu ailles à la chambre 22…. le monsieur à un gros soucis.

L’infirmerie, habituellement incroyablement bruyante et emplie d’un brouhaha perpétuel est étonnamment silencieuse. Tout le monde est occupé et personne ne semble écouter l’AS. Je lui demande ce qu’il se passe. Elle ne me réponds pas et se met à rougir comme une pivoine. Embarrassée, elle s’approche de moi et me murmure à l’oreille un « Ton patient est en érection ». Cette phrase, murmurée un peu trop fort, tire tout le monde de leurs préoccupations et déclenche un peu l’hilarité générale. Les « il va falloir le soulager » fusent et les « tu as vérifié? » retentissent sur un ton assez moqueur.

Personnellement, je ne vois pas d’urgence dans cette situation et je ne comprends pas tout de suite pourquoi je devrai aller voir ce patient qui est au départ chez nous pour un soucis tout autre.

L’aide-soignante, extrêmement gênée, devant mon incompréhension continue à me murmurer mais sur une intonation beaucoup plus basse qu’il est en érection depuis plus de 12h. A présent, l’urgence prend tout son sens. On appelle ça: le priapisme. Mon premier priapisme. C’est une érection continue , douloureuse, qui peut conduire à des lésions caverneuses et finir par déclencher une impuissance totale. Mon patient est fortement gêné d’en parler. Il est très jeune et essaie de se cacher autant qu’il le peut. Lorsque je téléphone à son médecin, il ne me croit pas mais décide de venir quand même, le constater par lui-même.

Dans la chambre, comble du ridicule pour nous et situation que je déteste par dessus tout, nous sommes 7 devant un pénis en érection et un jeune écarlate de gêne. Le chirurgien, 2 internes, les 3 externes et moi qui essaie tant bien que mal de servir le chirurgien.

La situation s’est terminée à coup de trocards (grosse aiguille) dans le sexe de l’homme pour le désengorger. C’était assez impressionnant et franchement, j’avais mal pour lui. Même si au fond, il a été soulagé.

Franchement? Pourvu que ça ne m’arrive jamais!


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